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Comportez-vous en hommes libres... en serviteurs de Dieu !

  Voilà que vient le Seigneur Maître : dans sa main le royaume, la puissance et l’empire. [1]

  Comme Il abandonnait jadis son trône à Hérode, le Christ semble aujourd’hui laisser la France à un nouvel usurpateur. Celui-ci joue au monarque à Versailles, à Chambord, courtise à l’occasion les catholiques, et « en même temps » la Sainte Famille est harcelée publiquement, des halls de mairie [2] jusque dans les salles obscures où l’on s’indigne d’y voir encore rayonner son étoile [3]. Les saints innocents sont voués au massacre jusque dans le sein maternel ; les survivants sont intoxiqués sous prétexte de santé publique tandis que des états généraux fomentent une nouvelle révolution "bioéthique".

   Mais Celui que la tradition franque [4], confirmée par sainte Jeanne d’Arc [5], désigne comme le véritable Roi de France ne saurait rester indifférent à l’angoisse de ses fidèles devant la déliquescence de leur patrie. Dieu caché [6], Il manifeste sa présence et sa volonté par des signes subtils que « l’homme psychique » [7] interprètera comme de pures coïncidences.

   Le jour du second tour des présidentielles, l’office des Matines ouvrait ainsi le livre de l’Apocalypse [8] où « le Prince des rois de la terre » (Apocalypse I, 5-6) renvoyait à leur néant les prétendants au trône : « Ne crains pas, je suis le Premier et le Dernier, et Celui qui vit ; j’ai été mort, mais voici que je suis vivant dans les siècles des siècles, et j’ai les clefs de la mort et de l’Enfer » (Apocalypse I, 12-19). La collecte de la Messe [9] rappelait de façon tout aussi opportune le primat de la vérité révélée, même dans le discernement politique : « Ô Dieu, qui montrez à ceux qui errent la lumière de votre vérité, afin qu’ils puissent rentrer dans la voie de la justice : donnez à tous ceux qui sont placés dans les rangs de la profession chrétienne, la grâce de rejeter tout ce qui est contraire à ce nom, et d’embrasser tout ce qui lui convient ». À l’épitre, saint Pierre fustigeait « ceux faisant de la liberté un voile jeté sur leur malice » (1Pierre II, 16), comportement auquel le milieu politico-médiatique doit une large part de son discrédit actuel, et qui s’enracine dans l’attachement « aux désirs charnels combattant contre l’âme » (1Pierre II, 11). À l’opposé de ce modèle libéral-libertaire, le Prince des Apôtres appelait à se comporter en hommes véritablement libres, c’est-à-dire en « serviteurs de Dieu » (1Pierre II, 16).
  
 De même, le jour du centenaire de Fatima (13 mai), comme prenant acte de l’infidélité persistante de la France, la Sainte Vierge se laissait dérober sa couronne à Fourvière sous le regard navré des premiers martyrs des Gaules. Le lendemain, alors que le petit prince de la Grande Pyramide s’emparait du pouvoir, la liturgie faisait retentir la voix de saint Jacques méprisant la politique à courte vue des nantis et appelant à la constance dans la foi au seul vrai Dieu [10], « chez qui il n’y a pas de variation, ni d’ombre, ni de changement » [11] : en un mot, un Dieu qui ne sera jamais « en marche ». En cette solennité de sainte Jeanne d’Arc, la patronne secondaire de la France exhortait à son tour ses compatriotes à la confiance : « Ma force et ma louange c’est le Seigneur ; Il fut pour moi le salut ». [12] ; « Louez le Seigneur, notre Dieu, qui n’a point abandonné ceux qui espéraient en Lui, et qui a accompli par moi, sa servante, la miséricorde qu’Il avait promise à la maison d’Israël » [13] ; « Même si je marchais au milieu des ombres de la mort, je ne craindrais aucun mal, car Tu es avec moi, Seigneur Jésus » [14].

   Le Seigneur est ainsi « Celui qui ne change pas », Celui qui demeure [15], le Roc indéfectible. Il est dès lors la sauvegarde absolue contre l’attraction dissolvante d’un « Jupiter » [16] et le Discriminant ultime entre la droite et la gauche. Il n’y a en effet qu’une droite et qu’une gauche : à droite de Dieu ou à sa gauche. Non à la droite du Père, car c’est la place du Fils, mais à la droite (ou la gauche) de Celui-ci lorsqu’Il « viendra dans la gloire de son Père avec ses anges, et rendra alors à chacun selon ses œuvres » [17] .
 De gauche donc, la mouvance démo(n)-chrétienne et autre conservatisme libéral, servant « en même temps » Dieu et Mamon, si ce n’est Dieu et Moloch. De gauche également, le patriotisme « en même temps » républicain, laïc et humaniste. De gauche enfin, la nébuleuse néo-païenne et autre révolution identitaire dont les affidés défendent les crèches et « en même temps » mythifient les fêtes chrétiennes ; soutiennent la vie en Europe et « en même temps » prônent la contraception en Afrique ; militent pour l’identité locale et « en même temps » vouent des châteaux occitans à des déesses égyptiennes [18] ; se disent patriotes et « en même temps » aspirent à un nouvel empire « européen » étranger au Royaume du Christ, qui en vrai Roi de France, est Empereur en son Royaume.

