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Lecteurs, lectrices,
C’est avec une tristesse au moins aussi grande que celle de l’auteur que nous nous voyons contraint de prendre la plume pour réfuter les thèses présentées dans L’Étrange pontificat du pape François. Nous nous attacherons à le faire sur les points qui nous sont apparus comme les plus graves. Nous en avons identifié sept, que nous réfuterons un à un dans une première partie puis nous expliquerons dans une seconde partie pourquoi nous pensons en notre âme et conscience qu’en écrivant ce livre l’auteur s’est rendu coupable de graves péchés à l’encontre de la Foi et de l’Église.
Commençons donc par la préface où le R. P. Pierre-Marie de l’Ordre des Prêcheurs nous informe que l’auteur est Argentin, ce qui est supposé l’aider à mieux comprendre notre Souverain pontife. Permettez-nous de réfuter cette affirmation avec force. Notre connaissance de l’Amérique du Sud nous donne à dire que, même s’il en a la nationalité, l’auteur n’a jamais eu de contacts réels avec son pays…
Rentrons maintenant, avec l’introduction, dans les propos de l’auteur même. Celui-ci se dit « affligé » d’avoir à critiquer le pape mais « contraint » de le faire à cause du magistère de « l’Église ». Il est étrange que les éditeurs, pourtant catholiques, n’aient pas immédiatement réagi à cette phrase et jeté ce livre à la poubelle. Nous le faisons donc pour eux en rappelant que le pape est dépositaire du magistère qu’il enrichit et éclaire à la lumière de son pontificat. S’approprier un droit d’interprétation sur ce magistère est donc au mieux hautement progressiste (Mgrs Fonlupt et Simon sont des spécialistes). Le magistère sur lequel s’appuie notre cher ami est d’ailleurs, comme par hasard, exclusivement pré-conciliaire, ce qui tendrait à démontrer une claire tendance sédévacantiste. Comment, dès lors, des catholiques se disant fidèles à Rome peuvent-ils le publier ? Mystère. J’ajouterai en outre que se croire capable de contredire le pape à partir du magistère montre une arrogance et un manque d’humilité incroyables. Qui peut bien être M. Marie pour se croire capable d’attaquer ainsi le Siège apostolique ?
Passons maintenant à la critique qui est faite de Nostra Aetate, critique revenant constamment au sein de ce livre. L’auteur soutient que ladite déclaration exhorte les fidèles à accepter sans discuter l’existence d’autres religions et un certain relativisme. Il s’agit là d’une erreur fatale qui est commise tant par les traditionalistes hors communion que par les progressistes les plus enragés, même si cela n’entraîne pas les mêmes conséquences. En réalité, la déclaration nous donne les clés d’une nouvelle façon d’évangéliser, non plus fondée sur la contrainte mais, au contraire, sur l’étude des points de convergences [1] comme points d’ancrages d’un dialogue serein visant à ramener les brebis égarées dans le giron de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Concernant le judaïsme, j’ai commencé à avoir l’impression de lire un ersatz de Vaugeois version catholique. Le complot judéo-maçonnique est dénoncé avec violence et l’auteur ne nous propose qu’une solution – quand bien même celle-ci aurait toujours échoué – : l’anathème contre toutes les fameuses brebis égarées par de faux pasteurs. Bizarre, de la part de quelqu’un qui dit vivre selon l’Évangile, d’oublier si simplement que le Christ nous ordonne d’aimer et de pardonner ceux qui l’ont crucifié... La charge ne s’arrête pas là. L’auteur accuse le pape d’être apostat pour être entré dans une synagogue au cours de son épiscopat, oubliant au passage que les rapports inter-religieux en Amérique du Sud sont mille fois plus développés qu’ici et sont, de fait, incontournables pour la simple et bonne raison qu’un Sud-Américain change en moyenne quatre fois de religion dans sa vie… ce qui impose des nécessités pastorales bien particulières.
Sud-Américain qui, en outre, n’a pas du tout la même perception du terme « gay » que l’Européen. Il est là-bas le terme consacré pour désigner les personnes ayant des tendances homosexuelles indépendamment de toute identité culturelle. De surcroît, s’attardant sur le terme « gay », l’auteur en oublie la partie essentielle de la phrase : « qui suis-je pour juger ? ». Lui y voit l’écrasement du Vicaire du Christ pour ne pas choquer quand il faudrait voir derrière ces mots le rappel salvateur que nous sommes aussi pécheurs et que seul le Christ sur son trône céleste nous juge. Accessoirement, nous exhortons l’auteur à se rappeler qu’il n’a pas plus de légitimité pour juger que le pape.
Cet écrasement du pape, notre brave M. Marie le voit aussi dans la substitution au titre païen de Souverain pontife celui d’évêque de Rome. Il voit là un refus d’exercer « sa suprême autorité apostolique » alors qu’il s’agit simplement d’un humble retour aux sources de son pouvoir : le siège de Pierre, sur lequel le Christ l’a assis.
Je conclurai cette première partie par la plus grande bêtise écrite par l’auteur. En effet, pour lui, les instructions de saint Paul sont plus importantes que leur source : les Évangiles. Cela, nous le voyons dans son indignation quand le pape se préoccupe des jeunes et des aînés en situation précaire au lieu de s’insurger contre le divorce. Or, aimer et secourir notre prochain – et particulièrement le petit – est l’un des plus grands commandements de Notre-Seigneur. Je ris de voir que l’on critique le pape en se fondant sur l’Ancien Testament plus que sur l’Évangile !
Maintenant que nous avons mis en lumière les graves errements de M. Marie, il nous apparaît nécessaire de défendre notre Très Saint-Père et, derrière lui, le Siège apostolique afin de rappeler à tous ceux qui seraient tentés d’accorder foi à ce livre que leur attitude serait hautement criminelle et pécheresse.
L’auteur émet en effet à l’égard du successeur de Pierre des critiques allant jusqu’à sous-entendre qu’il n’aurait aucune légitimité en tant que pape puisqu’il va à l’encontre du magistère de l’Église – tel que M. Alexandre Marie entend celui-ci. Ces sous-entendus sont d’une gravité extrême car l’élection du pape est parfaitement régulière et demeure, à ce titre, le fait du Saint-Esprit s’exprimant par le biais des cardinaux. Nier la légitimité du pape, c’est blasphémer contre l’Esprit et comme le Christ nous l’a enseigné : « C’est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera point pardonné » Mt 12, 31.
Mais, non content de s’auto-condamner à la damnation éternelle, l’auteur s’arroge aussi le privilège d’être schismatique. En effet, tel qu’énoncé dans le Canon 751, le refus de se soumettre au Souverain pontife est un acte schismatique et, si ici l’auteur prétend être dévasté par la contestation de l’autorité, il le fait tout de même, incapable qu’il est d’endurer ce qu’il pourrait voir comme une épreuve lui permettant de se sanctifier. S’il n’appelle pas directement à la résistance contre la papauté, ses propos sont de nature à exciter la contestation contre le Siège apostolique, ce qui est condamné par le Canon 1373.
Pour conclure, nous rappellerons sobrement qu’un chrétien ne peut répondre à ce qu’il considère comme du terrorisme pastoral et dogmatique en en faisant lui-même. Le Christ nous a exhortés à être humbles, à aimer et à tendre l’autre joue. Et c’est là l’œuvre à laquelle nous devons nous adonner pour que toutes les âmes puissent avancer vers la sanctification.
[1] Les fameuses Semina Verbi du concile Vatican II.
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