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« Les évènements du 7 janvier 2015 ont révélé à la face du pays l’ampleur de la dégradation de son tissu social. Fruit de décennies de petites lâchetés et de grands renoncements, ces évènements tragiques placent chacun des responsables politiques, mais aussi tous ceux et celles qui exercent des responsabilités au sein de notre corps social, face à leurs responsabilités. De notre capacité à comprendre comment nous nous sommes retrouvés dans cette situation naîtra une faculté de reconstruire une société homogène, autour des valeurs fondamentales de la République Française, sur lesquelles il est urgent de ne plus transiger. ».
Avocat pénaliste au barreau de Paris, maître Thibault de Montbrial est spécialisé dans les affaires de légitime défense (particulièrement lorsqu’elle concerne des personnels des forces de l’ordre) et intervient depuis plus d’un an et demi sur les questions de terrorisme.
Écrit au lendemain des attentats de janvier et publié début juin, ce premier essai analyse le problème de l’islam radical en France qui s’est installé durablement sur notre territoire et frappe désormais régulièrement notre pays. Il retrace les origines de cette dégradation du lien unissant les français, ainsi que ses causes, et propose un faisceau de solutions pour rétablir, avant qu’il ne soit trop tard, l’unité nationale.
Si les trois premières parties de cet essai, qui s’adresse non aux spécialistes mais au grand public, n’apportent fondamentalement pas d’information nouvelle à toute personne s’intéressant déjà au terrorisme islamique et à la montée de l’islamisme en France, son apport réel est cependant dans la mise en perspective systématique qui replace à chaque fois les événements de ces derniers mois dans leur contexte plus vaste géographiquement et plus ancien dans le temps.
L’émergence de l’islam radical n’est pas une donnée propre à la France. Cette émergence, signalée avec inquiétude depuis de nombreuses années, est commune à une grande partie du monde. C’est cette expansion de l’islam radical à travers le monde que Thibault de Montbrial s’attache d’abord à retracer à grands traits. Il nous faut en effet prendre conscience que ces événements s’inscrivent dans un cadre plus global qui dépasse notre simple pays. « La France est en guerre, et cette guerre s’inscrit dans un contexte international très fortement dégradé. [...] En ce début 2015, l’islam radical sunnite est engagé dans une véritable guerre de conquête ; l’Occident en général et la France en particulier sont désignés comme ennemis sans aucune ambigüité à longueur de vidéos sur Internet » [1].
Tout d’abord, et il s’agit là d’un point que l’on lit bien plus souvent dans la presse anglo-saxonne que dans les médias français, le commencement de la vague d’attentat qui frappe actuellement la France est placée par Montbrial non le 7 janvier 2015, « mais en réalité depuis l’attaque contre le commissariat de police survenue le 20 décembre 2014 à Joué-lès-Tours (37) » [2], suivi de peu par les “voitures folles” de Dijon et de Nantes. Il procède ensuite à un rapide récapitulatif des attentats survenus en France depuis 1985 et leurs liens avec différents mouvements islamiques, en s’attardant plus longuement sur les affaires Merah et Nemmouche dont les récents attentats ne sont que le prolongement, à la fois par le profil des terroristes et par leur mode opératoire.
De même, il procède à un rappel méthodique des attaques commisses contre l’Occident ces dernières années. En Europe tout d’abord avec les événements tragiques qui ont touché la Belgique, le Danemark, l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni, mais aussi le Canada et l’Australie. Là encore, l’étude les profils de leurs auteurs, de leur mode de radicalisation, puis de passage à l’acte sont instructifs. Autre élément fondamental de cette analyse : la montée des groupes radicaux n’est pas propre à la France, mais s’observe dans tous les pays occidentaux touchés par des attentats.
La France en guerre sur son propre sol. Non pas de part notre volonté mais de celle de mouvements islamistes qui ont décidé de la porter chez nous et contre nos ressortissants. Il s’agit d’une volonté « exprimée sans ambigüité aucune par les différents groupes islamistes » [3] à travers les nombreuses annonces, menaces, et appels vidéos à s’en prendre à l’Occident en général et à la France en particulier. L’impact redoutable de ces messages djihadistes (particulièrement des messages vidéo) est indéniable : il suffit de voir le nombre jeunes partis du territoire national pour aller combattre en Syrie. De même, il est surprenant de noter que l’attaque au couteau contre un commissariat et celle d’une voiture fonçant dans la foule sont arrivées peu de jours après que de tels mode d’action aient été justement conseillés par l’état islamique dans une de ces vidéos.
