L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
Les rues de Paris réservent d’étranges surprises.
Dans le XVè arrondissement s’élève une église esseulée, sans prétention et, il faut le dire, quelque peu décrépie. Jusque là, rien d’extravagant. Et pourtant ! Cette église – Sainte-Rita – est un lieu des plus singuliers, et ce à plusieurs titres.
C’est que la modeste paroisse, depuis plus de décennies, s’est faite Eglise. Lieu de culte catholique romain à l’origine, bâti en 1900, l’édifice est occupé depuis 1988 par une curieuse communauté, se qualifiant elle-même de gallicane. Le gallicanisme pratiqué ici n’est pas celui de la Pragmatique Sanction de Bourges, ni celui de Jacques Bénigne de Bossuet. Séparés de Rome, ces gallicans ne sont pas en communion avec le S. Père.
La messe y est célébrée sous la forme extraordinaire. Mais si la paroisse est fameuse, elle le doit à sa réputation de « paroisse des animaux ». Ici, on peut assister à l’office accompagné de son chat, ou faire bénir son chameau, à l’occasion de la Fête de S. François d’Assise. Le pittoresque le dispute au grotesque, lorsque ces bêtes se présentent devant l’autel. Chaque dimanche, la nef de Rita se mue en arche de Noé.
Habitué des projecteurs, ce lieu étrange s’apprête toutefois à mourir en silence. L’édifice est en péril. Jadis propriété d’une association cultuelle, l’église appartient depuis quelques années à un promoteur originaire de Nantes. Le bâtiment n’est pas classé ; le promoteur dispose d’un permis de démolir. Sans surprises, la destruction a pour but de construire, en lieu et place de la paroisse, des logements et des parcs de stationnement. La situation précaire de Sainte-Rita est un sujet récurrent depuis quelques années. Pourtant, les Parisiens ignorent largement que, près de chez eux, un édifice religieux, vieux de plus d’un siècle, anciennement catholique, sera tout bonnement rasé.
Or, la perspective de voir des ogives broyées par les engins de travaux et des vitraux brisés de main de d’homme, ne peut laisser indifférent. Disons-le tout de go : l’édifice n’a rien de sublime : Sainte-Rita n’a pas la splendeur de la Sainte-Chapelle ni l’altitude de Saint-Sulpice. Elle n’en demeure pas moins, au-delà des errements des « messes des animaux » et des bizarreries paroissiales, un témoin de l’Histoire parisienne, un témoin de notre identité. Les murs de Sainte-Rita valent mieux que le béton des spéculateurs.
Les catholiques auraient tort de se désintéresser de cette église, au motif qu’elle ne dépend pas du S. Siège. Qui peut affirmer que ces murs n’abriteront pas à nouveau, si Dieu le veut, une communauté pleinement catholique, en union avec le Saint-Père ? Sainte Rita, patronne du lieu, nous rappelle qu’aucune cause n’est désespérée.
C’est pourtant les pelleteuses qui devraient s’unir à Sainte-Rita, communiant dans un esprit de destruction.
D’humbles murs, élevés à la gloire de Dieu, laisseront place au béton d’un promoteur. Faute de mobilisation de grande ampleur, l’opération immobilière est plus imminente que jamais. Un parking de plus existera à Paris : à la gloire de qui ?
Tugdual Lamotte
Le R&N a besoin de vous !
ContribuerFaire un don
Dernières dépêches : [NOUVEAUTÉ] Sortie du jeu de société chrétien « Theopolis » • Retour de la communion sur les lèvres à Paris • Etats et GAFA : l’alliance impie est en marche • [CHRISTIANOPHOBIE] Retour sur le concert raté d’Anna von Hausswolff • [ÉGLISE] Les hussards de la modernité à l’assaut des derniers dogmes de l’Eglise • [IN MEMORIAM] Charles, entre idole des jeunes et divinité laïque • [CHRÉTIENTÉ] L’épée d’Haïfa et la chevalerie rêveuse • Le service public l’a décrété : le wokisme n’existe pas • [IN MEMORIAM] L’Heure des comptes viendra-t-elle bientôt ? • [IN MEMORIAM] 4 novembre 1793 : Louis de Salgues de Lescure
Le Rouge & le Noir est un site internet d’information, de réflexion et d’analyse. Son identité est fondamentalement catholique. Il n’est point la voix officielle de l’Église, ni même un représentant de l’Église ou de son clergé. Les auteurs n’engagent que leur propre conscience. En revanche, cette gazette-en-ligne se veut dans l’Église. Son universalité ne se dément point car elle admet en son sein les diverses « tendances » qui sont en communion avec l’évêque de Rome : depuis les modérés de La Croix jusqu’aux traditionalistes intransigeants.
© 2011-2024 Le Rouge & le Noir v. 3.0,
tous droits réservés.
Plan du site
• Se connecter •
Contact •
RSS 2.0