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« Subversion », mot qui disparaîtra tôt ou tard des dictionnaires français qui ne savent plus qu’intégrer des mots d’argot et d’anglais… Il n’en reste pas moins vrai que le fait, lui, demeurera. La subversion, cette arme que l’époque contemporaine a su et sait utiliser à merveille, incarne le choix de la facilité face à toute édification. La subversion – révolutionnaire – va à l’encontre de la construction – chrétienne. Le Créateur est constructeur ; le Malin est subversif.
Le blogue de l’École de Philosophie, d’Histoire et d’Études Sociales (EPHES) nous gratifie d’un très intéressant article disséquant le concept et le fait de la « subversion », étude ouverte par des citations inusables de Sun Tzu comme : « L’idéal de la guerre, c’est de vaincre sans combattre ».
Bien entendu, il ne s’agit pas d’ériger des châteaux en Espagne ou de monter des plans sur la comète, dans d’imbuvables abstractions purement théoriques… Une analyse pratique est de rigueur, et des événements récents nous offrent un champ d’investigation fort riche, malheureusement : les dispositifs Taubira prétendant pouvoir « marier » des personnes de même sexe. Il s’agit là du dernier chef-d’œuvre en date signé par la Subversion qui marche toujours de concert avec la Révolution que Le Rouge & le Noir s’ingénie à combattre à temps et à contretemps. Si la France s’est illustrée depuis des siècles, sur la scène internationale, pour ses célèbres capacités de théorisation notionnelle, « cartésiennes » paraît-il, la Subversion révolutionnaire a passé par le langage et l’abstrait en changeant le sens de mots déconnectés des réalités qu’ils étaient censés représenter originellement : fraternité, égalité, liberté, et tout ce fatras de foutaises que nous ne connaissons que trop ! Louis de Bonald prenant la plume donnait ainsi sa principale motivation dans cette activité qu’il n’avait point exercée avant les tourmentes de l’émigration : restaurer le langage, restaurer le sens des mots, et notamment des concepts philosophiques corrompus et détournés par les « Lumières » du XVIIIe siècle, et notamment par Jean-Jacques Rousseau, adversaire privilégié du contre-révolutionnaire rouergat [1].
Comme nous le rappelle l’EPHES, ces techniques révolutionnaires sémantiques dépassent de très loin – et ce aussi bien en perversité qu’en efficacité – la guerre rangée à la Clausewitz [2] mais aussi les guérillas civiles décortiquées par David Galula [3]. Lucky Luke est battu : plus même besoin de dégainer, la victoire étant acquise avant le duel ! La Révolution à la sauce moscovite l’avait elle aussi bien compris, d’où une explicitation salutaire des faits par… un ancien agent du KGB : Yuri Bezmenov, passé à l’Ouest [4].
Étymologiquement, « Révolution » est très proche du mot « subversion ». Le but est le même : renverser, détruire, l’ordre établi. L’une ne peut donc aller sans l’autre. Point de Révolution « réussie » – si véritablement l’on peut parler de « réussite » en la matière…– sans un profond travail de subversion opéré en amont. Le rédacteur de l’EPHES semble malheureusement penser que des méthodes subversives peuvent être utilisées avec indifférence, c’est-à-dire par n’importe quel camp contre n’importe quel autre. Cela nous paraît aussi faux que machiavélique et dangereux : les méthodes de Notre-Seigneur ne sont pas – et ne peuvent être – celles de Belzébuth [5] ! La subversion ne profite qu’au camp qui détruit, quand bien même elle serait employée par le camp qui, jusque-là, édifiait. En usant de subversion contre le camp de la destruction, les constructeurs deviendraient aussitôt, de facto, des destructeurs… Même en réussissant à détruire leurs adversaires du moment, les techniques subversives employées leur retourneraient à la figure – passez-moi l’expression – comme un boomerang. Il n’y a donc pas lieu d’être envieux des apparentes victoires de nos adversaires... Acceptons de tout perdre, fors l’honneur.
Dans le domaine de la subversion, les accusations de « conspirationnisme » sont toujours proches. Pourtant, il y a bien de réels complots. Pour le reste, une alliance objective, idéologique, se révèle. Pour les meilleures raisons du monde, des individus peuvent employer des méthodes peu avouables et artificiellement édifiées afin d’atteindre au but : démoralisation au plan intellectuel (par dénigrement, dérision, destruction des racines et repères, import du doute, contrefaçon des relations sociales, familiales et professionnelles...) [6], déstabilisation au plan institutionnel puis au plan pratique au profit d’une crise ; et, enfin, normalisation des objectifs poursuivis par la subversion afin de les entériner pour la postérité. Nous reconnaissons là le processus d’implantation solide de la révolution dite « française », de Mai ’68, ou même de certaines menées modernistes au sein de l’Église !
S’intéresser à la pratique subversive, et mieux la connaître, ne doit pas être pour nous un tremplin pour l’imiter mais, bien au contraire, un moyen de la déceler – dans les temps présents et à venir – afin de mieux lutter contre ses instigateurs, dont l’Ennemi.
Petit rappel, pour aller plus loin : http://ephesblog.wordpress.com/2014....
[1] Nous ne pouvons qu’orienter le lecteur vers la thèse de lettres soutenue en Sorbonne par le Pr Gérard Gengembre : Bonald, les concepts et l’histoire.
[2] Auteur du célèbre De la guerre.
[3] Auteur de Contre-Insurrection.
[4] C’est à partir du texte de l’une de ses conférences, donnée à Los Angeles en 1983, que l’EPHES travaille.
[5] Précisons que le présent article a été rédigé le 3e dimanche de carême.
[6] Toute ressemblance avec des méthodes gouvernementales et médiatiques employées récemment n’est certainement pas illusoire...
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