L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
Notre perception du religieux archaïque ne peut probablement pas faire fi de l’apport de la théorie mimétique formulée par l’anthropologue et philosophe René Girard [1].
Sans prétention, nous souhaitons résumer brièvement la genèse d’une religion archaïque, à la lueur de cette approche :
Selon René Girard, il y a donc à la source du sacré archaïque le meurtre collectif d’une victime contre laquelle s’est polarisé le ressentiment du groupe lors d’une crise qui l’affectait. Ceux qui connaissent les travaux de René Girard me pardonneront, je l’espère, une présentation si succincte.
Comme héritiers du judaïsme, l’œuvre de Girard met en lumière un événement essentiel d’un point de vue anthropologique tiré de l’Ancien Testament : il s’agit de l’évolution du sacrifice qui ne doit plus être humain avec l’interdiction faite à Abraham de sacrifier son fils Isaac dans la Genèse (22, 1 – 14).
Dans le Nouveau Testament, Girard analyse à la lueur de cette théorie mimétique la situation qui fait dire à Caiphe en Jean (11, 50), en parlant de Jésus :
« Et vous n’avez pas pensé
qu’il est bon pour nous
qu’un seul homme meure pour le peuple
et que tout le peuple ne périsse pas [2] »
Caiphe, ici, prophétise une grave crise capable de faire éclater Israël déjà sous le joug d’une colonisation romaine et dont l’annonce du messianisme de Jésus pourrait être le déclencheur. Il sait le moyen de la prévenir : le sacrifice du bouc émissaire tout désigné, Jésus. Mais la novation extrêmement importante qui établit une différence absolue entre les autres mythes et l’Évangile est que celui-ci reconnaîtra et proclamera l’innocence de Jésus, victime sacrificielle. [3]
Quelques conclusions rapides :
[1] René Girard, anthropologue et philosophe français est né en 1923. Ancien élève de l’École des chartes et professeur émérite de littérature comparée à l’université Stanford et à l’Université Duke aux États-Unis, il est membre de l’Académie française depuis 2005.
[2] traduction Claude Tresmontant.
[3] Lire à ce sujet : René Girard, « Je vois Satan tomber comme l’éclair ».
Il y aurait probablement une réflexion à mener sur la place de la violence mimétique dans l’islam. Le refus de l’islam de croire en l’incarnation de Dieu dans le Christ s’accompagne en effet de l’absence de reconnaissance du sacrifice de Jésus sur la croix (Sourate IV, 157 : « Or, ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude : ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l’ont certainement pas tué. »). Ce simple refus de reconnaitre que le Christ incarné est mort sur la croix pour nous sauver ne doit pas empêcher (en théorie) l’islam de refuser la violence mimétique mais il le prive de la voie royale que constitue le récit des Évangiles de la Passion en tant que lynchage mimétique d’un innocent. Il serait intéressant d’étudier la question pour voir si l’islam s’engage malgré tout dans cette voie du refus de la violence mimétique ou si elle l’ignore complètement.
[4] Dans son œuvre, je pense que 3 livres doivent être mis en avant : La violence et le sacré – Des choses cachées depuis la fondation du monde – Le bouc émissaire. Mais ce n’est qu’une opinion personnelle.
Le R&N a besoin de vous !
ContribuerFaire un don
Dernières dépêches : [NOUVEAUTÉ] Sortie du jeu de société chrétien « Theopolis » • Retour de la communion sur les lèvres à Paris • Etats et GAFA : l’alliance impie est en marche • [CHRISTIANOPHOBIE] Retour sur le concert raté d’Anna von Hausswolff • [ÉGLISE] Les hussards de la modernité à l’assaut des derniers dogmes de l’Eglise • [IN MEMORIAM] Charles, entre idole des jeunes et divinité laïque • [CHRÉTIENTÉ] L’épée d’Haïfa et la chevalerie rêveuse • Le service public l’a décrété : le wokisme n’existe pas • [IN MEMORIAM] L’Heure des comptes viendra-t-elle bientôt ? • [IN MEMORIAM] 4 novembre 1793 : Louis de Salgues de Lescure
Le Rouge & le Noir est un site internet d’information, de réflexion et d’analyse. Son identité est fondamentalement catholique. Il n’est point la voix officielle de l’Église, ni même un représentant de l’Église ou de son clergé. Les auteurs n’engagent que leur propre conscience. En revanche, cette gazette-en-ligne se veut dans l’Église. Son universalité ne se dément point car elle admet en son sein les diverses « tendances » qui sont en communion avec l’évêque de Rome : depuis les modérés de La Croix jusqu’aux traditionalistes intransigeants.
© 2011-2024 Le Rouge & le Noir v. 3.0,
tous droits réservés.
Plan du site
• Se connecter •
Contact •
RSS 2.0