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« Accomplir le sacerdoce dans le culte aux dieux et s’occuper des affaires politiques sont ainsi une seule et même chose dans leur nature. La vénérable piété et la humble adoration du Tennô envers les dieux se transcrivent telles quelles en politique dans Son profond amour du peuple. C’est la naturelle union du sacerdoce et de la politique [union de trône et de l’autel] qui caractérise notre constitution [kokutai]. L’union du sacerdoce et de la politique est un fait inébranlable et sacré de l’histoire du pays depuis sa fondation, comme le rappelle un édit de la dévotion à la paix des âmes de l’an 3 de l’ère Meiji : « Nous repensons souvent avec tendresse à la grande œuvre de nos ancêtres qui commencèrent à rendre grâce au dieu solaire et à prodiguer ses soins tendres à la multitude. » » [1]
Pour restaurer, il faut retrouver le chemin de la vérité derrière les fumées vaporeuses, étouffantes et aveuglantes de la modernité. Certains dogmes de la religion moderne sont devenus si profondément ancrés qu’il ne saurait être question de les remettre en cause. Le diable possède ce pouvoir fascinant de faire croire que le mal et bien, et de faire croire que les souffrances ne viennent pas de mauvais principes, qui condamnent irrémédiablement à l’erreur. L’histoire montre que jamais l’homme n’a fini de travailler sur le chemin du bien, même lorsque pourtant il est sur le bon chemin. La vérité ne s’acquiert jamais, elle se recherche, elle s’expérimente peu à peu. Il suffit simplement de marcher sur cette voie. Or le malheur de notre temps consiste dans cette impossibilité de marcher dans la bonne voie, à part miracle des histoires personnelles, puisque partout les indications nous mène sur le chemin du mal, en nous indiquant le paradis...
Séparation de l’Église et de l’État. Comment donc en l’espace de seulement un siècle, cette mesure, prétexte pour persécuter les chrétiens et l’Église, le massacre programmé et la perte d’influence calculée de la religion dans tous les domaines de la société, puisse être devenue intouchable, dans une sorte de profanation constante érigée absolue, qui devient un sacré inversé ? Sans sortir de la République malfaisante, il est quasiment impossible de se rendre compte de l’ampleur de la catastrophe que nous considérons, si ce n’est comme bien, au minimum comme normal. Seule l’expérience d’une vie hors de la société habituelle, où la transmission, soit la tradition, s’est maintenue à travers les générations, permet de réaliser certaines évidences perdues. Pauvres victimes que nous sommes dans l’ignorance de la beauté passée, et dans l’impuissance face aux malins qui nient ces réalités que nous n’avons jamais connu, et que donc, il est difficile de vraiment soutenir. Lorsqu’on ne voit que la laideur, on en vient à ne plus croire au beau. Quelle tristesse !
Le Japon, heureusement, nous montre le beau spectacle de la sagesse éternelle transmise depuis les temps primitifs. Les Japonais sont ces indiens d’Amérique, jamais exterminés, jamais réduits, qui ont pu porté la sagesse éternelle aux nues. Notre vieille société chrétienne avait retrouver grâce à Jésus Christ cette sagesse immémoriale. Un élément essentiel de cette sagesse permet de prendre conscience de l’absurdité totale de cette séparation de l’Église et de l’État.
Oui, une absurdité. Cela ne veut pas dire que le contraire est « l’union de l’Église et de l’État », ce qui ne veut rien dire – on peut avoir de gros doutes sur l’exactitude et le sens du mot État, et l’Église est par définition indépendante et cohérente à elle seule, et ne peut donc fusionner avec rien sur cette terre. Non, le véritable contraire, la normalité éternelle correspond au classique « union du trône et de l’autel » que nous rappelle parfaitement l’union du sacerdoce et du gouvernement nippon, qui continue évidemment depuis la fin de la guerre – et cela malgré la séparation prétendument constitutionnelle du religieux et du politique qui, en fin de compte, ne fait que s’appliquer à la religion chrétienne, ce qui permet de sauver toutes les traditions nipponnes qui ne connaissent ni Église, ni clergé structuré. Le Tennô continue ainsi toutes ses fonctions sacerdotales. Et le mot habituellement traduit par « politique », matsurigoto 政, signifie à la fois choses du culte et chose du gouvernement. Comme le royaume de France était le royaume de Dieu sur terre manifestée par son lieutenant, le Roi Très Chrétien, le Japon est le pays qui marche dans la voie des dieux grâce au Tennô, manifestation du divin.
Et depuis un siècle, on n’y voit plus clair, même dans les discours des catholiques « bisounours ». Il paraît que spirituel et séculier doivent être séparés. Ils doivent être peut-être distingués, et ainsi se trouver dans une hiérarchie l’un à l’autre, le spirituel dirigeant le séculier, mais il ne saurait y avoir une véritable séparation. On pouvait distinguer en physique énergie et matière, mais Einstein rappela leur équivalence profonde, en réalité, comme pour rappeler l’évidence séculaire qui s’applique aussi dans la religion et le gouvernement.