Pourquoi la France est-elle visée ? Tout d’abord, du fait de son implication sur des théâtres d’opérations extérieures (déploiement en Afghanistan, mission Sangaris en Centrafrique, Serval au Mali, Chammal en Irak et Syrie, Barkhane à la frontière Tchad-Niger-Mali, de son implication en Lybie, ...). Elle l’est aussi à cause de certaines des lois votées pour lutter contre le communautarisme (comme la loi sur le voile qui est régulièrement évoquée dans les messages des groupes islamiques s’en prenant à la France).
Si la France est visée à l’étranger (attentats contre les intérêts français en dehors du territoire national, prise d’otage de ressortissants français), elle l’est aussi désormais sur son propre sol. Ce réveil brutal en janvier 2015 n’a pourtant pas été sans signes avant coureur. Thibault de Montbrial évoque ainsi ce qu’il appelle “les précédents du printemps 2013” : « Ainsi le 6 mai 2013, un homme s’était-il présenté à l’accueil de la brigade de gendarmerie de Rousillon (38). [...] L’individu a alors brandi un couteau avant d’asséner plusieurs coups, atteignant à trois reprises le gendarme de faction à la gorge, au bras et à la jambe, le tout en vociférant « Allah akbar ». L’agresseur a ensuite pénétré dans les couloirs réservés au service, avant d’être blessé par balle par un adjudant » [4]. Un autre incident dans cette série de précédents est celui de l’agression, toujours au couteau, le 25 mai 2013, d’un militaire effectuant une patrouille dans le cadre du plan Vigipirate dans le quartier de La Défense.
L’un des éléments majeur de ce danger terroriste est la multiplication des modes d’action : à un terrorisme “classique” qui pose des bombes pour commettre des attentats, s’ajoute désormais d’un coté un terrorisme low cost [5] (attentat de Joué-lès-Tours au couteau par un individu aux cris d’« Allah akbar », militaires du 54e régiment d’artillerie attaqués au couteau de cuisine à Nice par Moussa Coulibaly) et d’opérations que l’on pourrait presque qualifier de militaire sur notre propre sol (affaire Merah, attentats de janvier aux fusils d’assaut par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly). "Le sursaut ou le chaos" a été écris fin Mars. Depuis la rédaction de cet essai, les choses semblent s’être encore accélérées : arrestation de Sid Ahmed Ghlam, attentat en Isère, attentat dans le Thalys, ...
Ce terrorisme de guérilla invite également à se poser la question du trafic d’armes en France. Il est inquiétant de noter que bon nombre de spécialistes considèrent que le gouvernement sous-estime le nombre d’armes illégales en circulation en France. Il est par ailleurs significatif de noter que sur une dizaine de caches d’armes retrouvées entre l’automne 2013 et l’automne 2014 dans l’agglomération toulousaine, près d’un quart de ces armes étaient des fusils d’assaut ou des pistolets-mitrailleurs tandis qu’une vingtaine d’entre elles étaient des armes [6].
Un autre mode de terrorisme qui se développe est celui de la cyberguerre. Dans la quinzaine qui a suivi les attentats de janvier, près de 30 000 attaques informatiques ont été détectées en France, et dont plusieurs visaient des cibles ayant un lien symbolique avec ces attentats (comme, par exemple, le site du lycée Charles de Gaulle à Dammartin-en-Goëlle piraté par des djihadistes) [7].
« Nous avons un ennemi sur notre sol. Nous n’avions pas connu ça depuis très longtemps [...] Demain, vous serez autant en opération intérieur qu’en opération extérieur. Le territoire national est un nouveau monde qui vient de s’ouvrir ». Ces propos, tenus par le chef d’état-major de l’armée de terre Jean-Pierre Bosser au lendemain des attentats de janvier montre bien le caractère totalement nouveau du déploiement de l’opération Sentinelle. Jamais depuis la guerre d’Algérie, l’armée n’avait été aussi visible sur le territoire national. Et la France n’avait pas connu d’ennemi sur son propre sol depuis la seconde guerre mondiale. Et de fait, le cadre légal actuel est inadapté à la conduite d’opérations militaires sur le sol national.
Comment la France en est-elle arrivée là ? Qu’avons-nous pour avoir sur notre sol un ennemi de l’intérieur ? Ces islamo-braqueurs comme les appelle Montbrial (que l’on pourrait mettre par ailleurs en parallèle avec l’appellation islamo-caillera que revendique le rappeur Médine) ont grandit et vécu sur notre sol, la plupart ont acquis la nationalité française.
