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« J’ai mis mon fils chez les cathos », ou la ridicule cabale des parents perdus

Nouveau « brûlot » lancé contre l’enseignement catholique : J’ai mis mon fils chez les cathos, ouvrage signé d’une maman qui entend raconter les déboires que son fils a connus dans un établissement privé catho. L’Express, avec une fidélité amusante, se fait l’écho du ressenti de la brave dame et brosse un résumé saignant de l’affaire : procédés d’apprentissage dignes du siècle dernier, rigidité disciplinaire, professeurs sourds à toute demande, prosélytisme au travers de voyages connotés religieusement… Tout cela est grave.

Ainsi l’on croit sur parole la brave mère courage désespérée devant une école qui s’acharne à reproduire des modèles dépassés. Mais l’image est biaisée. Travaillant en tant qu’éducateur dans une école catholique (et l’appellation de « pion » a ceci de vrai que je suis systématiquement en première ligne), je vois chez moi tout ce que Mme de Bure a vu chez elle… et je m’en réjouis. La critique qu’elle fait n’est que le miroir d’une époque qui, après avoir poussé la chansonnette sur les boulevards du quartier latin, s’en est retournée chez elle, sautillant de joie à l’idée qu’elle avait mis à bas tous les principes archaïques de notre société… et s’est effondrée peu de temps après. Mme de Bure est née dans les décombres.

La mise en accusation systématique du professeur dans un problème de résultats est un symptôme qui ne trompe pas : trop persuadé que son enfant est un génie incompris, on se retourne avec véhémence contre le malheureux qui a sanctionné un manque de travail. Oui, car le travail est encore la meilleure manière de réussir. A l’heure du « vous n’avez rien à transmettre », du nivellement par le bas des diplômes du secondaire et des remises en cause de la notation chiffrée, oser avancer que l’apprentissage rigoureux des leçons, les exercices et la persévérance sont la clé du succès est une aberration. Je ne compte plus les parents qui demandent à grands cris des rendez-vous aux enseignants en espérant faire avancer les choses, alors qu’un coup de pied aux fesses du cancre et une surveillance accrue de la gestion des devoirs changerait radicalement les choses.

De même, les punitions : que, chez les enfants, l’on admire le petit rebelle qui collectionne les heures de colle, c’est encore naturel. Mais que les adultes veuillent à toute force discuter les sanctions et forcer les éducateurs à les retirer, c’est tout bonnement à ne rien y comprendre. Entre les mots dans la marge du carnet de liaison « exigeant » le retrait d’une sanction et les rendez-vous avec les responsables d’éducation pour reproduire sans hésitation la version larmoyante du petit chéri, les exemples feraient pâlir Saint Jean Baptiste de La Salle. Pourquoi tout cela ? Parce qu’en constatant la punition, les parents la prennent tout d’abord comme une attaque personnelle qui les vise eux. Persuadés que la perfection habite cette réplique d’eux-mêmes, ils ne supportent pas de remise en cause de son comportement.

Nous sommes rentrés dans une période d’irresponsabilité qui veut tout choisir à la carte alors que l’essence de la liberté est justement d’assumer les conséquences de ses choix. Encore une fois, les « déboires » de la famille face à la spécificité catholique de l’établissement feraient sourire s’ils n’étaient tristement révélateurs de cette adolescence perpétuelle des parents qui signent une inscription dans un collège catholique et contestent ensuite la teneur des séances de catéchisme, les conférences proposées, les activités de groupe… A-t-on vu moins honnête que cette mère qui s’offusque qu’une messe de rentrée soit obligatoire ? L’établissement est privé et prestigieux uniquement parce qu’il est catholique, et elle s’insurge de cela… De même, j’ai vu dans mon établissement des parents mugir à l’idée qu’un prêtre vienne parler à leurs enfants du message de l’Eglise sur la sexualité. Sans doute qu’incapables de faire face à leurs propres erreurs, ou souhaitant à toute force les ériger en modèle, ils refusent qu’une parole décomplexée vienne évoquer autre chose que ce célibat incontinent que vivent aujourd’hui bien des jeunes. A ces inconstants qui veulent de la laïcité là où elle n’existe pas, il faut tout simplement proposer d’aller ailleurs, et rappeler qu’un peu de cohérence ne fait jamais de mal.

Le syndrome de Madame de Bure est malheureusement le lot commun de nombreux établissements qui doivent souvent composer avec ces éternels piailleurs, vindicatifs et démissionnaires, qui croient se décharger à bon compte de leurs devoirs de premiers éducateurs de leurs enfants, et se retournent contre l’école quand celle-ci a le mauvais goût d’appliquer des méthodes de bon sens qui ont fait leurs preuves il y a plusieurs siècles.

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