L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
À partir d’une étrange représentation de 1648…
Fils d’Henry IV et de Marie de Médicis - 63e roi de France –
(Fontainebleau 27 septembre 1601 – Saint-Germain-en-Laye 14 mai 1643)
Sacré à Reims le 17 octobre 1610
Par « Vœu de Louis XIII » publié le 10 février 1638, l’on entend la consécration du roi de France lui-même, de son Royaume et de tous ses sujets [1], à Notre-Dame, reconnaissant à la mère de Dieu la souveraineté première sur le pays qui lui est confié en ministère, attachant à ce vœu par-delà lui-même, toute sa descendance et son hoirie. Cela revient à renouveler – par l’adoubement royal de la Mère de Dieu sur son suzerain fils de France à ses pieds - l’acte de donation inouïe, par le truchement de Jeanne d’Arc à 16 heures le 21 juin 1429 en l’abbatiale bénédictine de Saint-Benoît-sur-Loire [2] . La sainte messagère accomplit alors sous monition divine un transfert unique dans l’histoire des peuples, remettant humainement, officiellement, administrativement oserait-on dire aussi, le royaume des Lys à sa reine légitime afin et tout aussitôt, de le transférer au Christ, « vray roi de France » pour l’éternité, par l’intercession de Marie [3] . La jeune fille née dans l’antique fief de l’évêque baptiseur de Clovis, Dom Rémi, avait requis cet héritage aussi insensé que prophétique, de la part de Charles VII quelque peu interloqué mais obéissant, qui le lui confie, c’est-à-dire littéralement lui fait fiance et confiance, « cum fidei », en communion de foi, et la fait véritable reine de France le temps de cette passation, inconcevable hors mandatement céleste ! Puis, c’est du Roi de l’Univers que le roi Charles, légitimé, reçoit par retour immédiat de la Pucelle d’Orléans, toujours choisie pour accomplir ce transfèrement, cette quasi transsubstantiation de lignage, impensable sans miracle, par volonté céleste, l’ineffable et redoutable don de ce royaume saint et prophétique, héritier en sa mission mystique, de celui des rois d’Israël.
Ainsi donc, le royaume des lys, christique et marial, revient en ce sacerdoce royal aux mains de son lieu-tenant ou tenant lieu du Christ, ce petit roi de Bourges rendu à sa mission de roi de France sacré par l’onction avec l’huile sainte de la miraculeuse Ampoule de Reims [4], et devient icône du royaume céleste littéralement acheiropoïète « non fait de main d’homme », puisque donné aux Français par voie directe du Ciel ! La responsabilité de leur roi, sa réponse, son engagement sponsal – même racine sémantique - relèvent bien dès lors d’une sainte Alliance nuptiale entre la France et le Christ.
En 1630 déjà, à Lyon, Louis XIII, s’étant préparé à mourir des suites d’une maladie considérée comme fatale, guérit contre toute espérance et décide déjà d’en remercier Dieu par l’intermédiaire de sa Mère.
Mais le vœu de Louis XIII a pour source mystique les révélations de Notre Seigneur à Anne de Goulaine devenue sœur Anne-Marie de Jésus-Crucifié, religieuse bénédictine stigmatisée, du monastère du Luxembourg à Paris (devenu le Sénat). En 1636, alors que la France était en danger devant l’avancée des Espagnols, le père Joseph remit à son pénitent le roi, un papier écrit de la main du frère Ange, son secrétaire particulier, concernant une révélation que venait de recevoir sœur Anne-Marie. Ce document est conservé au ministère des Affaires Étrangères.
Notre-Seigneur disait à sa sainte fille : essentiel… « Considérez s’il est raisonnable que je sois servi et aimé de tout son cœur par votre Roi après lui avoir fait tant de grâces, et ayant la volonté de lui en faire encore tant de nouvelles ». Plus loin il est dit : « Je l’aime et l’aimerai s’il veut me donner son cœur. (…) Il n’est pas né pour lui-même, mais pour moi et son peuple (…). Je veux, continue la révélation, qu’il fasse honorer ma Mère en son royaume à la manière que je lui ferai connaître ; je rendrai son royaume, par l’intercession de ma Mère, la plus heureuse patrie qui soit au ciel ». Quelle était cette manière d’honorer la Vierge ? « Qu’il plût au roi de mettre sa personne et ses États en la protection de la Reine du Ciel ». Peu de temps après, les 9-11 novembre, la victoire de Corbie contre les Espagnols (Guerre de Trente ans) annoncée d’avance par la religieuse, rendit cette révélation encore plus crédible.