L’autre aspect frappant du caractère intérieur de la menace actuelle est que cet extrémisme a de nombreux soutiens en France : on observe la montée du salafisme (près de 90 mosquées salafistes en France) dans les banlieues, et les nombreux incidents dans les écoles au lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo montrent l’ampleur du phénomène. A travers tout un ensemble d’anecdotes inédites (racisme anti-blanc, mépris des femmes, communautarisme,...), tirés de villes différentes et de milieux différents, Montbrial peint un tableau assez inquiétant de la monté de ce radicalisme un peu partout en France.
Chaque fait séparé peut sembler mineur en soi, mais la chaine d’attentats et d’incidents (comme certains souhaitent pudiquement les appeler) sur fond de communautarisme met en lumière une donnée claire : ces événements ne sont ni anodins ni fortuits. Ils font partie d’une logique qui se développe sur notre territoire, qui s’accélère, et qui, comme le reconnaissait récemment Manuel Valls lui-même, est partie pour durer.
Cette situation est le fruit de la démission des politiques face à la montée du communautarisme, de l’abandon des quartiers dits "chauds" à une autre loi que celle de la république. Ces “40 années de renoncement”, de pressions communautaires acceptées par peur des réactions, de démission de la culture et de l’enseignement ont conduit la France dans un communautarisme aux marqueurs identitaires fort (voile, halal, ...). « Dans le même esprit, l’effondrement général de l’autorité (qui n’est certes pas propre à l’enseignement) a amplifié le phénomène. Et le communautarisme s’est naturellement engouffré dans la faille » [8].
La multiplication des cris d’alarme jamais écoutés face à l’avènement du multiculturalisme a été accompagnée (et l’exemple des incidents lors des matchs de foot des équipes nord-africaines le montre clairement) par une volonté de minimiser politiquement et médiatiquement les débordements comme le rapporte montre une des nombreuses anecdotes rapportées dans cette partie de l’ouvrage : « le matin suivant l’une des deux victoires de l’Algérie pendant a coupe du Monde 2014 il [un membre de la rédaction d’un grand quotidien national] avait préparé un article relatif aux violences et exactions commises notamment à Paris et en proche banlieue après la rencontre. Cet article était abondement sourcé par ses nombreux contacts dans la police et au parquet. Or sa rédaction en chef lui a donné l’ordre de ne pas publier l’article en l’état, au prétexte que « l’AFP n’a pas décrit de telles scènes » » [9].
Doté d’une bonne connaissance des problématiques rencontrées par les militaires et les forces de l’ordre, Montbrial propose un certain de mesures pratiques à appliquer d’urgence.
Le premier est le renforcement de moyens matériels des forces de l’ordre, du policier et du gendarme classique, et non uniquement des unités spécialisées. Ce que l’on observe le plus souvent, et les attentas de janvier l’ont une nouvelle fois confirmé, c’est que les forces de l’ordre (police nationale, police municipale, gendarmes) sont les premiers à être sur place. Le matériel actuel (peu voir pas d’armement pour la police municipale, faiblesse de la protection balistique qui n’est pas toujours portée, armes dont la puissance de feu est bien faible comparée aux armes de guerres souvent utilisées par les terroristes, ...) doit être renforcé (doter par exemple chaque patrouille d’armement plus lourd qu’une simple arme de poing, sécurisé dans le coffre du véhicule par exemple). A cet aspect purement matériel, il faut aussi améliorer l’entrainement au tir des forces de l’ordre. Comme le souligne un de ses confrère, maître Laurent-Franck Liénard, « la formation au tir est la honte de notre pays » [10]. La formation aux situations Amok (cas d’un tueur fou qui ne s’arrêtera généralement de tuer que quand il sera lui-même tué) est quasiment inexistante en France. Il faut donc à la fois augmenter le nombre de séances de tir règlementaires et « permettre à tous les services concernés de bénéficier d’un stage de quelques jours avec des spécialistes de combat urbain. [...] A ceux qui, n’ayant pas encore complètement compris ce qui arrive à notre pays, pourraient considérer ces préconisations comme excessives, je pose simplement la question : l’équipage d’un Kangoo de commissariat aura-t-il plus de chance de survivre à un engagement contre des vétérans de Mossoul ou de Kobané équipés de Kalachnikovs avec ou sans ces matériels et formations ? » [11].
