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Benoît XVI & l’Europe (IV) : Les liens à entretenir entre Église et État

Une saine laïcité de l’État

« L’État et l’Église sont tous deux préoccupés, à différents niveaux, par le bien-être des êtres humains. Cela est au bénéfice des personnes lorsque, dans la politique […] les institutions se laissent guider par une "vision du monde" dans laquelle les valeurs transmises par la foi chrétienne sont déterminantes » [1].

Peu de temps après son élection, Benoît XVI a développé ce thème lors d’une visite officielle au président de la république italienne. Cet exemple italien, et la description entreprise par Benoît XVI des relations idéales entre l’Église et l’État peuvent servir de modèle à la mise en place d’une saine laïcité dans chacun des des gouvernements européens.

« Les relations entre l’Église et l’État italien sont fondées sur le principe énoncé par le Concile Vatican II, selon lequel "la communauté politique et l’Église sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes. Mais toutes deux, quoique à des titres divers, sont au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes hommes" (Gaudium et spes, n. 76). [...] Une saine laïcité de l’État en vertu de laquelle les réalités temporelles sont dirigées selon les normes qui leur sont propres est donc légitime, sans exclure toutefois les références éthiques qui trouvent leur fondement ultime dans la religion. L’autonomie du domaine temporel n’exclut pas une harmonie intime avec les exigences supérieures et complexes dérivant d’une vision intégrale de l’homme et de son destin éternel » [2].

« L’Europe de la science et des technologies, l’Europe de la civilisation et de la culture, doit être en même temps l’Europe ouverte à la transcendance et à la fraternité avec les autres continents, ouverte au Dieu vivant et vrai à partir de l’homme vivant et vrai. Voilà ce que l’Église désire apporter à l’Europe : avoir soin de Dieu et avoir soin de l’homme, à partir de la compréhension qui, de l’un et l’autre, nous est offerte en Jésus Christ » [3].

« Pour cela, il est nécessaire que Dieu recommence à résonner joyeusement sous le ciel de l’Europe ». [4].

La formation des consciences

« La contribution éthique de la religion dans le domaine politique ne devrait pas être marginalisée ou interdite, mais comprise comme un apport valable à la promotion du bien commun. Dans cette perspective il convient de mentionner la dimension religieuse de la culture, tissée au long des siècles grâce aux contributions sociales et surtout éthiques de la religion. Une telle dimension ne constitue en aucune manière une discrimination vis-à-vis de ceux qui n’en partagent pas la croyance, mais elle renforce plutôt la cohésion sociale, l’intégration et la solidarité » [5].

« Il ne faut pas oublier que, lorsque les Églises et les communautés ecclésiales interviennent dans le débat public, en exprimant des réserves ou en rappelant certains principes, cela ne constitue pas une forme d’intolérance ou une interférence, car ces interventions ne visent qu’à éclairer les consciences, en les rendant capables d’agir de manière libre et responsable, conformément aux exigences véritables de la justice même si cela peut entrer en conflit avec des situations de pouvoir et d’intérêt personnel » [6]

« C’est dans la formation des consciences que l’Église offre à la société sa contribution la plus personnelle et la plus précieuse. Une contribution qui commence dans la famille et qui trouve un important renforcement dans la paroisse, où les enfants et les adolescents, et ensuite les jeunes apprennent à approfondir les Saintes Écritures, qui sont le « grand code » de la culture européenne ; et en même temps ils apprennent le sens de la communauté fondée sur le don, non sur l’intérêt économique ou sur l’idéologie, mais sur l’amour, qui est « la force dynamique essentielle du vrai développement de chaque personne et de l’humanité tout entière » (Caritas in veritate, n. 1) » [7].

Les grands défis de l’Europe

S’adressant à une délégations de parlementaires européens, Benoît XVI avait une nouvelle fois souhaité s’élever contre cette « culture aujourd’hui très amplement diffusée en Europe qui relègue dans la sphère privée et subjective la manifestation des convictions religieuses de chacun. Des politiques élaborées sur ce principe n’ont pas seulement comme conséquence de dénier un rôle public au christianisme ; de manière plus générale, elles refusent tout lien avec la tradition religieuse de l’Europe, qui est pourtant très claire, en dépit de ses diversités confessionnelles, en menaçant ainsi la démocratie elle-même, dont la force dépend des valeurs qu’elle défend (cf. Evangelium vitae, n. 70) » [8].

Benoît XVI cite notamment cinq défis essentiels pour l’Europe auxquels l’Église peut apporter à la fois son expérience et sa prudence morale : « la défense de la vie de l’homme à chacune de ses phases », « la protection de tous les droits de la personne et de la famille », « la construction d’un monde juste et solidaire », le « respect de la création » et « le dialogue interculturel et inter-religieux » [9], [10].

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