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[MARIAGE GAY] Au-delà de la révolution d’opérette

Depuis le 18 juin, le Luxembourg est devenu le 11e pays européen à prétendre modifier la nature humaine, en légalisant le mariage, l’adoption et la PMA pour les couples de même sexe. Sur les 60 députés du Grand-Duché, seuls 4 ont voté contre un projet de loi soutenu par un parti qui n’a plus de "chrétien" que le nom, les socialistes locaux, et les écologistes, opposés aux OGM, mais par une imparable logique favorables à la PMA.

Notons pour l’anecdote que, tandis que l’Église se contentait d’un tiède communiqué, c’est la secrétaire de l’Association des écrivains luxembourgeois qui a été la critique la plus virulente de la nouvelle loi, ce qui lui coûtera sans doute son poste. Il n’y a rien d’étonnant à cela, quant on sait que toute la littérature s’oppose à l’idée que la passion amoureuse n’a pas de sexe, que homme et femme sont interchangeables, que la différence sexuée ne compte plus. Relisez donc Cyrano de Rostand, Roméo et Juliette de Shakespeare, Le Lys dans la vallée de Balzac, Anna Karenine de Tolstoï : pas de chance pour les adeptes de la théorie du genre, la passion sexuée existe bel et bien. Relisez donc Le Premier Homme de Camus, ou Tu seras un homme mon fils de Kipling, pour faire mentir ceux qui se font gloire de priver un enfant de son père. La seule existence de ces romans et de ces pièces de théâtre, même ringardisées ou censurées, constituront un pied de nez éternel aux nouvelles normes officielles, en mettant les mots sur l’amour sexué, les corps sexués, et la fidélité de corps et de cœur.

Le Luxembourg est donc entré dans le camp du "Bien", qui continuera sans doute d’étendre son ombre dans tout l’Occident, sauf, si par miracle, la France venait à revenir sur la loi Taubira, cassant de manière symbolique "la marche sans fin vers l’égalité" décrite par Muray. Il n’y a pourtant aucun lieu de s’en plaindre. Non que le Grand-Duché soit, comme l’a estimé tel ancien ministre français, un "pays artificiel", indigne d’intérêt. Mais tout simplement que le mariage gay n’est même pas un événement. Cet insignifiant fait divers ne rassemble plus guère que quelques commentaires sur le site LGBT Yagg, déjà blasé, et avide d’autres choses.

Dans son ouvrage L’homosexualité en vérité, paru juste avant les grandes manifs de l’an dernier, Philippe Ariño avait bien résumé ce que seraient les résultats du mariage gay :

...une fois la loi votée, un couple homosexuel restera non-procréatif et incapable de former une famille de sang, et donc d’amour concret et plein... l’autorisation à se "marier" n’apportera pas plus d’amour dans les couples homosexuels qu’avant. C’était déjà le constat cuisant qu’on faisait avec le PACS.

"Je suis content d’avoir le droit de ne pas me marier", disait, après le vote de la loi Taubira, le sympathique comédien bobo Olivier Py. Combien de réflexions identiques avons-nous entendu chez les militants LGBT, ceux qui payaient pourtant de leur personne pour tracter, manifester, voire nous agresser ? "Je veux avoir le droit de ne pas me marier". Tout ceci n’était donc qu’un caprice ? D’autres ont pu dire que cela permettait une normalisation de l’homosexualité dans les familles et dans la société, mais ils avaient oublié que Muray leur avait déjà répondu :

...ce même mariage, à la fois convoité et moqué, revendiqué pour être rejeté, et de toute façon transformé s’ils y accédaient jusqu’à en être méconnaissable, serait un remède souverain contre « l’alarmant taux de suicide » qui sévit chez les jeunes homosexuels, ce qui laisse supposer que ces derniers se suicident tous par désespoir de ne pouvoir convoler officiellement. On aurait pu imaginer d’autres motifs.

Le mariage gay n’est qu’une mascarade supplémentaire offerte par la modernité ambiante. Ce qui marquera l’histoire, en France, ce n’est pas la loi Taubira, mais la mobilisation populaire qu’elle a suscitée, symptôme d’un réveil spirituel, et du déclin de l’hégémonie libérale-libertaire. Avec le mariage gay, ce logiciel arrive à court d’idées, et au pied du mur. Regardez-les s’enferrer dans une course au désir, jamais satisfaits, jamais assouvis, avec la GPA, les identités "genrées" à l’état civil, le "PACS à trois" [1], l’utérus artificiel, bientôt le droit de se marier à l’église. Ils ne cesseront d’inventer de nouveaux combats pour se féliciter d’exister encore. Leur apparente domination politique et culturelle fournit pourtant les outils de son rejet. A peine les "ABCD de l’égalité" ont-ils infiltré l’école, qu’ils seront très probablement enterrés par le gouvernement, devant le courroux des parents. Nous ne vivons pas le triomphe du camp d’en face, mais son reflux, lent, paradoxal, imperceptible aujourd’hui, mais bien engagé.

Certes, diriez-vous, le mariage gay produira des effets néfastes de manière très concrète : des enfants seront privés d’un de leurs deux parents, des manipulations bioéthiques vont se poursuivre, voire s’aggraver. Il faut bien sûr continuer de s’y opposer et de les combattre. Mais le mariage gay n’est que de l’écume. Il faut s’intéresser aux structures de péché dénoncées par saint Jean-Paul II, aux causes profondes, à ce qui a permis à ces revendications incongrues d’aboutir. Y compris la désertion des chrétiens du champ public, et de la formation intellectuelle.

Que les chrétiens se réveillent, que la société actuelle change radicalement, et le mariage gay tombera aux oubliettes de l’histoire.


[1Revendication d’Act Up lors de la Gay Pride de juin 2013 à Paris.

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