Dès lors, ne voulant retarder davantage le plus haut des bienfaits qu’il puisse apporter à son Peuple, Louis XIII répondit à cet appel du ciel par son vœu, conçu dans le secret de son cœur, soumis au Parlement dès novembre 1637, consacrant officiellement en 1638 la France à la Vierge Marie pour obtenir « une bonne paix », victorieuse, et la fidélité du peuple français au service de Dieu. Nul autre motif, pas même le désir d’avoir un héritier du trône, n’apparaît à ce niveau dans la déclaration royale. Au demeurant, cette proclamation a valeur constitutive, autrement dit constitutionnelle, ad perpetuam… puisque déposée dans l’éternité de Dieu.
L’acte officiel de consécration dit « Vœu de Louis XIII »
fut publié solennellement le 10 février 1638 sous le titre :
Déclaration du Roy qui prend la Bien-heureuse Vierge pour protectrice de ses Estats [6] .
« Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre,
à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut.
« Dieu, qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l’esprit qu’il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre État, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne sans y voir autant d’effets merveilleux de sa bonté que d’accidents qui pouvaient nous perdre.
Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d’en troubler la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause que l’on vit en même temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l’artifice des hommes et la malice du démon ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables à notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice.
La rébellion de l’hérésie ayant aussi formé un parti dans l’État, qui n’avait d’autre but que de partager notre autorité, il s’est servi de nous pour en abattre l’orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints autels, en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques.
Quand nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes qu’à la vue de toute l’Europe, contre l’espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs États dont ils avaient été dépouillés.
Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins, pour faire voir à toutes les nations que, comme sa Providence a fondé cet État, sa bonté le conserve, et sa puissance le défend.
Tant de grâces si évidentes font que pour n’en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l’accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du Fils de Dieu en notre chair, de " nous consacrer à la grandeur de Dieu " par son Fils rabaissé jusqu’à nous et à ce Fils par sa mère élevée jusqu’à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre État, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n’étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables, et c’est chose bien raisonnable qu’ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.
À ces causes, nous avons déclaré et déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre État, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés à ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l’église cathédrale de Paris, avec une image de la Vierge qui tienne entre ses bras celle de son précieux Fils descendu de la croix ; nous serons représentés aux pieds du Fils et de la Mère, comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.
Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris, et néanmoins lui enjoignons, que tous les ans, le jour et fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand’messe qui se dira en son Église cathédrale, et qu’après les Vêpres dudit jour, il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines, et le corps de la ville, avec pareille cérémonie que celle qui s’observe aux processions générales plus solennelles. Ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales, que celles des monastères de ladite ville et faubourgs ; et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris.
Exhortons pareillement tous les Archevêques et Évêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales, et autres églises de leurs diocèses ; entendant qu’à ladite cérémonie les Cours de Parlement, et autres compagnies souveraines, et les principaux officiers des villes y soient présents. Et d’autant qu’il y a plusieurs églises épiscopales qui ne sont point dédiées à la Vierge, nous exhortons lesdits archevêques et évêques en ce cas, de lui dédier la principale chapelle desdites églises, pour y être faite ladite cérémonie ; et d’y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre, et d’admonester tous nos peuples d’avoir une dévotion toute particulière à la Vierge, d’implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu’il jouisse longuement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre bon plaisir.
Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l’an de grâce mil-six-cent-trente-huit, et de notre règne le vingt-huitième. » Louis [7]
Dès lors, d’innombrables représentations de ce Vœu de Louis XIII, que le roi soit aux pieds d’une apparition de Marie tenant l’Enfant Jésus, ou bien au pied de la croix ou en Pietà, depuis les tableaux de Philippe de Champaigne en 1638 (Musée des Beaux-Arts de Caen) et celui des Cordeliers de Laval jusqu’au tableau d’Ingres (1824) conservé en la cathédrale de Montauban, en passant par le groupe de Nicolas Coustou commandé par Louis XIII et d’Antoine Coysevox achevé sur commande de Louis XIV, dans le chœur de Notre-Dame de Paris, pour les plus célèbres qui influenceront les cahiers d’inspiration des commanditaires et des artistes.
Par ailleurs, de par son vœu, Louis XIII instaure la fête de la France et les processions du 15 août – jamais abolies même par la Révolution - durant lesquelles les sujets doivent prier Dieu et la Vierge pour les heureux succès du roi. En outre, chaque église du royaume se doit, si elle ne se trouve déjà sous le patronage de la Vierge, de consacrer sa chapelle principale à la Reine des Cieux. C’est ainsi que l’on vit fleurir tout au long du XVIIe siècle et jusque dans les années de la Restauration au début du XIXe, d’innombrables statues de Marie en reine de France et ostensions de tabernacles sommées de la couronne des lys [8]. Il en reste encore en grand nombre [9].