Une autre préconisation est d’augmenter le nombre de personnes armées dans nos rues (autoriser le port d’arme à des personnes qualifiées : anciens militaires, policiers et gendarmes, personnels formés, personnalités menacées ...) : « Il s’agit [...] de permettre qu’une ou plusieurs personnes armées puisse(nt) intervenir dès le début d’une attaque terroriste, contrariant ainsi son issue. Plusieurs attentats ont été stoppés en Israël par le tir de personnes armées à des titres divers, qui vaquaient à leurs occupations lorsque le ou les terroristes sont passés à l’action à proximité » [12].
Troisième point, et cette question est particulièrement cruciale pour les militaires et les forces de l’ordre actuellement engagées dans le cadre de l’opération sentinelle : réformer la légitime défense. « Il parait en effet totalement irréaliste de contraindre des policiers, gendarmes, militaires ou tous autres porteurs légitimes d’une arme à justifier tir par tir et seconde après seconde de la régularité de leur action, alors qu’ils font face à des individus déterminés et dotés d’armes de guerre. Il semble en particulier aberrant de les priver de la faculté de neutraliser de tels individus en cours d’opérations, au prétexte que ceux-ci ne pointeraient pas leur arme vers une cible humaine, les assaillants demeurant intrinsèquement dangereux pour l’ensemble des personnes présentes sur le périmètre. » Pouvoir intercepter ces gens là en faisant usage des armes quand ils se replient, ce que ne permet actuellement pas la législation [13].
Tout un ensemble d’autres mesures juridiques sont préconisées. Notons tout d’abord que Montbrial a soutenu la loi renseignement dont un certain nombre de mesures renforcent les possibilités de surveillance des individus radicalisés. Il soutient ensuite la déchéance de la nationalité, le changement des conditions de détention des islamistes, la fin du laxisme judiciaire (et l’urgence de se poser la question de l’application des peines au vue des casiers de nombre de djihadistes).
Enfin, et ce point est crucial sur tous les plans : la coopération européenne. La lutte contre l’islamisme doit être globale car l’islamisation de l’Europe est non seulement globale, mais la disparition des frontières et l’extension des réseaux terroristes, comme ont pu le montrer plusieurs affaires, dépasse les limites des territoires nationaux.
Lutter contre le terrorisme et le djihadisme en France ne suffira pas à endiguer le phénomène et protéger les français si le pays ne travaille pas dans le même temps et avec une volonté tout aussi forte à restaurer la cohésion de la société française « minée par les faiblesses et gangrénée par le communautarisme » [14]. La première étape pour pouvoir ainsi lutter contre ce communautarisme est d’autoriser enfin les statistiques ethniques en France. Comment lutter contre un phénomène que l’on n’aurait légalement pas le droit de quantifier ?
Se rangeant du coté de Finkielkraut et de Zemmour et reprenant la célèbre formule du générale de Gaulle sur la France « peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne », Montbrial affirme que « la question de l’identité de la société dans laquelle nous voulons vivre ensemble est pourtant ipso facto au cœur du débat » [15].
Citant longuement [16] une tribune d’Anne Lorne (Sens Commun) publiée en mai 2014, il affirme que « de même qu’une personne, ayant pu recevoir par héritage différentes influences, s’ancre résolument dans la culture qu’elle choisit d’aimer, l’Europe, qui a vu déferler sur son sol différentes influences, a historiquement choisi de s’enraciner dans la culture gréco-latine et dans les valeurs judéo-chrétiennes. De fait, la greffe musulmane n’a pas pris sur le long terme, en Espagne comme dans les Balkans. L’identité est donc aussi affaire de volonté et c’est pourquoi elle est un combat permanent » [17].
Il faut donc pour cela s’attaquer aux chantiers de l’éducation et de l’identité : « La reconquête ne peut commencer que par l’école, et par la restauration de l’enseignement de ce qui constitue l’identité française. Nous avons abandonné le champ des valeurs, en sabotant consciencieusement tout ce qui rattachait les enseignements de nos humanités à l’histoire séculaire de notre pays. De ce fait, au lieu d’offrir à des jeunes étrangers ou enfants d’étrangers un modèle à la fois attractif, stable et suffisamment confiance en sa propre force pour les accueillir, nous avons offert le spectacle de la faiblesse et de la résignation » [18]. Une autre institution avait fait ses preuves dans le passé pour briser le prosélytisme communautaire : le service national. Faut-il y revenir ? Probablement.
