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Une idée centrale des néo-païens est de dire que ce retour au paganisme est un retour à la véritable tradition des Européens, les croyances des ancêtres. Mais cette idée est aussi une supercherie. Le paganisme historique n’est pas seulement perdu : il n’a aucune consistance. Jamais le paganisme historique n’a été une croyance clairement définie et communément partagée par tous les Européens d’une région. Le paganisme était un agglomérat de croyances tribales : ce ne fut jamais une religion, au sens d’un système de croyances unifié. À ce titre, seul le christianisme a été une religion en Europe : la religion de l’Europe. Sans le christianisme, il n’y a pas d’Europe [1].
C’est à cet ordre que donnent leur assentiment beaucoup de peuples barbares qui croient au Christ : ils possèdent le salut, écrit sans papier ni encre par l’Esprit dans leurs cœurs, et ils gardent scrupuleusement l’antique Tradition, croyant en un seul Dieu, Créateur du ciel et de la terre et de tout ce qu’ils renferment, et au Christ Jésus, le Fils de Dieu… [2]
Les néo-païens arguent parfois du fait que le christianisme serait une religion « importée » d’ailleurs, une croyance héritée du monothéisme hébraïque et donc fondamentalement sémite. À ce titre, le christianisme serait « allogène », sans rapport avec les croyances primitives des Européens. D’un point de vue purement factuel, c’est vrai : le christianisme est né en Palestine, et il a essaimé rapidement autour de la Méditerranée, jusqu’à atteindre l’Europe où il a pénétré à partir de l’Italie et de la Grèce principalement. C’est que le christianisme avait une mission providentielle : intégrer dans l’économie du Salut des populations européennes en perdition spirituelle. Le christianisme était destiné autant aux Juifs qu’aux païens, comme le montre le Christ lui-même, émerveillé par la foi d’un centurion romain (Matthieu 8, 10-13) :
Entendant cela, Jésus fut dans l’admiration et dit à ceux qui le suivaient : "En vérité, je vous le dis, chez personne je n’ai trouvé une telle foi en Israël. Eh bien ! je vous dis que beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux, tandis que les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures : là seront les pleurs et les grincements de dents.’’
Cette parole du Christ montre qu’il n’est pas venu que pour les Juifs et valide la mission du christianisme auprès des païens, "de l’Orient à l’Occident". Cette idée a été confirmée par les Docteurs, notamment Eusèbe de Césarée :
Nombreux sont les témoignages de l’Écriture montrant que les nations païennes n’ont pas reçu moins de grâces que le peuple juif. Si les juifs [...] participent à la bénédiction d’Abraham, l’ami de Dieu, parce qu’ils sont ses descendants, rappelons que Dieu s’était engagé à donner aux païens une bénédiction semblable non seulement à celle d’Abraham, mais encore à celles d’Isaac et de Jacob. Il a prédit explicitement, en effet, que toutes les nations seront bénies pareillement et il invite tous les peuples à une seule et même joie avec ces bienheureux amis de Dieu : « Nations, réjouissez-vous avec son peuple » (Dt 32,43) et encore : « Les princes des peuples se sont rassemblés avec le Dieu d’Abraham » (Ps 46,10). […] Dieu régnera aussi sur les autres peuples : « Allez dire aux nations : Le Seigneur est roi » (Ps 95,10) et encore : « Dieu règne sur les Gentils » (Ps 46,9) [3].
Par son message et sa diffusion, le christianisme s’adressait directement aux païens, comme le déclare l’Évangile en plusieurs endroits, notamment à travers cette parabole (Matthieu XXII, 1-14) :
Et Jésus se remit à leur parler en paraboles : "Il en va du Royaume des Cieux comme d’un roi qui fit un festin de noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs convier les invités aux noces, mais eux ne voulaient pas venir. De nouveau il envoya d’autres serviteurs avec ces mots : "Dites aux invités : Voici, j’ai apprêté mon banquet, mes taureaux et mes bêtes grasses ont été égorgés, tout est prêt, venez aux noces. Mais eux, n’en ayant cure, s’en allèrent, qui à son champ, qui à son commerce ; et les autres, s’emparant des serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi fut pris de colère et envoya ses troupes qui firent périr ces meurtriers et incendièrent leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : La noce est prête, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux départs des chemins, et conviez aux noces tous ceux que vous pourrez trouver. Ces serviteurs s’en allèrent par les chemins, ramassèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noces fut remplie de convives. "Le roi entra alors pour examiner les convives, et il aperçut là un homme qui ne portait pas la tenue de noces. Mon ami, lui dit-il, comment es-tu entré ici sans avoir une tenue de noces ? L’autre resta muet. Alors le roi dit aux valets : Jetez-le, pieds et poings liés, dehors, dans les ténèbres : là seront les pleurs et les grincements de dents. Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus.