Les centres de retables : une catéchèse sous tropisme dédicataire
Dans cet esprit de la Réforme catholique, les images peintes ou sculptées furent en abondance destinées à propager l’enseignement catéchétique du Concile de Trente pleinement appliqué alors [10] , dans l’immense chantier de reconstruction des enceintes sacrées de la réforme catholique après les ravages des Guerres de Religion de la fin de la Renaissance. Les œuvres majeures concernaient les retables, axiaux et latéraux. Les grandes représentations centrales, au cœur de cette porte du Ciel [11] , par l’entrée de la Jérusalem céleste que formalisent ces constructions codifiées pour que chaque élément, structurel, ornemental, et surtout représentatif, sont d’importance iconique et liturgique. Tout s’y trouve volontaire, essentiel, purifié au regard de la doxa afin de ne point prêter le flan à la critique protestante, tout en réaffirmant le Credo et les dogmes romains à la lecture de la vie du Christ, au cœur de celles de la sainte Famille, des saints, orientant sur le tabernacle en y affirmant la Présence réelle du Seigneur, et montrant le cheminement de la vie chrétienne depuis les marches de l’autel qui symbolisent les étapes à franchir vers la perfection, en passant par le tombeau du Christ, autel du saint sacrifice, où se réactualise l’eucharistie, viatique absolu, vers la résurrection par la croix.
Christ crucifié entre la Vierge Marie et saint Jean l’Évangéliste,
le roi Louis XIII pénitent, au pied de la Croix
Huile sur toile, 1648, Antoine Cibille pinxit
Chapelle des Pénitents bleus – Beaulieu sur Dordogne © Jean-François Amelot - Seilhac
Or donc, une représentation particulière issue du Vœu de Louis XIII, unique en son genre, apparaît trop étrange pour n’être volontaire en sa particularité, et se trouver prophétique par la justesse de son « repentir » et le signe de son humilité, dans l’économie du salut de la France servie par son roi consacré, par-delà toute vicissitude des temps….
Il s’agit d’une huile sur toile [12] peinte par Antoine Cibille, un artiste du Grand Siècle, né d’une famille ancrée à Darnetz près d’Égletons en actuelle Corrèze, qui contribua en région du Bas-Limousin [13] et du Haut-Quercy à cette évangélisation par l’Art célébrant la Vérité, prônée notamment par saint Charles Borromée, grand connaisseur de l’anthropologie, visant à ensemencer par la Révélation christique les profondeurs de l’Être en convoquant l’émotion, la sensibilité, la contemplation et l’incarnation de la Beauté. Le tableau, conservé en la chapelle des Pénitents bleus de la petite ville [14] , devait orner un retable probablement majeur étant donné son thème et sa qualité. La toile est signée en bas à gauche à la suite du blason de la cité de Beaulieu [15] - sans doute offert par des notables : peut-être les confrères – précisée de 1648. Cette date est donc très précoce dans la vaste campagne de réaménagement des églises selon les préceptes du saint Concile romain.
Ce Golgotha d’autel majeur des rives de Dordogne limousine participe du parfait classicisme français représenté par Le Brun, teinté d’une influence rubénienne elle-même nourrie d’italianisme : synthèse de maîtrise de la noblesse du traitement des formes au service du message sacré. Les drapés comme les coloris sont d’inspiration des maîtres, modérée par le provincialisme du peintre sans qu’il déméritât d’un art au nuances raffinées, à l’habileté du rendu de la densité des corps comme des expressions. Le langage des regards, la beauté des mains et de leur gestuelle, l’élégance des drapés, sont en particulier, notables.
Le champ profond de la toile plonge dans les ténèbres de la Création qui s’accumulent depuis l’érèbe sur l’azur apparemment vaincu, pourtant encore quasi zénithal du Jour saint – il n’est que trois heures de l’après-midi -, mais se référant au déchirement du voile du Temple au dernier souffle du Crucifié. Suggérée à l‘horizon, une silhouette de sanctuaire assimilé à la Jérusalem historique et céleste, qui pourrait être celle du Val-de-Grâce commencé en 1645 à Paris, sur ordre d’Anne d’Autriche…
Le Seigneur, Christus dolens, roi couronné d’épines, le perizonium ceignant ses reins, agité par la tempête des éléments bouleversés, est suspendu à la croix qui habite toute la toile – la titulature I. N. R. I. [16] qui se voulait infâme, historicisant le sommet - lui conférant ses dimensions et son contenu comme celle-ci, désormais, conforme l’Univers. Le Sauveur penche sa tête agonisante vers sa Mère « et voyant près d’elle le disciple qu’il aimait, lui dit » (quatrième de Ses sept dernières Paroles) : « Femme, voici ton fils. » « Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » (Jn 19, 25-27). Il s’agit donc de la fondation même de l’Église confiée à Marie, et de l’envoi en mission de tout disciple, de la désignation de la vocation de chacun. Ici, celle de la France est privilégiée. Tandis que les mains toutes bénédiction et puissance du Mourant, sont atrocement clouées par la cruauté du péché humain, la main de la Vierge, s’approchant de celle de Louis agenouillé, et rejoignant dans ce mouvement semi circulaire, celle de Jean qui désigne explicitement le fils de France, renvoie sans conteste à la Parole de N. S. J. C. donnant à sa Mère, la maternité nouvelle par Jean, sur l’ensemble de l’Église ainsi fondée et par là, de toute l’humanité. En l’occurrence, et c’est là toute la « révélation extraordinaire » de cette représentation, la participation historicisée, contemporanéisée, explicite, est celle du roi de France, en sa personne comme en sa Maison, en son pays - sa patrie épousée sacramentellement, attestant de l’adoubement divin - et redoutable par sa consécration que ce vœu royal déclenche, pour toujours et à jamais sur le chef de la nation. Rien ni personne, surtout pas les enfers, ne pourront dénoncer cette divine et nuptiale alliance.
