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La franc-maçonnerie a été impliquée dans de nombreux événements de la fin des temps modernes et de notre époque contemporaine. C’est un fait que l’on retrouve dans de nombreux livres d’histoire, aussi bien issus de milieux autorisés ou officiels, que de cénacles plus exclusifs. L’influence de la franc-maçonnerie pendant la Révolution française et ses longues années de troubles a été telle qu’elle a inspiré certains jeunes gentilshommes catholiques, parmi lesquels les frères Bertier de Sauvigny, fils d’un malheureux intendant de Paris, qui ont fondé un ordre secret, une contre-franc-maçonnerie, contre-révolutionnaire : les Chevaliers de la Foi. Cette confrérie est assez mal connue, en raison de sa méthode de secret, mais semble avoir eu une influence culturelle prépondérante en différentes villes de France, et notamment à Bordeaux et à Toulouse, où leur présence et leur travail de sape auraient été essentiels aux « Restaurations » (mais qu’il est impropre de parler de « restauration » quand il ne s’agit que de chasser un occupant, quand le roi n’a jamais cessé de régner, même quand le Bourges de l’époque se situait en Courlande ou à Gand !) de 1814 et de 1815.
Si la littérature maçonnique est parfaitement indigeste, et il suffit de passer à la Fnac pour se convaincre de la piètre spiritualité des auteurs franc-maçons, il y a bien souvent des œuvres plus inassimilables encore, qui constituent malheureusement une bonne partie de la documentation anti-maçonnique. On trouve, certes, des références intéressantes, comme La Franc-Maçonnerie d’après ses documents secrets de Léon de Poncins, récemment rééditée par les Éditions de Chiré [2], mais qui mériterait, bientôt un siècle plus tard (le temps passe vite… et une telle entreprise n’aboutira pas de sitôt), d’être reprise de fond en comble et réactualisée – mais les sources manquent, par définition ! À côté de travaux sérieux, il y a une pléthore de foutaises, tantôt hostiles, tantôt fascinées, qui servent à merveille, soit dans l’outrance, soit dans le manque de références, les adversaires de la France et de l’Église.
L’ouvrage de Serge Abad-Gallardo, J’ai frappé à la porte du Temple… [3], préfacé par le père Michel de l’abbaye Sainte-Marie de Lagrasse, n’est pas une élucubration de plus, mais une source supplémentaire. C’est le récit d’un témoignage, remarquablement écrit, soit dit en passant. Son auteur n’outrepasse pas la sphère de ce qu’il a observé, connu et expérimenté par lui-même. Et, bien qu’il soit resté dans des sphères relativement basses et locales d’une fraternelle de seconde zone, mixte (obédience mixte et internationale du « Droit humain », émanation et satellite du Grand Orient de France), ce qu’il a vu suffit à discréditer et à nous persuader de lutter contre l’hydre maçonnique qui, même à petite échelle, contribue à véhiculer des antivaleurs, des antiprincipes et des idées destructrices, aussi bien de la société que de la religion, et que de la personnalité humaine. Serge Abad-Gallardo, lui, a eu l’insigne grâce de rencontrer le Christ au bout d’un passage de vingt années dans la sinistre – plutôt que ridicule – obscurité des loges.
Le récit nous livre des éléments précis sur le « Droit humain », où les enseignants sont légion, sans doute en raison de la présence de franc-maçonnes, abhorrées par d’autres obédiences. La cérémonie d’initiation nous est décrite en détail, et son caractère dérisoire frappe. Dans l’ensemble des appareils maçonniques déployés, une forte coercition psychologique est visible. L’exigence absolue du secret n’est pas obsolète, et est demeuré un impératif de survie pour la franc-maçonnerie. Voici les principaux points de « la Constitution internationale de l’obédience du Droit humain » : « l’égalité de l’homme et de la femme, la fraternité entre les francs-maçons, sans distinction de race, de religion, de philosophie, la réalisation sur terre et pour tous les humains du maximum de développement moral et intellectuel. Enfin, le respect et le suivi de la méthode rituelle et symbolique que l’ordre s’impose (ainsi qu’à ses membres) afin d’atteindre cet objectif [4]. » Comment faire plus vague et plus relativiste ? Seuls les parlementaires et les ministres républicains y parviennent… et ce n’est pas la peine de se demander pourquoi !
À propos de relativisme, rappelons que le dogme fondamental de la franc-maçonnerie est l’humanisme, soit la mise de l’homme (idéalisé, et sans les réfractaires, que l’on peut le cas échéant éliminer) à la place de Dieu. Cette mise de la divinité (grand horloger, principe divin, grand architecte, etc.) au second rang, puis sa négation pure et simple (conséquence logique, qui a été entérinée par le Grand Orient il y a bien longtemps déjà), est la raison pour laquelle la secte maçonnique a tôt été condamnée par l’Église. Et si nous ajoutons à cela le danger de ses pratiques et ses méfaits dans l’ordre temporel… cela fait beaucoup. Laissons parler monsieur Abad-Gallardo : « Quelle différence avec la foi catholique : si, dans la franc-maçonnerie, la Vérité provient de l’homme, dans la foi catholique, la Vérité est révélée à l’homme par Dieu. Quand, pour le catholique, il est fait référence à la loi naturelle, pour le franc-maçon, le droit, l’éthique sont relatifs et proviennent de la conception humaine de la société [5]. » Mais ce scientisme de la franc-maçonnerie, cet humanisme rationaliste, s’associe très naturellement à l’ésotérisme et à la plus pure superstition, comme Philippe Muray a très bien montré ce couple infernal au sujet de Victor Hugo et d’autres grands noms d’après la Révolution française, dans son Le XIXe siècle à travers les âges [6].
C’est un ouvrage que l’on consultera avec profit, soit pour se détourner d’une franc-maçonnerie qui fascinerait le profane un peu paumé, soit pour recueillir de nouveaux éléments quant à l’organisation interne des strates inférieures de la franc-maçonnerie, où
[1] Clause du serment maçonnique, citée à la page 49 du livre que nous vous présentons aujourd’hui.
[2] Poncins (Léon de), La Franc-Maçonnerie d’après ses documents secrets, Chiré-en-Montreuil, 2014, 384 p., 24 €.
[3] Abad-Gallardo (Serge), J’ai frappé à la porte du Temple… Parcours d’un franc-maçon en crise spirituelle, préface du père Michel de l’abbaye Sainte-Marie de Lagrasse, Saint-Céneré, Téqui, 2014, 200 p., 16 €.
[4] Abad-Gallardo (Serge), J’ai frappé…, op. cit., p. 44.
[5] Ibid., p. 68.
[6] Muray (Philippe), Le XIXe siècle à travers les âges, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1999, 700 p., 15,90 €.
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