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Benoît XVI & l’Europe (V) : Les points non négociables et le principe de subsidiarité

Dans un discours prononcé le 30 mars 2006 devant des représentants du PPE [1] Benoît XVI avait indiqué trois priorités pour l’engagement chrétien en politique et pour le choix politique des chrétiens en Europe [2]. Ce sont les fameux points non négociables :

  • la protection de la vie à toutes ses étapes, du premier moment de sa conception jusqu’à sa mort naturelle ;
  • la reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille - comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage ;
  • la protection du droit des parents d’éduquer leurs enfants.

La protection de la vie

« Les immenses progrès de la technique ont bousculé bien des pratiques dans le domaine des sciences médicales, tandis que la libéralisation des mœurs a considérablement relativisé des normes qui paraissaient intangibles  ». [...]

« Dans un certain nombre de pays, on voit en effet apparaître des législations nouvelles qui remettent en cause le respect de la vie humaine de sa conception jusqu’à sa fin naturelle, au risque de l’utiliser comme un objet de recherche et d’expérimentation, portant ainsi gravement atteinte à la dignité fondamentale de l’être humain ». [3].

« L’Église reconnaît dans la vie humaine un bien primordial, présupposé de tous les autres biens, et elle demande donc que celle-ci soit respectée, à son début comme à son terme, tout en soulignant le devoir de soins palliatifs adaptés rendant la mort plus humaine » [4].

La défense de la famille

« L’Europe ne serait plus l’Europe sans le mariage entre un homme et une femme », avait fait observer Benoît XVI en 2010 dans son discours au nouvel ambassadeur de Hongrie près le Saint-Siège [5].

« Le mariage a donné à l’Europe son aspect particulier et son humanisme, et c’est aussi justement parce qu’elle a dû apprendre et réaliser continuellement la caractéristique de fidélité et de renoncement tracée par lui. L’Europe ne serait plus l’Europe si cette cellule fondamentale de la construction sociale disparaissait ou venait substantiellement transformée ».

« L’Église ne peut pas approuver des initiatives législatives qui impliquent une mise en valeur des modèles alternatifs de la vie de couple et de la famille. Ils contribuent à l’affaiblissement des principes du droit naturel et ainsi à la relativisation de toute la législation, ainsi que de la conscience des valeurs de la société » [6].

« L’Église, habituée à sonder la volonté de Dieu inscrite dans la nature même de la créature humaine, voit dans la famille une valeur très importante qui doit être défendue de toute attaque visant à en miner la solidité et à remettre en question son existence elle-même » [7].

La liberté d’enseignement

« La famille fondée sur le mariage, expression d’une union intime et d’une complémentarité entre un homme et une femme, s’insère dans ce contexte comme première école de formation et de croissance sociale, culturelle, morale et spirituelle des enfants, qui devraient toujours trouver dans leur père et leur mère les premiers témoins d’une vie orientée vers la recherche de la vérité et de l’amour de Dieu. Les parents eux-mêmes devraient être toujours libres de transmettre, sans entraves et de manière responsable, leur patrimoine de foi, de valeurs et de culture à leurs enfants » [8].

Et c’est là le troisième point non négociable, qui découle immédiatement de la famille et du rôle que l’Église lui reconnait. Benoit XVI déclarait ainsi au président italien : «  tout en reconnaissant la compétence de l’État à dicter les normes générales de l’instruction, je ne peux qu’exprimer le vœu que soit respecté concrètement le droit des parents à un libre choix éducatif, sans devoir supporter pour cela le poids supplémentaire de nouveaux frais. J’ai l’assurance que les législateurs italiens, dans leur sagesse, sauront apporter aux problèmes qui viennent d’être évoqués des solutions "humaines", c’est-à-dire respectueuses des valeurs inviolables qui sont en jeu » [9].

Le principe de subsidiarité

« La Communauté ecclésiale perçoit toute l’importance d’un système éducatif qui reconnaisse le primat de l’homme en tant que personne, ouverte sur la vérité et le bien. Les premiers et principaux éducateurs sont les parents, aidés, selon le principe de subsidiarité, par la société civile » [10].

« Le principe de subsidiarité protège les personnes des abus des instances sociales supérieures et incite ces dernières à aider les individus et les corps intermédiaires à développer leurs fonctions. [...] L’expérience atteste que la négation de la subsidiarité ou sa limitation au nom d’une prétendue démocratisation ou égalité de tous dans la société, limite et parfois même annule l’esprit de liberté et d’initiative » [11]

« La subsidiarité est avant tout une aide à la personne, à travers l’autonomie des corps intermédiaires. Cette aide est proposée lorsque la personne et les acteurs sociaux ne réussissent pas à faire par eux-mêmes ce qui leur incombe et elle implique toujours que l’on ait une visée émancipatrice qui favorise la liberté et la participation en tant que responsabilisation » [12]

«  Le principe de subsidiarité doit être étroitement relié au principe de solidarité et vice-versa, car si la subsidiarité sans la solidarité tombe dans le particularisme, il est également vrai que la solidarité sans la subsidiarité tombe dans l’assistanat qui humilie celui qui est dans le besoin. Cette règle de caractère général doit être prise sérieusement en considération notamment quand il s’agit d’affronter des questions relatives aux aides internationales pour le développement. Malgré l’intention des donateurs, celles-ci peuvent parfois maintenir un peuple dans un état de dépendance et même aller jusqu’à favoriser des situations de domination locale et d’exploitation dans le pays qui reçoit cette aide » [13]

«  L’État qui veut pourvoir à tout, qui absorbe tout en lui, devient en définitive une instance bureaucratique qui ne peut assurer l’essentiel dont l’homme souffrant – tout homme – a besoin : le dévouement personnel plein d’amour. Nous n’avons pas besoin d’un État qui régente et domine tout, mais au contraire d’un État qui reconnaisse généreusement et qui soutienne, dans la ligne du principe de subsidiarité, les initiatives qui naissent des différentes forces sociales et qui associent spontanéité et proximité avec les hommes ayant besoin d’aide » [14]

S’adressant a l’ambassadeur de l’Equateur, le pape avait recommandé la construction d’un Etat qui ne cherche pas à tout réglementer à et tout dominer. « Ce qu’il faut, disait-il, c’est un Etat qui reconnaisse généreusement et qui soutienne – en accord avec le principe de la subsidiarité – les initiatives qui jaillissent des forces sociales » [15]

« Pour ne pas engendrer un dangereux pouvoir universel de type monocratique, la « gouvernance » de la mondialisation doit être de nature subsidiaire, articulée à de multiples niveaux et sur divers plans qui collaborent entre eux. La mondialisation réclame certainement une autorité, puisque est en jeu le problème du bien commun qu’il faut poursuivre ensemble ; cependant cette autorité devra être exercée de manière subsidiaire et polyarchique pour, d’une part, ne pas porter atteinte à la liberté et, d’autre part, être concrètement efficace » [16]

Citant la constitution conciliaire Gaudium et Spes, Benoît XVI avait rappelé que « l’Eglise catholique n’est liée à aucune forme particulière de culture humaine, de système politique, économique, ou social » [17]

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