Le corps lumineux du divin Supplicié en l’instant de sa kénose, déchire l’espace comme une flamme, un éclair suspendu entre ciel et terre, aspiré vers le Père. Marie, à senestre (à droite de la croix), est de face, debout – stabat mater – pieds nus (peut-être avec sandales légères), les yeux levés vers son Fils, le visage irradié par Lui. Parallèle à l’axis mundi, lignum vitae de la Croix, elle est elle-même devenue, pilier sagittal, colonne porteuse du Nouveau Testament. Les cheveux serrés dans un voile jaune, elle porte une robe rose laetare nouée d’une soierie précieuse à la taille, drapée à l’antique d’un manteau - toge ou stola - bleu de ciel. Elle tend ses mains ouvertes, orantes, vers le sol, se donnant, matrice et mère, au monde créé. Jean, à dextre, est de profil trois-quarts gauche, un large pan de tissu pourpre, sorte de chlamyde servant de manteau, recouvrant une robe d’apôtre très sombre. Regardant le Christ, il tend vers lui sa main droite dans un signe d’écoute et d’acceptation. De l’autre main, il désigne le roi. Jean le disciple bien-aimé, est le médiateur, le parrain du roi de France, sa marraine étant la Vierge mère : il s’agit donc, entre autre signe, d’un baptême, ici, par le sang du Christ. Donc le baptême de l’Esprit conféré à Louis le treizième et tout ce qu’il incarne : la France et son Peuple...
Louis XIII est tête nue, cheveux mi-longs, représenté jeune. De profil trois-quarts gauche, il est agenouillé à dextre, blotti contre le pied de la croix – un petit carreau ou coussin blanc, souligne discrètement la qualité de l’orant - vêtu d’une tunique blanche sacerdotale, presque « en chemise », tel saint Louis pénitent auprès des Pauvres chaque semaine. Mais il porte aussi le grand manteau du Sacre, fleudelysé d’or sur fond de velours bleu et doublé d’hermine, et les colliers des grands Ordres de France, de Saint-Michel [17] et du Saint-Esprit. C’est bien le roi très-chrétien aussi humble que consacré, revêtu de la France, mais qui plus est, prend place et signifiance de Marie de Magdala, la bien-aimée du Seigneur, habituellement au plus près du Sauveur crucifié. Le Souverain, tel un roi mage, a déposé en offrande contre le pied du cippe, les regalia : couronne d’or fleudelysée à chef fermé, impériale et non pas seulement royale, en lieu et place du crâne sur le Golgotha censé être le tombeau adamique, fréquemment représenté en ce point germinatif, sceptre également fleurdelysé , à terre, en place des ossements d’Adam, symbolisant le squelette incarné, retournant à la poussière, mission terrestre accomplie dans l’humilité totale de l’humus, poussière néanmoins promise à de nouvelles fécondités régénérées par seule volonté divine. Il convient à ce point de la méditation, de faire reliance entre la couronne-joyau déposée par le roi, tandis que le chef du Christ est transpercé des épines du bandeau de dérision, dont la France s’est fait le reliquaire depuis saint Louis, conférant là bien plus que l’accueil de si vénérables reliques : la seule justification pour le roi de France d’en recevoir l’adoubement et la redoutable mission telle que le roi Croisé le comprît jusqu’à la mort, qui est de ceindre l’épine en lieu et place de la joïance temporelle.