La religion, c’est-à-dire la voie de la vérité, cherche à sanctifier le monde. Et la religion catholique ne déroge pas à la règle. La vocation de la terre est d’appartenir au Seigneur :
« Au Seigneur le monde et sa richesse,la terre et tous ses habitants !C’est lui qui l’a fondée sur les merset la garde inébranlable sur les flots. » [2]
On se rappellera aussi de ce texte de l’Apocalypse de Saint Jean qui évoque « le Trône et l’Agneau » dans la description de la cité céleste et terrestre [3].
A cet instant, on répliquera un peu trop facilement la phrase, « Mon royaume n’est pas de ce monde », pour justifier cette pseudo-séparation. Ici se trouvent les limites de la traduction de la bible en Français. Si on se réfère en effet à Jean Hani, il serait tout aussi possible de traduire l’original par « Mon royaume ne provient pas de ce monde » et signifie donc que si la légitimité de la royauté sacrée n’est jamais séculière, et provient de Dieu, elle n’en est pas moins dans notre monde et de ce monde [4]. On ne saurait attendre la mort pour s’approcher de la vérité et souffrir de nous laisser errer sur les chemins du faux pendant notre existence terrestre.
Restaurer la France, c’est restaurer la royauté sacré, c’est-à-dire avant tout « l’union du trône et de l’autel ».
[1] Collectif, Le voie des sujets (臣民の道), Ministère des Lettres, Tôkyô, 1941, chapitre 2, sous-partie 1 sur le kokutai. Traduction par nos soins
[2] Psaume 23, de la messe de la Toussaint 2014 le 1er Novembre.
[3] 7, 2...14. En particulier : « Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau ! »
[4] Citation un peu longue mais indispensable de Jean HANI, La Royauté sacrée, Paris, L’Harmattan, 2010 (1984), p.146-147 : « La suprématie universelle du Christ Roi est le fondement de toute la doctrine politique du christianisme. C’est là un point qu’il ne devrait pas y avoir à discuter. Pourtant, à l’intérieur même du christianisme, et dès les premiers siècles, des voix se sont élevées pour prétendre que la royauté du Christ n’avait rien à voir avec le gouvernement des hommes, étant purement spirituelle, et ne concernait pas la gestion du domaine temporel ; bref, qu’il n’y avait pas à chercher dans la royauté du Christ, telle qu’elle s’affirme dans l’Écriture, l’origine, le principe et le fondement, en même temps que la justification du pouvoir temporel. C’est pourquoi, bien que notre exposé ait suffisamment démontré le contraire, il convient de cerner la question d’encore plus près et de réfuter au passage les fausses raisons mises en avant par le parti adverse.
Le principe argument de celui-ci est tiré des paroles mêmes du Christ au cours de l’interrogatoire chez Pilate. A la question du procurateur : « Es-tu roi ? », on l’a dit plus haut, Jésus répondit : « Tu l’as dit, Je le suis » ; et il ajouté : « Mon royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18, 33-37). C’est en s’appuyant sur ces dernières paroles que l’on prétend nier la royauté temporelle du Christ ; par ces mots, dit-on, le Christ aurait affirmé que son pouvoir ne visait qu’à la régence des âmes et des esprits, qu’il ne songeait pas à régner sur un autre domaine et qu’il laissait les hommes libres d’organiser seuls, sans lui, leur société et la gestion des affaires temporelles.
En réalité il s’agit là d’une interprétation totalement fausse du texte évangélique et qu’il est impossible de justifier, non seulement du point de vue théologique, comme on le verra, mais même du point de vue philologique et grammatical. Certes, la traduction française est ambiguë et prête à confusion, du fait que la préposition de sert en français à désigner l’appartenance autant que l’origine ; mais que le texte original, grec, n’est pas sujet à contestation : la phrase é basileia mou ouk estin ek toutou tou kosmou signifie, et ne peut signifier, qu’une chose : « Mon royaume ne provient pas de ce monde », la préposition ek ne pouvant indiquer que l’origine. Ce que confirme d’ailleurs, un peu plus loin dans le texte, les mots ouk estin enteuthen, « il (mon royaume » n’est pas d’ici » (hinc dans la traduction latine). Le sens serait certainement plus clair en français, si l’on traduisait : « Ma royauté n’est pas de ce monde », ce qui est tout à fait possible, le mot basileia ayant les deux sens de « royauté » et de « royaume » dans le grec du Nouveau Testament, aussi bien dans le grec classique. Si Jésus dit que sa royauté ne vient pas de ce monde, c’est pour signifier qu’elle vient d’En-Haut, qu’elle n’est pas une royauté selon le monde, mais une royauté infinie éternelle. Bref, Jésus traite ici la question d’origine, et non celle de terrain et de compétence. ».
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