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[EX-LIBRIS] François Bert : Côte 418

Recension de l’ouvrage de François Bert, Côte 418, publié en novembre 2018, aux Éditions Edelweiss, 128 pages.

Côte 418 relate l’histoire d’un jeune officier menant courageusement ses hommes au combat. Un jeune lieutenant qui égrène les doutes qu’imposent un nouveau visage de la guerre, particulièrement meurtrier, en rupture complète avec toute idée classique du conflit armé. Les Allemands font face, le lieutenant Vincent est pourtant chargé d’avancer quoi qu’il lui en coûte. Alors que les ordres demeurent muets, il lui faut trancher : garder ses positions, faire Camerone, avancer ? Comment tenir ces hommes en haleine, légionnaires venus des quatre coins de la Terre, dans un conflit dénué de sens ? Comment concilier ces personnalités fortes, à la susceptibilité aiguë, doués d’une vive sensibilité, mal dissimulée par un comportement volontiers guerrier ? L’auteur y répond en peignant à travers ce roman toute la complexité du commandement : l’art de mener les hommes. Une réponse empreinte d’authenticité puisque l’auteur, ancien officier de Légion, connaît bien ce monde si particulier où l’amitié implique la fidélité, où le combat oblige l’honneur.

Mais outre ce petit traité de commandement, l’auteur conte la douleur d’un homme qui par l’épreuve du pire - la guerre - prend conscience du caractère malheureux de ses fiançailles. François Bert quitte le champ de bataille pour rejoindre celui de l’amour conjugal, parfois tout autant éprouvé et endeuillé que le premier. Gueules cassées, cœurs blessés. Égaux devant la mort, les camarades de tranchées le sont également devant l’amour. Avant de fermer les yeux, ou quand fuse le mousseux, chacun confesse à l’officier le caractère sinueux de son itinéraire amoureux.

La plume est belle, et le lecteur parfois submergé, se voit projeté aux côtés des poilus, avant de se rappeler qu’il est davantage proche de 2018 que de la côte 418. Nous regretterons seulement que l’art du commandement, si cher à l’auteur de Le temps des chefs est venu, prenne parfois le pas sur le roman qui mériterait d’être prolongé pour cueillir, pourquoi pas, les fruits des sentiments nouveaux du jeune lieutenant.

Foulques de Hilgarde

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