Le rapport à l’adoration royale de la Nativité est perceptible : l’or de la couronne, l’encens incarné par le roi lui-même vénérant son altissime suzerain, la myrrhe suggérée par l’analogie baumière, mais aussi rapport à l’ensevelissement impliquant la résurrection, par Madeleine souvent représentée au calvaire avec le pot à onguent destiné à l’embaumement du divin Supplicié avant le sépulcre. Par suprême analogie avec la sainte de Magdala, Louis XIII, de sa main gauche, tient respectueusement un linge blanc dont il vient recueillir le Précieux Sang s’écoulant du pied droit du Crucifié, sa main s’en trouvant baignée, ointe. Le roi de France, par l’onction du Sacre, est prêtre, il est ici dans la réalité vivante et sacramentelle de son investiture, comme en geste d’élévation sacerdotale du corps et du sang divins, consacré lui-même par le Christ tout offert au moment même, historique et perpétuel, de sa mort…
Mais il y a plus bouleversant encore dans cette représentation, inouï même ! Capital : nous avons à faire, qui plus est, à un Capétien, Louis XVI, en son calvaire, n’étant plus nommé en 1792 que comme « Capet » signifiant précisément – insistance, entêtement plus que sémantique tandis que son chef va tomber - la tête… qui bientôt roulera à terre, l’arrosant de son sang donné à la France… Si Louis XIII au Golgotha de Beaulieu recueille sacerdotalement la « cruentation » immarcescible du Christ, de sa main gauche, celle du cœur, sa main droite au-dessous entoure le pied de la croix, se laissant également baigner, rougie par l’écoulement divin comme par intinction indélébile et permanente. Ses mains sont devenues véritablement Graal avec la fonction mystique et sacerdotale de recueillir l’écoulement de la Vie et de le donner à boire à l’Humanité sauvée, pour qu’elle ait, condition sine qua non, unie au Corps du Seigneur reçu dans l’eucharistie, la vie éternelle !
Enfin, logos, sens, donc indication hiérocryptée d’une direction à prendre, signe suprême de cette œuvre cachée dans la province profonde de France : il y a une troisième main du Roi !!! Ad pectum, le pénitent se frappe le cœur d’une autre main droite !!! Or, ce geste de la coulpe, du repentir, est aussi par ce dernier terme, de même expression que l’effacement par un peintre, d’un élément auquel il renoncerait dans sa composition. Ici, il n’y a pas renoncé. En tout cas, l’une des mains est humainement « de trop » ! Mystiquement, trinitairement, toutes trois sont essentielles ! En insistance clarifiante pour qui douterait encore, cette cinétique gestuelle fait blason de l’humilité sacramentelle du roi de France, dont la superbe est pour le monarque, le péché à fuir comme ver dans un fruit et le faisant communier à la véritable « égalité des enfants de Dieu qui faisait [du roi] le frère spirituel du serf, et même son serviteur qui apporte le cens à son maître. Cette égalité n’étant pas de roture mais de chevalerie » . Par extension, il est également permis peut-être de songer, une nouvelle fois dans la lumière de saint Louis, à la « main de justice » qu’il instaura parmi les regalia, explicitant le sceptre de cet ajustement de source divine que se doit d’exercer le roi envers ses sujets, en commençant par justifier les plus pauvres, de prééminence christique incluant un pouvoir thaumaturge…
Calvaire royal de Beaulieu… - détail © J.-F. Amelot
« Le secret du creuset royal repose sur le don absolu, il vient se loger dans la plus haute forme de tous les abandons : si le souverain porte la Couronne et l’habite en son cœur, alors à son tour la Couronne le porte et l’élève…
Les grâces d’État sont creuset d’humilité… La royauté est d’essence sacrificielle.
car son point culminant est le sacrifice de toute sa personne »
Comme David, roi et serviteur en son alliance entre Dieu et son Peuple, le roi de France bâtit sa Maison avec l’axe architectonique de la croix du Christ qui la gouverne : dans le double sens de bâtir sa demeure terrestre, mais aussi sa lignée. « Sa » Maison, est par ailleurs tant la sienne, périssable possession, que celle du Très-Haut, éternelle, contribuant par sa consécration, à celle du Plan divin sur tout l’Univers créé et incréé. Mais le Pacte divin ne s’entend que par l’imitation absolue de Jésus Christ, laquelle passe par le sacrifice du Calvaire. L’oublier, c’est sombrer dans l’orgueil, meurtrier désigné de l’Alliance divine, du Pacte d’amour avec le Père, le Fils et l’Esprit saint, vouant les Peuples à leur malheur.
Le roi pénitent de Beaulieu a compris le mystère, et entend, en cette manifestation, le vivre en le respectant quoiqu’il en coûtât. Les faiblesses humaines n’épargnant pas les rois, ils écriront cependant l’Histoire certes en cahotant et trébuchant sur leur humanité, mais sans que le terme voulu par décret divin n’en déviât vers son oméga prophétique.