Et aux étrangers accueillis sur notre sol, il adresse ce message : « Voici nos racines, notre histoire, ce que nous avons construit. Ces valeurs, ce mode de vie, les droits et devoirs qui y sont attachés vous conviennent ? Vous êtes les bienvenus. Ce n’est pas le cas ? Il existe de nombreux endroits dans le monde où vous pourrez vivre selon les règles et les valeurs que vous lui préférez. Mais ne venez pas tenter de nous les imposer » [19].
« Tout d’abord l’islam est aujourd’hui la seule grande religion monothéiste en Europe qui n’a pas rompu le lien entre ce qui relève du domaine séculier d’une part, et ce qui relève du domaine spirituel d’autre part » [20]. Sans cette séparation claire du spirituel et du temporel au sein de l’islam de France, cette restauration de l’unité française se pourra se faire, ce qui n’est pas alors sans soulever un certains nombre de problèmes concernant sa réalisation pratique. Sans prétendre résoudre la question, Thibault de Montbrial soulève les principales difficultés que la réalisation d’un tel aggiornamento rencontrerait.
Se posent de la même manière la question de la création d’une véritable instance de dialogue représentative des musulmans de France, et de la régulation du financement de l’islam de France par des fonds étrangers, ainsi que de la formation, souvent à l’étranger de bon nombre d’imams qui prêchent ensuite dans notre pays.
La première difficulté, et c’est « là réside sans doute la difficulté majeure : les textes fondamentaux de la religion musulmane sont ambigus, et avant tout affaire d’interprétation. Une question aussi apparemment simple que le port du voile donne lieu à des débats enfiévrés, avec des conclusions qui diffèrent selon les théologiens musulmans dans l’espace et dans le temps » [21].
Citant l’islamologue Claude Sicard [22], il soulève ensuite la deuxième difficulté d’un tel processus : « L’islam est une religion qui, à la différence du catholicisme, ne dispose pas d’un corpus avec lequel il soit possible de dialoguer : les courants sont multiples et il n’existe dans l’islam sunnite aucune autorité hiérarchique qui soit en mesure de dire quelle est la vérité et d’imposer celle-ci aux croyants. Le fait que les courants soient nombreux et multiples rend donc extrêmement difficile, voire impossible, la possibilité d’imposer une définition claire et admise unanimement de ce que pourrait être cet islam réformé que l’on dénommerait dorénavant « l’islam de France » » [23].
La solution évoquée par Claude Sicard et par certains musulmans seraient que les musulmans vivant dans des pays non musulmans où ils se trouvent être minoritaires (ce qui est actuellement le cas de les pays occidentaux) ne seraient plus tenus de respecter toutes les obligations islamiques, et pourraient déroger à certaines d’entre elles. Montbrial souligne cependant « le caractère insidieux de ce concept, dont le nom révèle l’ambigüité : la « charia d’une minorité ». La principale condition de sa mise en œuvre est en effet que les musulmans soient minoritaires dans le pays, ce qui implique a contrario que la faculté ainsi ouverte disparaitrait si d’aventure les musulmans devenaient majoritaires. Il ne s’agit donc pas d’une solution pérenne car on imagine les conséquences induites à moyen terme sur l’évolution de l’islam en France si le nombre de ses adeptes continue à croitre dans les proportions actuelles » [24].
« Nous sommes attaqués par des gens qui combattent au nom de l’islam, et on décidé de faire régner un califat sur la plus grande partie possible de la planète. La terre européenne n’est pas épargnée et ils y exportent déjà leur combat. Sans merci, sans pitié, sans une once de faiblesse, ils asservissent les femmes, décapitent, égorgent, brulent, crucifient. Ils assassinent les juifs, les chrétiens, les journalistes, pour ce qu’ils sont... pour ce que nous sommes » [...] L’heure est venue de prendre pleinement conscience de cette réalité ; nous ne l’avons pas cherchée, ni voulue, et encore moins choisie » [25].
« L’Histoire est redevenue tragique, nous l’avions oublié » [26].
[1] p.19.
[2] p.12-13.
[3] p.57.
[4] p.92-93.
[5] p.90.
[6] p.109.
[7] p.110-111.
[8] p.282-283.
[9] p.164.
[11] p.246.
[12] p.249-250.
[13] p.251-252.
[14] p.278.
[15] p.279.
[16] p.280-281.
[17] Le Figaro Vox, « Europe : l’identité introuvable ? », 15 mai 2014.
[18] p.281-282.
[19] p.283.
[20] p.295-296.
[21] p.296.
[22] p.301.
[23] Le Figaro Vox, « Petit manuel pour organiser l’islam de France », 3 mars 2015.
[24] p.302-303.
[25] p.308.
[26] p.310.
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