L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
L’ouvrage est vif et - sauf quelques rares exceptions - découpé en courts articles de moins d’une page qui font, dans une sorte de désordre organisé, du fait même du format choisi - un abécédaire -, le tour des principaux problèmes et interrogations que traverse actuellement la France : modèle civilisationnel, islam, immigration, vie politique et ses prochaines échéances, questions sociétales, rôle omniprésent des médias dans notre société, ...
Le thème central est exprimé dans le titre : la France telle qu’elle fut pendant des siècles va disparaître si rien n’est fait à court terme. « Cette mort que nous sentons venir, c’est la mort de quinze siècles d’histoire de France, de plusieurs millénaires de civilisation européenne » [1]).
Qu’il s’agisse de l’immigration, de la politique, de la défense de la Corrida (comme art et prise de risque), de notre histoire et de grands hommes (tel Hélie Denoix de Saint Marc, « Pur héros français » [2]), Robert Ménard enracine sa réflexion globale dans son expérience locale comme maire de Béziers, ville où luttent les différentes tendances de la France et donne des pistes qui pour êtres mise en œuvres devront l’être au niveau national.
Il dénonce ainsi l’hostilité d’une partie de l’Eglise, tant au niveau local qu’au niveau local envers les idées qu’il défend et se demande comment l’on peut réussir à lutter contrer l’islamisme ou faire face à l’islamisation « quand on passe son temps à célébrer l’œcuménisme, à se rouler dans le dialogue comme d’autres dans la farine, à prétendre que tout est pareil que rein, et à s’excuser d’être ce que l’on est ? » [3]. Ses reproches à l’égard de l’Eglise se font extrêmement durs, allant jusqu’à parler de véritable « soumission » alors même que le triste sort des Chrétiens d’Orient nous avertit pourtant du péril que nous courons : « C’est à un véritable suicide historique de l’Eglise que nous assistons » [4].
De fait, la question de l’identité est au cœur de ce livre. Et avec l’identité de notre histoire qui est de plus en mal enseignée. C’est pourquoi il n’hésite pas à aborder par exemple la question coloniale et, citant les travaux de Jacques Marseille, à rappeler que celle-ci a coûté plus à la France qu’elle ne lui a rapportée et à dénoncer cette noire image de pillage qu’il est désormais d’usage d’accoler. Comment demander ensuite aux populations immigrées d’aimer la France quand on leur apprend à détester notre pays et son histoire ? Robert Ménard résume tout cela dans la définition qu’il donne du droit du sol : une « conception qui consiste à croire qu’un poussin né dans une écurie sera plus tard un cheval. Conception d’autant plus fausse que, dans la réalité, le poussin est élevé comme un coq et qu’on lui enseigne la haine des chevaux » [5].
Un « islam de France » pourrait-il être une réponse aux problèmes posés par cette religion ? Robert Ménard répond à cette question par la négative : c’est une absurdité qui méconnaît la réalité de l’islam. Et la laïcité vue par beaucoup comme le graal qui résoudrait tous les problèmes est aussi une immense erreur : « Je le dis clairement, je ne pense pas que la laïcité stoppera une demi-seconde l’essor de l’islamisme radical. On n’oppose pas un concept pour lequel personne ne serait prêt à perdre un bout d’ongle à une foi millénaire portée par plus d’un milliard et demi d’être humains parmi lesquels sûrement plusieurs millions de fanatiques » [6].
S’il considère cependant qu’il faut bien interdire le voile, signe visible de l’islam dans l’espace public [7], il souligne que cela n’a qu’une valeur symbolique : « à la laïcité, il faut préférer l’identité, qui, elle, n’est pas seulement un concept, mais renvoie à la vie, au charnel » [8]. Il brocarde tout autant l’intégration républicaine qui ne veut strictement rien dire et n’intègre personne à rien qu’une vision étriquée de l’identité : si la lutte contre le halal est possible, il faut bien prendre conscience que l’on « n’arrêtera pas l’islam en brandissant des saucisses. On ne répond pas à l’islamisme par la fête de la bière » [9]. Car le problème de l’islam est presque entièrement lié à l’immigration que désire la classe politique et que refusent les français. Il manie là aussi les formules chocs et valide au passage l’expression d « grand remplacement » : « Chaque jour des gens meurent qui resteraient en vie sans l’immigration » [10] ; avec les quotas de logements sociaux « l’Etat met en place une colonisation de peuplement » [11].