Or, dans ce tableau de Beaulieu, qui n’est point une icône au sens de l’écriture révélée d‘une présence céleste, mais d’une re-présentation d’un mystère à méditer , un concentré d’enseignement politique et théologique bouleversant se trouve transmis, résumant avec une économie certaine de moyens, le fondement même et la légitimité humaine, de la France chrétienne et de ses rois. Cette légitimité ne peut être que servante, associée étroitement au don du sang dans le Sacrifice du Seigneur. Redoutable mais inéluctable mission…
Et cet Acte fondateur rejaillit sur toute la descendance, la bénit, en proclamant et n’en retenant que du bien. De même, en s’acharnant à l’assassinat du Roi de France et de la lignée, les révolutionnaires manipulés par l’esprit de ténèbres ont cru éradiquer ce mystère unique accordé à la France. Ils n’ont fait hélas que répandre un sang martyr dont le poids de ce crime rejaillit en chacun de nos jours, mais n’ont, et ne pourront jamais, tuer les vray roi et reine de France qui sont le Christ et Marie, en l’Esprit saint, cœur du Père.
Laissons à Sa Sainteté Pie XII la parole conclusive et anagogique qui par-delà tous les royaumes, conduit au seul qui est patrie de chaque vie créée :
« Sans doute, seul Jésus-Christ, Dieu et homme, est Roi au sens plein, propre et absolu du mot ; Marie, toutefois, participe aussi de sa dignité royale, mais de manière limitée et analogique parce qu’elle est la Mère du Christ Dieu et qu’elle est associée à l’œuvre du Divin Rédempteur dans sa lutte contre les ennemis de l’Amour, et au triomphe qu’il a obtenu sur eux tous, l’ultime devant être la Mort elle-même. En effet par cette union avec le Christ Roi, elle atteint une gloire tellement sublime qu’elle dépasse l’excellence de toutes les choses créées : de cette même union avec le Christ, découle la puissance royale qui l’autorise à distribuer les trésors du Royaume du Divin Rédempteur ; enfin cette même union avec le Christ est source de l’efficacité inépuisable de son intercession maternelle auprès du Fils et du Père.
Que tous s’efforcent selon leur condition de reproduire dans leur cœur et dans leur vie, avec un zèle vigilant et attentif, les grandes vertus de la Reine du Ciel, Notre Mère très aimante. Il s’ensuivra en effet que les chrétiens, en honorant et imitant une si grande Reine, se sentiront enfin vraiment frères et, bannissant l’envie et les désirs immodérés des richesses, développeront la charité sociale, respecteront les droits des pauvres et aimeront la paix. Que personne, donc, ne se croie fils de Marie, digne d’être accueilli sous sa puissante protection, si, à son exemple, il ne se montre doux, juste et chaste, et ne contribue avec amour à la vraie fraternité, soucieuse non de blesser et de nuire, mais d’aider et de consoler.
Vivement désireux que la Reine et Mère du peuple chrétien accueille ces vœux et réjouisse de sa paix la terre secouée par la haine et, après cet exil, nous montre à tous Jésus qui sera notre paix et notre joie pour l’éternité, à vous Vénérables Frères et à vos fidèles, Nous accordons de tout cœur, comme gage du secours du Dieu tout-puissant et comme preuve de notre affection, la Bénédiction Apostolique. »
Louis XIII formula son Vœu à Boulogne-sur-Mer, lieu d’un antique pèlerinage à la Vierge venue des Eaux océanes, vénérée depuis les Mérovingiens [18].
Certes le Vœu de Louis XIII de 1638 n’énonce en rien la demande d’un héri-tier tant désiré depuis vingt-deux ans de stérilité, et que conçut enfin la reine, naissance advenue après tant de supplications passant par les révélations au frère Fiacre le 27 octobre 1637 à Notre-Dame-des-Victoires à Paris, tout juste fondée par le Roi, via le sanctuaire de Notre-Dame-de-Grâces en Pro-vence, sous la protection de saint Joseph à Cotignac. La Vierge apparut au pieux Augustin en lui disant : "N’ayez pas peur, dit-Elle, je suis la Mère de Dieu, et l’enfant que vous voyez est le Dauphin que Dieu veut donner à la France" et demande trois neuvaines à Notre-Dame de Cotignac en Pro-vence, à Notre-Dame de Paris et à Notre-Dame des Victoires, lesquelles se-ront achevées le 5 décembre 1637. Le 5 septembre 1638, neuf mois après jour pour jour, naissait l’héritier au trône, regardé par le couple royal comme une grâce évidente obtenue par Notre-Dame. Louis XIII, annonçant l’heu-reux événement aux ambassadeurs, s’exprimait ainsi dans sa lettre : "Tout ce qui a précédé la délivrance de la Reine, le peu de durée de son travail et toutes les circonstances de la naissance du Dauphin font voir que ce fils lui est donné de Dieu par la puissante intercession de la Sainte Vierge." [19]
Cependant le lien du Vœu avec la naissance royale demeure fondamental, reliant l’attente et la prière du couple de Louis et Anne, parent d’un enfant donné par Dieu avec l’aide de la prière de tout un Peuple, porte dans son essence toutes les familles de France, sous la bienveillante protection de saint Joseph, patron secondaire de la France, ainsi qu’il est vénéré à Cotignac déjà évoqué.
