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[EX-LIBRIS] Atlas du mondialisme de Pierre Hillard

24 février 2018 Karl Peyrade

Recension de l’ouvrage de Pierre Hillard, Atlas du mondialisme, publié en juin 2017 aux éditions Le Retour aux Sources. 312 pages.

Pierre Hillard est souvent accusé de complotisme c’est-à-dire d’explication de l’histoire par des complots cachés au grand public. Le complotiste comme l’anti-complotiste se trompent tous les deux. Le premier cherche toujours une explication cachée par rapport à la version officielle tandis que le second ne peut pas imaginer un instant qu’il y ait eu des complots dans l’histoire. Il est simpliste de penser qu’un petit groupe de personnes dirige le monde dans une cave comme il l’est tout autant d’être certain que les groupes de pression n’existent pas. Les thèses avancées par Hillard, avec lesquelles on peut ne pas être d’accord, sont toujours sourcées. Elles ne sortent pas de sa pure imagination.

Dans son ouvrage l’Atlas du mondialisme, Hillard s’attaque une nouvelle fois à son sujet de prédilection : le mondialisme. Le mondialisme peut être défini comme la volonté de mettre en place un gouvernement mondial. Ce terme n’a rien de complotiste puisqu’un membre de l’élite comme Jacques Attali en parle très souvent sur les plateaux télévisés sans que personne ne s’en offusque. Dans son atlas, Pierre Hillard tente de retracer à l’aide de nombreuses cartes et documents officiels ce qui constitue à ses yeux l’essence du mondialisme.

L’auteur s’attaque en premier lieu à la construction européenne, préalable nécessaire à l’avènement d’une autorité globale. Avant de pouvoir imposer un gouvernement mondial, il faut tout d’abord s’attaquer aux nations. Financée par l’OSS, ancêtre de la CIA, la construction européenne a pour but de diviser, selon le modèle politique allemand, l’Europe en régions cohérentes d’un point de vue ethnico-culturel et soumises au pouvoir de Bruxelles. D’ailleurs, l’aide de l’Union Européenne aux régions constitue le deuxième poste de dépenses après celui de la PAC. Il existe une volonté analogue au sein du Nouveau Monde à travers le concept de bloc nord-américain promu par une organisation mondialiste comme la Fabian Society.

En deuxième lieu, Pierre Hillard s’intéresse au Moyen-Orient. La fin de l’Empire Ottoman et la création d’Israël ont indéniablement troublé la région. Dès 1979, le théoricien du choc des civilisations Bernard Lewis théorise déjà le projet de balkanisation du Moyen-Orient grâce au soutien de tous les séparatismes éthnico-religieux (arméniens, éthiopiens coptes, kurdes etc.). Cette idée sera reprise par l’armée américaine.

Ensuite, l’auteur consacre un long développement à la spiritualité mondialiste qui serait de nature kabbaliste. À l’origine, la Kabbale est une tradition orale juive qui s’interroge sur les anges et le messie. Après avoir quasiment disparu, elle est devenue sous l’influence pharisienne un ésotérisme permettant grâce aux sciences occultes et à l’initiation d’accéder aux vérités divines et de s’éloigner du mauvais dieu. La Kabbale ressemble donc au dualisme gnostique qui postule l’existence d’un bon dieu et d’un mauvais dieu. Pour le rabbin Elie Benamozegh (1823-1900), l’humanité est divisée en deux parties : le peuple juif ayant comme religion le judaïsme et les autres soumis aux premiers ayant comme religion le noachisme, sorte de religion synchrétiste. Hillard voit le concile Vatican II comme une étape essentielle vers la constitution de cette religion noachide. En France, la Révolution Française a été une étape clef car elle avait pour objectif de détruire le catholicisme et le système politique temporel qui le défendait. Dans sa prétention à instituer une nation universelle, elle s’apparentait déjà à du mondialisme.

Enfin, Hillard conclue son ouvrage en déplorant l’avancée des thèses mondialistes partout dans le monde. Que ce soit l’unipolarité sous domination américaine ou la multipolarité permettant la coexistence de grands blocs, toutes ces théories d’organisation politique de la planète sont d’essence mondialiste car elles admettent l’existence d’une autorité mondiale comme l’ONU.

L’Atlas du mondialisme est le premier livre à se procurer pour celui qui n’a jamais lu un livre de Pierre Hillard. Mis à part son développement sur la Kabbale qui constitue un apport nouveau, il peut être décrit comme étant une bonne synthèse des précédentes publications de l’auteur. Ouvrage très bien illustré et composé de papier de qualité, il offre au lecteur une présentation claire de la pensée de l’auteur. Si certaines causes à effet sont peut-être surévaluées par Hillard et si sa conclusion peut laisser perplexe, l’ouvrage est important pour comprendre le rôle des élites politiques, économiques, culturelles et religieuses dans le projet mondialiste d’unification du monde.

Karl Peyrade

24 février 2018 Karl Peyrade

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