Evoquant la guerre sexuelle qui a lieu en Europe (qu’il s’agisse des viols de Cologne ou des agressions sexuelles en Suède) et les attentats désormais réguliers qui frappent notre pays, il invite les français à faire confiance à leur instinct de conservation [12] que les médias essaient pourtant de nous pousser à ignorer. Car « l’invasion migratoire n’est pas un fantasme » [13] et la guerre civile est un événement probable si rien ne change. Il souligne par ailleurs que contrairement à ce qu’affirme la gauche en déclarant, pour faire peur à ceux qui seraient tenter de voter FN, ce n’est pas l’élection du Front National qui provoquerait la guerre civile, mais qu’au contraire l’élection de Marine Le Pen est peut-être la dernière chance de l’éviter. « La politique de la ville constituait à acheter la paix sociale. La politique actuelle de l’autruche consiste à acheter la paix tout court. Encore quelques minutes, encore quelques heures, encore quelques jours... Or le temps presse. A raison d’un million à un million et demi par an de réfugiés supplémentaires en Europe [...] nous laissons des renforts arriver pour une armée qui, un jour, peut-être, se lèvera. Et ce jour-là, ils ne seront plus quinze » [14].
Là encore la diversité des articles de l’abécédaire rend difficile tout résumé exhaustif. On y retrouve pêle-mêle des réflexions sur la vie politique (opposition au cumul des mandats, défense de l’Europe car élément civilisationnel mais critique de l’UE, désastre du millefeuille administratif, …) ; des portraits de différentes personnalités (Macron, Belkacem, Zemmour, Tillinac, Marine Le Pen, Villiers, Benzema, …) ainsi que des réflexions économiques.
Notons seulement quelques traits saillants. Le plus important est que « La France n’est pas foutue » [15] et qu’il existe en France une base qui indépendamment des différences FN/LR souhaite reprendre le pays en main. C’est pourquoi il y a urgence - il en va de la survie même de notre pays - que se fasse une véritable union des droites car comment continuer à accepter que dans un pays majoritairement de droite, celle-ci laisse à nouveau le pouvoir à la gauche car elle n’arrive pas à vaincre ses divisions [16]. « Je suis persuadé que l’élection présidentielle se gagnera à droite, c’est-à-dire en étant de droite, en incarnant des valeurs de droite : protection et donc autorité, entreprise et donc liberté, confiance en soit et donc identité. En fait, c’est simple : l’exact inverse de ce qui est fait depuis quarante ans. Il faut donc unir les droites » [17].
Un autre point essentiel est celui de l’éducation. Il observe à la fois un niveau scolaire en baisse, un échec scolaire en hausse et une école de moins en moins laïque (qu’il s’agisse du ramadan ou de l’enseignement de l’arabe). C’est pourquoi il prône la manière forte pour faire un « grand nettoyage » du ministère de l’éducation.
Quand au volet économique, on peut noter par exemple qu’il prend la défense des petits patrons « plus traqués par l’Etat que les dealers. Il est vrai qu’eux sont imposables, il est vrai qu’eux ne tirent pas sur les agents de l’Etat. Risque zéro. Profit immédiat. » [18], critiquant par là (comme désormais tous ceux qui y ont un jour été confronté) ce RSI qu’il qualifie de véritable « racket d’Etat » impitoyable alors qu’aussi bien la fraude à la CAF que celle des grandes entreprises sont bien plus légèrement sanctionnées.
Cet abécédaire ne fait pas non plus l’impasse sur les questions sociétales, qu’elles aient été au cœur des débats de ce quinquennat (loi Taubira, avortement, ...) ou qu’elles soient actuellement absente du débat politique (peine de mort).