Or il se trouve non loin du Vœu de Beaulieu, au nord de ce même Bas-Limousin, un petit tableau iconique prolongeant les célébrations évoquées, peut-être même peint par le même artiste. Il s’agit de l’Enfant Jésus au Lys, portant les Instruments de la Passion, daté de 1639, un an après la nais-sance de Louis XIV. L’insistance sur l’imitation de Notre Seigneur de la per-sonne royale ne peut plus faire de doute… [20]
« Père, ceux que tu m’as donnés,
je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi… » Jn, 17,24
Ideslys
[1] « sujet » : le mot, le concept, sont essentiels, faisant de chaque français l’axe primordial de la « phrase », du discours, du logos royal, tout au contraire d’un objet, secondaire. Le sujet pour le roi, n’est pas tant un être assujetti, dépendance qui renvoie à la responsabilité du maître sur le sujet à l’opposé d’un quelconque esclavage, mais surtout, est l’être essentiel, premier, principiel, avant lui- même, auquel il donne sa vie, et par-delà à son pays tout entier.
[2] Le document est aux Archives nationales. Jehanne, Dieu et le roi : la triple Donation. « Jehanne dit à Charles : « Sire, me promettez-vous de me donner ce que je vous demanderai ? » Le Roi hésite, puis consent. « Sire, donnez-moi votre royaume ». Le Roi, stupéfait, hésite de nouveau ; mais, tenu par sa promesse et subjugué par l’ascendant surnaturel de la jeune fille : « Jehanne, lui répondit-il, je vous donne mon royaume ». (1re donation) Cela ne suffit pas : la Pucelle exige qu’un acte notarié en soit solennellement dressé et signé par les quatre secrétaires du Roi ; après quoi, voyant celui-ci tout interdit et embarrassé de ce qu’il avait fait : « Voici le plus pauvre chevalier de France : il n’a plus rien ». Puis aussitôt après, très grave et s’adressant aux secrétaires : « Écrivez, dit-elle : Jehanne donne le royaume à Jésus-Christ’’ » (2éme donation). Et bientôt après : « Jésus rend le royaume à Charles » (3e donation). À lire ces lignes, on comprend mieux pourquoi le Ms de la Franquerie a pu dédier son livre sur « La mission divine de la France « À Jeanne la Pucelle, Martyre pour la France et pour le Roi et héraut de la Royauté Universelle du Christ ». Si Charles VII et ses successeurs avaient compris, ils auraient fait enchâsser le merveilleux parchemin dans l’or et dans la soie ; ils l’auraient entouré de pierres précieuses car ils n’avaient pas dans leur trésor diamants comparables. Ils l’auraient relu et médité tous les jours. Non seulement ils seraient aujourd’hui sur le trône, mais l’univers serait dans les bras de Jésus-Christ. Et ce serait la France qui l’y aurait placé’’. J.- B. Ayroles, S. J. « La vraie Jehanne d’Arc », p. 59
[3] Ce fait historique, consigné par notaire, devra être connu et reconnu par les Français, devenus à jamais sujets du Très Haut, avec leur adhésion à la vocation de leur patrie et donc de leur nationalité, historiquement d’origine surnaturelle.
[4] Le roi par nature « potestas », devient « filiator » par l’onction de l’huile sainte, acquérant l’« autoritas » du droit divin, ce qui signifie pour le Roi, DEVOIR (mais aussi de voir, sens littéral d’épiscopus : par son sacre, il devient aussi – mystérieuse investiture, « évêque du Dehors ».Une goutte d’huile plutôt que mille lances pour assoir la légitimité du pouvoir, qui doit être don au Peuple, et devoir d’obéissance envers la loi de Dieu.
[5] Cette consécration du royaume de France, parfaitement connue des rois du Très-Pur-Lys, remonte aux origines baptismales de Clovis. Voir en fin d’article, le rappel des principales manifestations du Ciel en faveur de la France.
[6] Paris, S. Cramoisy, 1638, reproduite dans le Mercure François ou suite de l’histoire de notre temps…, t. XXII, 1641, p. 284-288.
[7] À cette consécration de Louis XIII, il faut adjoindre en amont, la réception –transfusion par Louis IX en 1238 (consécration de la sainte Chapelle-Reliquaire le 26 avril 1248) des reliques incomparables du Golgotha et en aval, l’écho sacrificiel de celle de Louis XVI (voir en fin d’article la retranscription d’icelle).