Dans cette parabole, la noce que le roi célèbre pour son fils est l’œuvre de salut que Dieu commande à son Fils, le Christ, désigné comme l’Époux (Matth. IX, 15). Lorsque les habitants de la ville eurent dédaigneusement décliné l’invitation des envoyés du roi, celui-ci envoya chercher tous ceux qui se trouvaient aux carrefours, les mauvais comme les bons ; et la salle fut remplie. L’exégèse explique que c’est là le symbole de la réprobation des Juifs qui ont refusé l’Évangile, et de la vocation des païens. Mais la répression du roi envers les habitants qui ont massacré les envoyés fut aussi lue comme le devoir pour l’Église de châtier ceux qui avaient persécuté ses missionnaires.
Dans les Actes des Apôtres, saint Paul, traditionnellement attaché à la conversion des païens, d’où son titre d’« Apôtre des Gentils », fit reproche à saint Pierre de continuer à respecter les traditions hébraïques pour ne pas scandaliser les Juifs, alors que le christianisme était précisément venu dépasser ces traditions (Ga. 2,11). Pareillement, lors du « Concile de Jérusalem », les apôtres décidèrent de ne pas maintenir l’observance de la Loi juive pour les chrétiens issus du paganisme (Actes 15, 28-29). Certains Docteurs ont même considéré que les païens s’étaient convertis plus "entièrement" que les Juifs, dans la mesure où ces derniers s’étaient « endurcis » et « repliés sur la lettre » [4], et que beaucoup avaient rejeté l’Évangile, jusqu’à empêcher la prédication aux païens accomplie par les premiers apôtres [5].
Il ne faut donc pas croire que les païens d’Europe soient devenus chrétiens malgré eux. Certains néo-païens accusent l’Église d’avoir « persécuté » les païens pour imposer sa religion monothéiste et allogène. Ce serait oublier plusieurs choses : déjà que les premières persécutions religieuses furent menés par des païens contre des chrétiens [6] ; ensuite que le christianisme a toujours préféré convertirplutôt que massacrer, et les païens se sont massivement ralliés à la nouvelle religion sans violence ; enfin que ce sont des « Européens ethniques », les Francs notamment, tribu germanique, qui furent les premiers à embrasser le christianisme et à le diffuser. Les Wisigoths et les Burgondes se sont convertis sans difficulté au christianisme dans sa version arienne. Clovis, roi des Francs-Saliens, peuple païen, depuis 481, fils de Childéric, avait jusqu’à alors Wotan, Thor ou encore Freya comme dieux. Sa conversion la même année, en 481, est rapportée par Grégoire de Tours : il avait fait vœu de se baptiser au cours d’une bataille contre les Alamans (probablement celle de Tolbiac) si la victoire lui était accordée [7]. La victoire eut lieu et, au moment de la baptiser, saint Rémi de Reims dit à Clovis : Courbe la tête, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré.
