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Poncif n°9 : « Pfff... Jésus n’a jamais dit ce que vous dites »

17 décembre 2011 Boniface, Tancrède ,

Et comme Jésus n’a dit nulle part : "J’interdis l’usage du préservatif", l’Église doit forcément se tromper en prônant la chasteté et en défendant la vie ...

Ce poncif semble donc bien le plus stupide et le plus irrecevable. Théologiquement, il se traduit par une approche littéraliste et fondamentaliste des Saintes-Écritures. C’est un protestantisme pur et dur. Pourtant, ce poncif fit florès et joua un grand rôle durant le dernier concile.

En effet, beaucoup de "prélats", dans les années 60, ont mobilisé cet argument pour détruire la messe traditionnelle ; en vérité, ils avaient totalement oublié les raisons, les motifs, les textes précis qui avaient présidé à la mise en œuvre de cette liturgie parfaite. Qui a mobilisé cet argument stupide ? Prenons quelques exemples empruntés au corps des grands réformateurs ayant commis les textes définitifs du concile Vatican II. Le cardinal Lercaro, par exemple, évêque de Bologne, surnommé « l’évêque rouge » ; il était à la présidence du concile, et créa le Novus Ordo Missae. Le Concilium avait à sa tête l’archevêque Annibal Bugnini, franc-maçon notoire. Le Concile fut également conseillé par six « observateurs » protestants, remerciés publiquement par le pape pour leur assistance. Depuis quand l’Église a-t-elle besoin de l’aide de personnes qui suivent l’enseignement d’un fou haineux nommé Luther, qui toute sa vie œuvra à détruire et à salir l’Église et la Sainte-Messe en la décrivant comme « pire que tous les bordels réunis » ? Le Concile pensait certainement bien faire, mais son intention était viciée dans son principe ; quant à l’Enfer, il est toujours pavé de bonnes intentions...

L’avantage pour nous, c’est qu’au moins les lignes directrices du Concile sont très claires : œcuménisme et protestantisation. La faction progressiste s’est à l’occasion montrée très favorable aux erreurs protestantes (et ceux qui pensent que le protestantisme n’est pas une erreur n’ont qu’à relire les écrits de Luther et les insultes d’une violence inouïe qu’il a proférées contre la religion catholique). Ainsi, les mentions jadis sans équivoque de la Présence Réelle et de la Transsubstantiation ont été supprimées : nulle part le Nouvel Ordre de la Messe n’est clairement présenté comme un sacrifice d’immolation ou propitiatoire. Nulle part on ne trouve clairement établi que l’Acte sacrificiel est accompli par un prêtre agissant indépendamment de l’assemblée et in persona Christi. Au contraire, il est partout affirmé que c’est le « peuple de Dieu » (l’assemblée) qui célèbre le Rite. Le prêtre est devenu secondaire, en ceci qu’il se limite à une fonction de présidence. Ce n’est donc plus une Messe catholique dans l’acception traditionnelle et doctrinale de ce terme, puisque par définition la Messe est le renouvellement non sanglant mais parfaitement réel du Sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ au Calvaire. Au revoir toutes les prières rappelant que la messe est un vrai sacrifice ! Adieu le Dernier Évangile de Saint-Jean ! Exit les génuflexions, les inclinaisons, les signes de Croix ! Quid des références aux Saints et à la Vierge dans le Libera nos ? Disparues. Le Confiteor ? On peut s’en passer, y compris pour une messe à l’intention d’un défunt. Tout ça pour que nous appelions les protestants à venir partager nos bancs. Que vont retenir les nouvelles générations de cette messe light ? Que vont devenir les croyances religieuses catholiques après un siècle de lobotomisation protestante ? Répétons-le : sans sacrifice, il n’y a pas de culte ; sans culte, il n’y a pas de religion.

« Il y a un argument si simple et si naturel, en faveur des cérémonies de la messe, que l’on ne conçoit pas comment il est échappé aux catholiques dans leurs disputes aec les protestants. Quest-ce qui constitue le culte dans une religion quelconque ? C’est le sacrifice. Une religion qui n’a pas de sacrifice n’a pas de culte proprement dit. Cette vérité est incontestable, puisque chez les divers peuples de la terre les cérémonies religieuse sont nées du sacrifice, et que c’est pas le sacrifice qui est sorti des cérémonies religieuses. D’où il faut conclure que le seul peuple chrétien qui ait un culte est celui qui conserve une immolation [1]. »

Les innovations introduites dans la Nouvelle Messe en disent long sur l’esprit dans lequel le Concile Vatican II fut conduit. C’est pour des raisons œcuméniques que la Nouvelle Messe fut instituée, afin que les protestants de toutes nuances et de toutes convictions puissent entrer dans nos églises partager un « repas » sur une « table » tout en continuant à nous mépriser… Exemple concret de l’esprit de la Nouvelle Messe : Taizé. Frère Max Thurian, de la communauté de Taizé, un des six observateurs protestants du Concilium, proche de Paul VI, affirme que « des communautés non-catholiques pourront célébrer la Sainte-Cène avec les mêmes prières que l’Église catholique ». Taizé s’est spécialisé, depuis 1970, dans les offices concélébrés par un prêtre « catholique » et un pasteur protestant utilisant le Novus Ordo Missae. Taizé, dont certains ont pu faire l’expérience, n’est pas réputé pour être une école de vertu.

Ainsi, le Novus Ordo Missae est ouvert à une large variété d’interprétations qui le rend admirablement adapté aux théologies personnelles et plurielles des protestants. Comme déjà dit, s’il n’y a rien d’ambigu dans les anciens rites de l’Église (tout y est codifié), tout reste à définir dans la Nouvelle messe, que ce soient les erreurs de traduction, les suppressions des gestes et des prières, ou encore les déclarations des réformateurs eux-mêmes. Ne serait-ce que le pape Paul VI, qui affirme d’une part que l’ancienne messe « échouait à exprimer de façon adéquate les saintes choses qu’elle signifiait » (Osservatore Romano, avril 1970) et d’autre part, que « rien n’avait été changé à l’essence de la Messe traditionnelle » (Document on the liturgy, 1963-1979, paragraphe 1757) ; or, on sait qu’une déclaration ambiguë est fondamentalement malhonnête. Chaque parent sait bien que lorsque son enfant recourt à l’équivoque, c’est qu’il a quelque chose à cacher. Ce fut la technique des Protestants – encore une fois – au XVIe siècle : Cranmer et les Anglicans, avec le Premier Livre de Prière d’Edouard, ont tout fait pour le rendre ambigu et pour qu’on ne puisse pas les accuser d’hérésie, pour qu’on ne puisse pas y reconnaître l’instrument d’une interprétation non-catholique du rite. N’oublions pas que Luther garda d’abord les apparences de l’ancien rite romain mais en omettant sciemment de dire les prières nécessaires à la consécration : il trompait ainsi les fidèles qui pensaient communier réellement ; ou plutôt, il pensait leur rendre service.

Boniface
&
Tancrède.

Index des dix plus grands poncifs sur la messe tridentine

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Et prochainement sur le R&N :
 
Une conclusion ?

[1Chateaubriand, Génie du Christianisme, Paris, GF-Flammarion, 1966, t.II, Quatrième partie, Livre premier, Chapitre V, p. 67.

17 décembre 2011 Boniface, Tancrède ,

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