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[EX-LIBRIS] Laurent Obertone : Guerilla, les trois derniers jours de la France

Recension de l’ouvrage de Laurent Obertone, Guerilla, le jour où tout s’embrasa, publié en septembre 2016 aux éditions Ring. 414 pages.

Une « bavure » policière dans la cité Taubira, quartier « sensible » de la Courneuve. C’est l’étincelle qui en trois jours conduit à la guerre civile en France sur fond d’émeutes dans les banlieues et de revendications islamiques pendant que l’élite républicaine tente, impuissante, de sauver le vivre-ensemble à grands renforts de compromission et de novlangue. À la fois roman politique, de fiction et d’anticipation, Guérilla nous plonge dans ce qui s’annonce comme l’un des futurs de plus en plus probables pour notre pays. Le chaos était inévitable. La rencontre entre l’ultra-violence — décrite par Obertone dans La France Orange Mécanique — et l’idéologie démentielle prônée à grand renfort de propagande politique et médiatique — La France Big Brother — devait logiquement aboutir à un tel scénario apocalyptique.

Les personnages, esquissés à grands traits, évoluent dans une Cité Taubira, un boulevard Mandela ou encore des rues Méric et Traoré. Le roman nous montre pêle-mêle avec cynisme et humour noir des antifas et des bobos se flagellant d’être blancs, des LGBT confrontés soudainement au réel, des végans hystériques mettant Rungis à sac, des identitaires incapables de faire autre chose que brandir quelques drapeaux et servant d’exutoire à des forces de l’ordre auxquelles un pouvoir interdit de riposter dans les quartiers chauds, etc. Peu d’entre eux trouvent grâce aux yeux de l’auteur : une femme dont l’instinct maternel la guide pour sauver son nouveau-né, un paysan et un comptable réfugiés dans un bois, quelques militaires ayant choisi, malgré les ordres, de se faire héliporter place d’Italie, un officier à la retraite... Seuls survivent ceux qui n’ont pas abandonné leur virilité, le sens de la terre ou qui retrouvent un certain instinct animal.

L’enchaînement rapide des 57 brefs chapitres donne au roman un dynamisme plus proche des films d’action que du roman classique, plongeant la France et le lecteur dans l’anarchie, l’impuissance de l’État et des politiques à maintenir ou rétablir l’ordre, débordés par la simultanéité des émeutes urbaines et des attentats. Le style est percutant mais parfois un peu lourd. Les personnages apparaissent comme des caricatures ou des archétypes. Les traits sont grossis et les réactions des médias et des politiques accentuées à l’excès. Obertone imagine ainsi — deux exemples parmi d’autres — un futur proche où la novlangue appelle désormais les migrants des “itinérants” et où des parisiens manifestent aux cris de « Remplacez-nous ! Remplacez-nous ! ».

À la lecture, tout cela semble grotesque, peu crédible. Puis le roman posé, le lecteur se souvient du tristement célèbre Jawad et de l’actualité de ces dernières semaines : Clémentine Autain (FDG) déclarant que « La génétique est formelle : l’Européen de souche est un arabe noir ! », Cécile Duflot (EELV) twittant qu’ « un blanc ne peut pas comprendre“ tripalement” ce qu’est vivre le racisme », Bruno Julliard (PS) annonçant la création prochaine d’une zone naturiste dans la capitale : « Ça ne fait de mal à personne. On va le faire en respectant les sensibilités de tout le monde » ; le Medef annonçant suspendre sa participation au groupe de dialogue sur la "lutte contre les discriminations" assurant que le rapport du ministère du Travail "stigmatisait" les entreprises ; ou encore les médias se félicitant que l’espace soit désormais LGBT-friendly... Le réel dépasse finalement le roman.

Le temps de l’action du roman est bref : 3 jours. Sur ce qui suit — le pire est probablement à venir — rien n’est dit. On peut, et c’est une manière de faire, mettre Guerilla en parallèle avec d’autres romans, comme Le camp des saints de Raspail, Les événements de Jean Rolin ou encore Soumission de Michel Houellebecq qui explorent les différents scénarios possibles.

La lecture est plaisante certes. Mais ce qui importe probablement le plus est ce qui suit cette lecture. Il faut le faire lire, en discuter et en débattre. Pour plusieurs raisons. La première, parce que cette guerre civile n’est plus de l’ordre du fantasme mais du possible si rien ne change. Ce roman contraint même ceux qui s’en doutaient à voir sans détour la négation du réel qui a cours dans le monde actuel et les conséquences qu’elle entraîne. Il faut essayer, s’il est encore temps, de stopper ce démentiel compte à rebours qui nous conduit droit vers le chaos. La deuxième, parce qu’il faut prendre clairement conscience de ce qu’est une guerre civile : froide, brutale, sans morale, sans pitié, etc. L’état-maman ne viendra pas à votre secours. Quand la guerre civile adviendra vous serez seul, terriblement seul. Comme un ultime avertissement, la dédicace du livre est adressée « à ceux qui n’ont pas compris ».

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