Opposant déclaré à la loi Taubira, Robert Ménard est partisan de son abrogation sans délais. Celle-ci « n’est pas une simple mauvaise loi, c’est une loi de pollution du réel, de destruction du vivant. C’est une loi contre le peuple français. Faire venir au pouvoir en 2017 une majorité qui ne s’engagerait pas formellement à annuler une telle loi serait d’une gravité extrême puisqu’elle prolongerait alors le développement de ses conséquences » [19]. Abordant la question de l’homosexualité qui est sous-jacente à celle de la loi Taubira, il rapporte que « Journaliste, j’avais scandalisé mes confrères en proclamant que, tant qu’à faire, je préférerais que ma fille ne soit pas homosexuelle. Je sais que c’est mal de penser cela et que le clergé de la bien-pensance en a envoyé dans l’enfer du chômage ou devant des tribunaux pour moins que cela [...] On peut trouver mon propos choquant. Moi, ce qui me choque, c’est que ce qui était encore hier légitime soit présenté aujourd’hui comme une aberration. Ne soyons pas dupes. Il s’agit d’une manipulation massive de l’opinion publique » [20].
L’avortement, nous avons eu l’occasion de le voir à plusieurs reprises ces dernières années est « un sujet interdit », c’est-à-dire que ceux qui ont une opinion contraire à celui majoritairement défendu sont rapidement cloué au pilori médiatique. Avec ironie, Robert Ménard ajoute que « les féministes militantes disent : mon ventre m’appartient. C’est sans doute pour cela que, généralement, elles ne font pas d’enfants ou presque pas »[p.15.]]. Sans vouloir juger les femmes ayant eu recours à l’avortement ou leur faire la leçon, il est cependant sans ambiguïté sur la nature même de l’avortement : « il y a une chose qui, de mon point de vue, est évidente. Ce sont des vies que l’on tue dans le ventre de leurs mères. Pas des concepts philosophiques. [...] Proclamer que l’embryon n’est pas une vie est une absurdité » [21].
La position de Robert Ménard sur la peine de mort n’est pas tant un souhait militant de son rétablissement (il n’y est pas opposé, surtout avec la fiabilité de certaines preuves qu’apportent désormais les progrès scientifiques comme les analyses ADN) qu’une critique acerbe adressée à ceux qui y sont résolument opposés et l’ont abolie en France. Reprenant les mots de Badinter déclarant qu’avec son abolition, « la justice française ne sera plus une justice qui tue », il ajoute « avait-il prévu que, de ce fait, elle deviendrait une justice qui laisse tuer, qui laisse violer, qui laisse voler ? » [22].
Un dernier thème majeur de l’ouvrage est la critique que l’ancien co-fondateur de Reporters sans frontières, porte sur le rôle et l’orientation des médias. Le rôle – et le biais – des médias en politique est immense ; cette élection présidentielle nous a montré combien cela était le cas.
Les journalistes usent de plus en plus d’une novlangue ainsi que d’un lexique de plus en plus restreint et uniforme. A cela s’ajoute – et c’est là le vrai problème – une absence de représentativité réelle : l’immense majorité de la presse est de gauche, sans que cela ne pose aucun problème aux médias.
Cet entre-soi et cette standardisation de la langue et du style fournissent des journalistes insipides, qui savent déjà ce qu’ils vont écrire avant même de réaliser un entretien. Il remarque que les meilleurs journalistes qui l’interrogent sont presque toujours des journalistes étrangers mais « ils attendent vraiment une réponse à leurs questions ! Beaucoup de Français se foutent, eux de votre réponse. Pour eux, la réponse, c’est ce qui justifie leur commentaire » [23]. C’est pourquoi, pour reprendre un propos qu’il avait tenu lors de l’entretien qu’il nous avait accordé à la sortie de cet ouvrage, « Il ne faut prendre aucun gant avec la presse. Elle est contre nous, elle est contre le peuple ».
[1] p.7.
[2] p.40.
[3] p.47.
[4] p.146.
[5] p.145.
[6] p.87.
[7] p.160.
[8] p.87.
[9] p.64.
[10] p.8 .
[11] p.130.
[12] p.72-74.
[13] p.114.
[14] p.13-14.
[15] p.49.
[16] p.75.
[17] p.50.
[18] p.108.
[19] p.92.
[20] p.66-67.
[21] p.15.
[22] p.112.
[23] p.81.
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