Charlemagne, descendant de Charles Martel et Pépin le Bref, a mis à profit une tradition guerrière bien ancrée chez les Pippinides pour attaquer les peuples païens bordant le Royaume franc. Il envahit le royaume lombard en 774, suite à l’appel du pape qui craignait pour les terres du Patrimoine de saint Pierre. Juste avant, dès 772, il affrontait les Saxons pour mettre fin à leurs incursions et raids de plus en plus violents, qui pillaient villages et églises, agrandir le territoire du royaume mais aussi convertir ces populations païennes [8]. Les missions en terres saxonnes, apparues dès les années 630, furent pour beaucoup des échecs, jusqu’à ce que saint Boniface, lui-même un Saxon d’Angleterre, en relation avec Carloman et Rome, parte en mission à partir des années 720, devenant ainsi l’apôtre de la Germanie, notamment dans ses régions rhénanes. Il abattit à la hache l’arbre sacré de Geismar, et fut martyrisé par les païens vers 754, alors qu’il était âgé de plus de 70 ans [9]. Mais à la fin du VIIIe siècle, la Saxe continuait d’être rebelle : c’était le dernier peuple païen d’Occident, et ce fut la conquête la plus longue de Charlemagne (779-785). Éginhard, son biographe, insiste sur les intentions évangélisatrices de Charlemagne et célèbre la fureur des Francs contre les Saxons païens. Dans la Vita Karoli, c’est l’ardeur des Francs et leur foi inébranlable qui les rendent victorieux des païens et de leur inhumanitas. En 782, l’armée franque fut massacrée et une révolte générale de la Saxe entraîna la destruction des églises et le meurtre d’une grande partie du clergé franc déjà installé. Cette guerre fut donc violente, et c’est dire que les païens saxons étaient eux-mêmes des guerriers et qu’ils n’ont pas « subi » une persécution. Ils ont combattu, et ils ont été vaincus. Si les néo-païens considèrent que la force est une vertu majeure, reçue des dieux, ils doivent admettre que les chrétiens ont été les plus forts [10]. Mais il n’y a là nulle volonté de puissance car, comme Éginhard, il faut se réjouir de cette fusion réussie entre les deux peuples Francs et Saxons, rendue possible par leur embrassement du christianisme. En 785, le roi saxon Widukind capitula et vint en Francie se faire baptiser et jurer un serment de fidélité. La même année, le premier Capitulaire de Charlemagne pour les Saxons impose le christianisme, mais la Lex saxorum de 802 protège la spécificité de leur droit, à l’intérieur de l’Empire.
Christianisé dès les premiers siècles, l’Occident a eu très tôt le christianisme pour seule Tradition, lequel s’est exprimé selon son génie propre, reconnaissable entre autres par la beauté de ses œuvres, des évangéliaires carolingiens aux Primitifs flamands, de l’orfèvrerie des reliquaires aux peintres du Trecento, de l’éclat des enluminures à l’émail de Limoges, des scriptoria monastiques aux universités, en passant par la sobriété des églises romanes et la grandeur des cathédrales gothiques. Faut-il regretter la victoire du christianisme ? Pour les quelques peuples païens qui y furent réticents, ne doivent-ils pas voir le sens du destin, la raison de la force, la décision des dieux, comme eux-mêmes le croyaient ? Et pour les guerriers païens qui ont résisté, leur honneur n’a-t-il pas été sauvé par la bravoure des chevaliers et des croisés qu’ils allaient devenir ? Cette transition entre le paganisme et le christianisme a été souvent célébrée par l’idée de Translatio imperii, le passage de la Rome païenne à la Rome chrétienne, devenue cathedra Petri. Une idée couramment admise au Moyen Âge était que les conquêtes romaines, accomplies sous la République et l’Empire, ont été sanctionnées par le Christ quand Il a voulu que Rome, capitale de l’Empereur, sanctifiée par les martyres de saint Pierre et saint Paul, fût aussi le séjour du Saint-Siège. L’histoire de l’Europe chrétienne est donc une synthèse et elle est un héritage partagé.
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[1] Et comme disait Bernanos dans Les Grands Cimetières sous la lune : La Chrétienté a fait l’Europe. La Chrétienté est morte. L’Europe va crever, quoi de plus simple ?
[2] Saint Irénée de Lyon, Adversus Haereses, III, 4, 1-2.
[3] Eusèbe de Césarée (vers 265-340), Démonstration évangélique, II, 3, 35 (trad. Sr Isabelle de la Source, Lire la Bible, t. 6, p. 197 ; voir Sources chrétiennes 228).
[4] « Par leur conversion, les païens ont écouté les prophètes, tandis que les Juifs endurcis se sont repliés sur la lettre et la matérialité des livres. Ils se frustrent de leur vérité et laissent échapper leur part d’héritage, à la suite de l’obscurcissement de leur intelligence, selon 2 Co 3, 14-15. La condition juive est ainsi prise dans un état d’ambiguïté qui la rend caduque dans sa lettre et dans sa chair, mais que le salut et le Christ, qui en proviennent (Jn 4, 22), rendent pérenne, dans la ligne de l’enseignement de Rm 9-11. » Gérard Rémy, « La convocation des païens dans l’Église selon l’ ‘‘Enarratio in psalmum’’ 47, 159-183 », in Les Pères et la naissance de l’ecclésiologie, Cerf, « Patrimoines », p. 172-173.