[8] Le lys, pure fleur immaculée au parfum céleste, emblème de Marie mais aussi de saint Joseph, est essentiellement le symbole même, trinitaire, de l’Incarnation qui par la Purissima, ne s’accomplit que dans sa totale virginité pouvant seule, par le don de tout son être sans la moindre ombre, accueillir la plénitude. Le lys royal de France, par ailleurs intrinsèquement blasonné en sa structure, de la Croix, épée de Feu, germe de Vie, se réfère donc rien de moins qu’au mystère même de la révélation chrétienne, du Fils de Dieu fait Homme dans l’ardeur de la Très sainte Trinité – Le Père qui est tout l’Amour donné, le Fils, tout l’Amour reçu, le saint Esprit, tout l’Amour échangé (d’après
la vénérable Marthe Robin via le Père Finet). Le lys de France stylise l’image du dard central incandescent, entouré de deux pétales s’épanouissant entre terre et ciel, les trois « lances » se reflétant en leur enracinement à la base de l’emblème.
Marie est Reine, Dame, Mère du Roi et des anges. Son Fils a mis en sa couronne sept lys, et entre les lys, sept pierres précieuses. Le premier lys, c’est son humilité, le deuxième la crainte, le troisième l’obéissance, le quatrième la patience, le cinquième la stabilité, le sixième la douceur, car c’est à ceux qui sont doux qu’il convient fort bien de donner à tous ceux qui demandent ; le septième est la miséricorde dans les nécessités : en effet, en quelque nécessité que l’homme se trouve, s’il l’invoque, il sera sauvé.
[9] Pour remercier Dieu et la Vierge Marie, les deux souverains offrirent aussi à Notre Dame de Lorette, en Italie, deux couronnes d’or et de diamants pour la Vierge et l’Enfant-Jésus. Un ange en argent tenant en ses bras un petit dauphin en or complétait le présent : « La France rend à la Vierge le dauphin que la Vierge lui a donné » disait l’inscription du socle. De même un couvent fut établi à Meulan par les soins de la reine, le couvent des Annonciades (ordre fondé par la reine ste Jeanne de France), et le roi fonda un séminaire pour trente-trois étudiants pauvres, tandis qu’à Paris s’élevait, sous la protection d’Anne d’Autriche, le monastère et l’église du Val-de-Grâce en reconnaissance du vœu que la reine de France avait formulé auprès de la Reine du Ciel pour obtenir la naissance d’un fils. À l’âge de sept ans, Louis XIV posa lui-même la première pierre du Val-de-Grâce.
[10] Convoqué par Paul III le 22 mai 1542, il se terminera le 4 décembre 1563 après vingt-cinq sessions. Il ne s’appliquera en France véritablement qu’au cours du règne de Louis XIV, freiné dans ses applications par les résistances gallicanes.
[11] L’expression vient du songe de Jacob voyant une échelle et des anges montant et descendant entre la terre et le ciel. À son réveil, il s’écria : « Que ce lieu est redoutable ! Ce n’est rien de moins qu’une maison de Dieu et la porte du ciel ! » (Gen. 28, 17)
[12] Longtemps relégué, en grand danger de destruction, repéré en 1974 par le conservateur départemental des Antiquités et Objets d’Art de la Corrèze, il put être restauré enfin en 1991.
[13] Voir L’art religieux en Bas-Limousin – Peintures, sculptures et mobilier, sous la direction d’Isabelle Rooryck, éd. Le Tournefeuille – Jouanaud, 1998.
[14] Cette chapelle fut affectée à la confrérie des Pénitents bleus, d’obédience franciscaine, au XIXe s. seulement, mais précédemment église paroissiale Notre-Dame du Port-Haut, consacrée à la Vierge en son Assomption, depuis le XIIe s., succédant à une église carolingienne réservée aux moines
[15] Beaulieu, alanguie au bord de la Dordogne, source de sa richesse première, porte en blason ici sommé d’un cimier de profil gauche, en chef une porte d’enceinte à trois tours crénelées, en abîme deux clefs d’or sur champ de sinople ou de sable.
[16] Iesvs Nazarenvs Rex Ivdaeorum – Jésus de Nazareth roi des Juifs
[17] La référence à l’Archange, Grand connétable céleste, chef des armées divines sous le commandement de Notre-Dame et patron secondaire de la France, est également primordiale dans le décours de la destinée de la France. L’Ordre fondé en 1469 par Louis XI, fut complété par celui du Saint-Esprit en 1578 par Henri III, fut aboli en 1791 puis recréé en 1816 par Louis XVIII, devenant privilégié pour les artistes…
[18] Cette origine demandera un développement important trop long pour s’ajouter au présent essai, mais qui est également une étoile capitale sur la longue marche de la France vers son destin de Fille ainée de l’Église, royaume du Christ et de Marie. Rappelons seulement le pèlerinage miraculeux de la Vierge nautonière, dit « du Grand re-tour » de Lourdes à Boulogne entre 1943 et 1948…
[19] Cf. Encyclopédie Maria, t. IV, Beauchesne 1956, p. 714.
[20] I. Rooryck, L’Enfant-roi de la Tourette, extrait du B.S.L.S.A.C, 1978, 12 p., ill.
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