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Montesquieu l’avait envisagé, Tocqueville l’avait prédit, De Gaulle le déplorait, mais les français ont fini par l’accomplir : si le climat social de la France est aujourd’hui aussi délétère, empli de violence et de défiance, l’explosion de l’individualisme en France est en grande partie responsable, autrement dit les français sont donc les premiers responsables de la situation actuelle. Existe-t-il un espoir de retour possible ?
Il y a deux mille ans, en territoire occupé par les Romains, un Homme nommé Jésus-Christ répondait à cette fameuse question "Maître, quel est le plus grand commandement ?", "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme, de toutes tes forces et de tout ton esprit et tu aimeras ton prochain comme toi-même". Aimer ses semblables et son prochain comme soi-même, voilà une poignante mais réelle leçon de savoir-vivre ensemble (et de sainteté). Hélas ces paroles n’ont pas su être sagement appliquées par l’Homme.
Plusieurs siècles plus tard, c’est un philosophe issu de la période des Lumières, Montesquieu, qui va, dans son œuvre majeure De L’Esprit des Lois venir envisager parmi les différentes natures de lois possibles l’éventualité de la mauvaise utilisation des lois qui viendrait violer le droit naturel et créer un individualisme contraire à notre héritage chrétien et à l’héritage du peuple français, les deux héritages étant pour lui indéniablement liés l’un à l’autre.
Un autre siècle plus tard, c’est un sociologue français, Tocqueville, qui n’envisage pas mais prédit la montée en puissance mais surtout dangereuse de l’individualisme en France. Et bien que d’autres auteurs aient également mis en garde contre ce fléau encore inconnu mais terrifiant, les générations françaises qui se sont succédées n’ont absolument pas tenu compte de ces mises en garde emplies de sagesse.
Que nous reste-t-il donc ? Un climat explosif, où les minorités exercent une progressive mais réelle dictature entremêlée d’anxiété et de haine reléguant la chrétienté à une hérésie vis-à-vis de cette nouvelle religion républicaine païenne, où désormais toute personne n’étant pas en accord aveugle et total avec l’IVG est un délinquant pénal ; où toute personne émettant une réserve sur le Mariage pour Tous est désormais un homophobe à abattre (sans évoquer à l’évidence le traitement lamentable et inacceptable par les différentes commissions de députés réservé à La Manif Pour Tous) ; dans le même registre,
tout catholique est peu à peu regardé comme un intégriste à exclure, tout non-communiste est un fasciste à liquider... la liste est encore longue malheureusement, mais tout nous ramène à un triste constat : ce climat délétère où les associations de minorités dictent leurs règles laisse apparaître la disparition progressive de notre liberté de penser et de faire.
Des minorités qui aujourd’hui exercent une répression au nom de l’égalité mais tirent le haut de la société vers le bas par simple application de l’égalitarisme et divisent de plus en plus les français, jusqu’à isoler chacun d’entre nous pour pouvoir mieux imprégner de la bien-pensance.
"France, qu’as-tu fait de ton baptême ?" déplorait Saint Jean-Paul II. Celle qui fut la première puissance mondiale aussi bien sur le plan militaire, agricole, culturel, culinaire est désormais cantonnée au quart-monde de tout, le peu d’influence qui lui reste à l’échelle internationale n’est due qu’aux souvenirs de son glorieux passé.
Montesquieu craignait à son époque que ses contemporains se laissent aller à cette dérive dangereuse qui corrompt l’esprit et le cœur de l’être humain, c’est pour cela qu’il envisageait de discerner des lois naturelles de celles nécessaires aux hommes, en divisant dans les lois des hommes celles de la politesse par laquelle il prouve que ce n’est pas une attitude innée mais une attitude acquise. Montesquieu laisse entrevoir la possibilité qu’une personne éduquée et ayant connaissance de ces pratiques peut se laisser aller et se comporter comme un voyou mais qu’à l’inverse une personne ayant peu appris par son origine sociale peut se révéler comme étant un vrai gentilhomme.
Cette division de lois nous laisse de prime abord une certaine sensation inhabituelle et emplie de curiosité mais nous découvrons qu’elle est simple et que le devoir de la politique d’un pays ne doit pas reposer sur les instances religieuses par peur de conflit d’intérêt, laissant cette tâche au peuple élu par ses pairs. Au contraire, bien que Montesquieu soit de confession protestante, il reconnaît que les instances religieuses en particulier les instances catholiques ne doivent pas se mêler de la politique mais à l’inverse se préoccuper de l’éducation et de l’élévation des esprits afin que les hommes et les femmes, éclairés dans leurs choix, puissent avancer ensemble vers l’avenir.
Ainsi, comme Tocqueville le reprendra plus tard, l’harmonie politique et sociale d’un pays ne repose pas sur le type de régime mais sur ceux qui sont à la tête de ce régime. Il en résulte que nos politiques contemporains sont donc coupables de ce climat délétère et défiant, mais rend aussi les français responsables, car ceux sont eux qui, officiellement, viennent élire leurs représentants ainsi que le détenteur principal du pouvoir exécutif, le Président de la République.