[5] « Car vous vous êtes mis, frères, à imiter les Églises de Dieu dans le Christ Jésus qui sont en Judée : vous avez souffert de la part de vos compatriotes les mêmes traitements qu’ils ont soufferts de la part des Juifs : ces gens-là ont mis à mort Jésus le Seigneur et les prophètes, ils nous ont persécutés, ils ne plaisent point à Dieu, ils sont ennemis de tous les hommes quand ils nous empêchent de prêcher aux païens pour leur salut, mettant ainsi en tout temps le comble à leur péché. » Saint Paul, Épître aux Thessaloniciens 2, 15
[6] On connaît bien les persécutions romaines contre les chrétiens dans tout l’Empire, les plus brutales étant celles de la fin de l’Empire : les persécutions de Dèce (c.250), de Valérien (257-258), et de Dioclétien, au début du IVe siècle. Quant aux missionnaires et évangélisateurs des païens, on ne compte pas le nombre de martyrs et autres suppliciés pour avoir annoncé l’Évangile : on en trouve bien sûr en Europe jusqu’à la fin de l’époque carolingienne, mais aussi en Asie, Afrique, Amérique, du Sud comme du Nord… Tenter d’en faire une liste serait une gageure.
[7] « La reine ne cessait de prêcher pour que [Clovis] connaisse le vrai Dieu et abandonne les idoles, mais elle ne put le convertir, jusqu’au jour où, enfin, la guerre fut déclenchée contre les Alamans. Il arriva au cours d’une bataille que l’armée de Clovis fut sur le point d’être complètement exterminée. Celui-ci ému jusqu’aux larmes dit : "Ô Jésus Christ, si Tu m’accordes la victoire sur ces ennemis, je croirai en Toi et je me ferai baptiser en Ton nom. J’ai en effet invoqué mes dieux, mais, comme j’en ai fait l’expérience, ils se sont abstenus de m’aider : je crois donc qu’ils ne sont doués d’aucune puissance... C’est toi que j’invoque maintenant, c’est en toi que je désire croire, pourvu que je sois arraché à mes adversaires." Comme il disait ces mots, les Alamans, tournant le dos, commencèrent à prendre la fuite... La paix faite, il rentra et raconta à la reine comment, en invoquant le nom du Christ, il avait mérité la victoire. Ceci s’accomplit la quinzième année de son règne. » Grégoire de Tours, Histoire des Francs, II, 30, trad. R. Latouche, Paris, 1963, t. 1, p. 119-120. La conversion à la suite d’une victoire est classique chez les païens : la plus célèbre est celle de l’empereur romain Constantin. Selon l’historien Eusèbe de Césarée, ce dernier se serait en effet converti au christianisme en 312 à l’occasion de la bataille du pont Milvius contre son rival Maxence.
[8] La frontière entre le royaume franc et le royaume saxon, la Lippe, rivière aujourd’hui en Allemagne occidentale, affluent du Rhin, est en fait une zone de conflits récurrents depuis le VIe siècle, entre la Frise, la Franconie et la Thuringe. Au VIIIe siècle, les incursions saxonnes sont de plus en plus agressives et en 772, elles génèrent donc une guerre de plus grande ampleur : tout s’embrase vraiment avec la destruction par Charlemagne, en cette année 772, de l’Irminsul (le lieu de culte majeur des Saxons, sorte d’arbre ou de colonne en l’honneur du dieu de la guerre, Irmin). Les Saxons répliquent par la destruction de monastères et par le pillage des frontières franques. La guerre est officiellement déclarée par Charlemagne en 776.
[9] Saint Boniface n’est pas le seul à s’être montré si zélé : en France l’évêque Amator (mort le 1er mai 418) fit abattre à Auxerre un poirier objet de culte. Dans l’actuelle Belgique, Amandus, évêque de Maastricht (647-649) fit de même près de Gand.
[10] Si toutefois les néo-païens, dans une mouvance plus New Age, préfèrent la tolérance et l’amour de l’autre, ils devraient immédiatement rejoindre les rangs de l’Église actuelle, qui affectionne tant une vision dévoyée de la charité.
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