   Un jour viendra et nous espérons qu’il n’est pas trop éloigné où la France, comme Saul sur le chemin de Damas, sera enveloppée d’une lumière céleste et entendra une voix qui lui répètera : « Ma Fille, pourquoi me persécutes-tu ? » Et sur sa réponse : « Qui es-tu Seigneur ? » La voix répliquera : « Je suis Jésus que tu persécutes. Il t’est dur de regimber contre l’aiguillon ; parce que dans ton obstination, tu te renies toi-même » et elle, tremblante et étonnée, dira : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » Et lui : « Lève-toi ! Lave-toi des souillures qui t’ont défigurée, réveille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille aînée de l’Église, nation prédestinée, vase d’élection, va porter, comme par le passé, mon nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre ». (Saint Pie X, Allocution consistoriale du 29 novembre 1911)

Gladius Columbae


[1Introït des messes de l’Epiphanie (6 janvier) et de la Commémoration du Baptême du Christ (14 janvier)

[2Alors que l’offensive contre les crèches dans l’espace public avait été lancée par des associations laïcardes, depuis l’Avent 2017 ce sont désormais des préfets qui, au nom de l’État, poursuivent les maires osant exposer cet emblème de la subversion.

[3Allusion au film d’animation L’Étoile de Noël dont la projection à des élèves d’écoles publiques de Gironde fut suspendue par les accompagnateurs lorsqu’ils réalisèrent qu’il s’agissait d’un thème chrétien.

[4Prière des Francs : Dieu Tout-puissant et Éternel, qui pour servir d’instrument à Votre divine Volonté dans le monde, et pour le triomphe et la défense de Votre Sainte Église, avez établi l’empire des Francs, éclairez toujours et partout leurs fils de Vos divines lumières, afin qu’ils voient ce qu’ils doivent faire pour établir Votre règne dans le monde et que, persévérant dans la charité et dans la force, ils réalisent ce qu’ils auront vu devoir faire. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ vrai Roi de France. Amen. Prière tirée d’un missel du IXe siècle, mais pouvant remonter au VIe siècle, voire à saint Rémy lui-même.

[5Triple donation du Royaume de France, 21 juin 1429

[6« Vous êtes vraiment un Dieu caché » (Isaïe XLV, 15)

[7« L’homme psychique ne perçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les comprendre, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. Mais l’homme spirituel juge de tout, et n’est lui-même jugé par personne » (1Corinthiens II, 14-15)

[87 mai 2017 - 3e Dimanche après Pâques, Matines, Première leçon

[97 mai 2017 - 3e Dimanche après Pâques, Messe, Collecte

[1014 mai 2017 - 4e Dimanche après Pâques, Matines, Deuxième leçon : « Car celui qui doute est semblable au flot de la mer, qui est agité et poussé ça et là par le vent. Que cet homme donc ne s’imagine pas recevoir quelque chose de Dieu. L’homme double d’esprit est inconstant dans toutes ses voies. Que celui de nos frères qui est dans l’abaissement se réjouisse de son élévation, et le riche de son abaissement, parce qu’il passera comme la fleur de l’herbe, car le soleil s’est levé avec ses ardeurs, et il a desséché l’herbe, et sa fleur est tombée, et le charme de sa beauté s’est évanoui : ainsi le riche, lui aussi, se flétrira dans ses voies » (Jacques I, 4-7).

[1114 mai 2017 - 4e Dimanche après Pâques, Messe, Epitre : « Toute grâce excellente et tout don parfait descend d’en haut, et vient du Père des lumières, chez qui il n’y a pas de variation, ni d’ombre, ni de changement » (Jacques I, 17)

[1214 mai 2017 - Solennité de sainte Jeanne d’Arc, Messe, Introït

[1314 mai 2017 - Solennité de sainte Jeanne d’Arc, Messe, Alléluia

[1414 mai 2017 - Solennité de sainte Jeanne d’Arc, Messe, Communion

[15Ego enim sum Dominus et non mutor (Malachie III, 6)

[16Cf. Jupiter ou l’antéchrist à l’état gazeux, in Le Rouge & le Noir, 9 novembre 2017

[1714 mai 2017 - Solennité de sainte Jeanne d’Arc, Évangile (Matthieu XVI, 27)

[18Saint-Julien-de-la-Nef (Gard), Château de Saint-Julien (XIVe), aujourd’hui « Château d’Isis », siège de la Ligue du Midi

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