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« La voie de l’intégration européenne […] repose essentiellement sur la confiance que les citoyens placent dans un tel projet.[…] En définitive, il s’agit toujours de la question de l’identité et des bases spirituelles sur lesquelles s’appuie la communauté des peuples et des Etats européens. Ni une union économique, plus ou moins valable, ni un règlement bureaucratique réglementant la coexistence ne pourront jamais satisfaire pleinement les attentes des personnes pour l’Europe. Les racines les plus profondes d’une "réciprocité" européenne solide et exempte de toute crise se trouvent plutôt dans les convictions et les valeurs communes de l’histoire et de la tradition chrétienne et humaniste du continent » [1].
C’est ainsi qu’il avait salué en 2010 le changement de constitution de la Hongrie qui souhaitait faire mention dans son préambule de ses racines chrétiennes [2].
Mais les identités nationales propres aux différents pays européens ne sont pas vu par Benoît XVI comme un obstacle à la construction européenne. Au contraire, ces identités propres sont une richesse qui se complètent et donnent naissance à une grande symphonie de cultures [3].
Lors d’un discours prononcé en 2011 devant l’ambassadeur de Croatie, il s’était réjouit de l’intégration de la Croatie au sein de l’UE, notant que Le Saint-Siège ne peut que se féliciter lorsque la famille européenne se complète et reçoit des États qui, historiquement en font partie [4]. Il avait ajouté que « Cette intégration, devra se faire dans le plein respect des spécificités croates, de sa vie religieuse et de sa culture. » En effet, « Il serait illusoire de vouloir renier sa propre identité pour en rejoindre une autre qui est née dans des circonstances si différentes de celles qui ont vu naître et se construire celle de la Croatie. En entrant dans l’Union européenne, [...] il ne faudra pas avoir peur de revendiquer avec détermination le respect de sa propre histoire et sa propre identité religieuse et culturelle ».
« Au cours des dernières années, l’on a ressenti toujours plus l’exigence d’établir un équilibre sain entre la dimension économique et la dimension sociale, à travers des politiques capables de produire des richesses et d’accroître la compétitivité, sans toutefois négliger les attentes légitimes des pauvres et des exclus. Sous l’aspect démographique, on doit malheureusement constater que l’Europe semble avoir emprunté une voie qui pourrait la conduire à disparaître de l’histoire. Outre le fait de menacer la croissance économique, cela peut également provoquer d’immenses difficultés à la cohésion sociale, et surtout, favoriser un individualisme dangereux, qui n’est pas attentif aux conséquences pour l’avenir » [5].
S’inquiétant de l’actuelle dénatalité qui touche l’ensemble des pays européens, Benoît XVI a rappelé la difficile exigence catholique d’ouverture à l’autre auquel nous appelle à la charité tout en assurant le maintien de son identité propre.
« Il importe au plus haut point que la communauté internationale et tout spécialement l’Union européenne se mobilisent avec détermination en faveur de la paix, du dialogue entre les nations et du développement ». Seul un authentique développement des pays d’origines pourra permettre à l’Europe de résoudre le difficile problème de l’immigration [6]. Afin que puisse être mise en place une véritable politique d’immigration visant à « concilier les intérêts propres du pays d’accueil et le nécessaire développement des pays les moins favorisés, politique soutenue aussi par une volonté d’intégration » [7].
Pour que cette intégration soit réalisable, il avait insisté sur le fait que « l’accueil d’immigrés de plus en plus nombreux et la multiplication sur un même sol de communautés différentes par leur culture d’origine ou leur religion rendent absolument nécessaire, dans nos sociétés, le dialogue entre les cultures et entre les religions » et qu’« il convient d’approfondir la connaissance mutuelle, en respectant les convictions religieuses de chacun et les légitimes exigences de la vie sociale, conformément aux lois en vigueur, et d’accueillir les immigrés, de sorte qu’on respecte toujours leur dignité » [8].
« L’on ne peut pas penser édifier une authentique "maison commune" européenne en négligeant l’identité propre des peuples de notre continent. Il s’agit en effet d’une identité historique, culturelle et morale, avant même d’être géographique, économique ou politique ; une identité constituée par un ensemble de valeurs universelles, que le christianisme a contribué à forger, acquérant ainsi un rôle non seulement historique, mais fondateur à l’égard de l’Europe. Ces valeurs, qui constituent l’âme du continent, doivent demeurer dans l’Europe du troisième millénaire comme un "ferment" de civilisation. Si elles devaient disparaître, comment le "vieux" continent pourrait-il continuer de jouer le rôle de "levain" pour le monde entier ? » [9].
« On évitera ainsi les risques du repli sur soi, du nationalisme exacerbé ou même de la xénophobie, et on pourra espérer un développement harmonieux de nos sociétés pour le bien de tous les citoyens » [10].
C’est pourquoi Benoît XVI invite les croyants à « contribuer non seulement à garder jalousement l’héritage culturel et spirituel qui les caractérise, et qui fait partie intégrante de leur histoire », mais aussi à rechercher des « voies nouvelles pour affronter de façon adéquate les grands défis qui caractérisent l’époque post-moderne » [11].
[5] Benoît XVI, Audience au Congrès promu par la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (COMECE), 24 mars 2007
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