Cette division des pouvoirs de l’État dont rêvait Montesquieu s’est réalisée, mais la crainte de leur mauvaise utilisation l’est également. S’il fallait reprendre stricto sensu les écrits de Montesquieu, nous aurions alors le discernement nécessaire pour nous rendre compte vers quelle bassesse se laissent aller nos élus en tolérant cette dictature des minorités, voire même une complicité féroce et acharnée, n’en déplaise à notre actuel Ministre de l’Intérieur.
Quelques décennies après Montesquieu, de retour de son voyage en Amérique, Tocqueville exhorte ses contemporains à ne pas laisser dériver un si beau pays comme la France vers la menace qu’est l’individualisme. Pour être sûr d’être pris au sérieux, il n’hésitera pas dans ses écrits à prédire cette catastrophe dans les siècles à venir. Fut-il pris au sérieux ? Pas plus que ses prédécesseurs, les différentes politiques successives ayant contribué volontairement à cette montée de l’individualisme, argumentant ces démarches au nom de la sécurité et de la lutte contre le communautarisme. Or la communauté n’est que le début de la vie en société, le peuple français ne forme-t-il pas une communauté en lui-même ?
Mais il existe un danger réel qui empoisonne les esprits contemporains : en effet, l’accroissement massif et brutal de l’individualisme ne pousse pas uniquement l’Homme à se retrancher de ses semblables, mais provoque un rejet massif de Dieu, laissant place à un athéisme de plus en plus puissant, dont le masque est portée par la néo sacro-sainte laïcité défendue par la République, système en bout de course dont les principes ont depuis longtemps rejeté les principes énoncés par les Lumières ou l’époque du XIXe siècle. Le résultat est aussi consternant que malheureux (augmentation de la profanation de nos lieux saints, sans le moindre scrupule du risque de commettre un sacrilège) et vient rejoindre un autre constat établi du fait de la dictature des minorités.
Les responsables de cet individualisme, nos chers et tendres élus républicains, n’ont pas la moindre décence à venir défendre cet héritage chrétien glorieux, qu’ils ont tous fini par rejeter et haïr sous la joute et le joug des minorités, avec à leurs têtes des organismes médiatisés à outrance qui se nourrissent et vivent de ces haines, sans lesquelles elles n’auraient pas de raison d’exister, venant monter au créneau dès que leurs intérêts financiers ne sont plus assez rassasiés ou lorsqu’un intérêt naissant est à conquérir au détriment de la majorité du peuple français en désaccord avec ces revendications pour le moins sordides voire morbides. Quant à la sacrosainte laïcité, elle est devenue un bouclier inévitable dès que les questions morales les plus essentielles, les plus vitales sont menacées par des crimes contre la vie que Dieu nous a donné, à l’image de l’IVG ou de la question de la PMA-GPA. Dès lors, la République sort ses plus belles armes pour éloigner les catholiques des débats, cherchant à écarter les communautés qui pourraient lui faire de l’ombre, allant affirmer comme l’ancien petit ministre de l’Education Vincent Peillon que "le catholicisme est l’ennemi de la République" et allant jusqu’à proposer une "Religion Républicaine". Immonde absurdité ! Une marque probante et incontestable de ce rejet de l’héritage chrétien, que le Général de Gaulle avait cherché à ramener auprès des français en instaurant une sorte de « monarchie constitutionnelle » et par là en instaurant un pouvoir du Chef de l’État fort, le rendant légitime auprès de son peuple réuni dans l’union. Soixante ans plus tard il n’en reste rien. Ce retrait sur soi des hommes est le résultat de ce climat délétère qui agit comme le plus puissant des gaz toxiques et vient empoisonner et pourrir la bonté de l’Homme que Dieu avait créé à son image.
Ainsi que l’envisageait Montesquieu dans De l’Esprit des Lois, « les politiques ne se comportent pas en représentants du peuple, mais en princes ce de monde », « répugnant toute contestation de son peuple qui doit se conduire selon le bon plaisir de son prince autoproclamé, qui vient les récompenser avec des pièces d’argent et en faire leur fortune » « ou les réprimander s’ils cherchent à les conjurer sur leur manière de gouverner ». La République n’est donc plus une démocratie, mais un système de pseudo-régence princière, où les élus mêlent et mélangent intérêt général et intérêt privé, allant même, sous couvert de critiques de l’Ancien Régime, se servir allègrement dans les fonds publics collectés à partir des recettes fiscales, autrement dit à partir de la contribution directe et indirecte du peuple à son pays. Les scandales se lèvent, le peuple gronde mais n’a plus l’esprit requis, selon Montesquieu, pour changer efficacement sans perdre du temps à contester.
Dès lors, au beau milieu de ce drame qui se vit jusque dans nos foyers, posons-nous la question : existe-t-il un espoir ? Oui, même s’il est assez faible, mais tel un cierge sur un Tabernacle dans une chapelle, une faible lumière nous rappelle que rien n’est encore fini. La République n’aime pas l’Église et les catholiques car ceux-ci reviennent petit à petit en nombre dans nos églises et dans les rassemblements, alimentant cette lumière d’espoir et de prière. Après tout, l’espoir fait vivre, et comme disait Jean-Philippe Rameau dans L’Hymne à la nuit, "Est-il une beauté, aussi belle que le rêve ; est-il de vérité plus douce que l’Espérance...".
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