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Les personnes transgenres ont la cote ces dernières années et sont instrumentalisées pour légitimer sans aucune vergogne l’idéologie de genre. C’est le moins qu’on puisse dire… Il faut bien admettre que celles-ci sont, parfois malgré elles, présentées comme la preuve irréfutable que la réalité biologique ne détermine pas l’appartenance d’un individu à l’un ou l’autre sexe.
Offensive médiatique en faveur d’une « révolution transgenre »
Pour mieux faire accepter ce qui jusqu’alors n’allait pas de soi, le showbiz, les médias mainstream, le monde de la mode se révèlent être une arme redoutable. En 2014, Thomas Neuwirth, alias Conchita Wurst, était célébré à l’Eurovision. Cette même année, le magazine américain Time affichait en une Laverne Cox, acteur/actrice transgenre et titrait « The transgender tipping point » (« Le point de bascule pour les transgenres »). Plus récemment, la version anglaise du magazine National Geographic consacrait un numéro spécial à « la révolution transgenre » avec en couverture un garçon trans originaire du Kansas, Avery Jakson, qui à l’âge de 5 ans a décidé de devenir une fille. Aujourd’hui, nombres de grandes marques se targuent d’avoir pour égéries des mannequins transgenres… Dans son numéro de mars 2017, le magazine Vogue Paris ne mettait-il pas à l’honneur la « célèbre beauté transgenre » Valentina Sampaio ? Qui l’eût cru il y a encore quelques années ?
Nous vivons une époque vraiment formidable. Le 16 janvier dernier, la grande info du jour nous venait d’outre-Manche : pour la première fois en Angleterre, un homme était sur le point d’accoucher. Ce jour-là, TéléStar écrivait complaisamment : « Premier papa britannique à donner la vie, Hayden Cross nous rappelle forcément la belle histoire de Thomas Beatie, cet Américain qui a donné la vie à trois enfants entre 2008 et 2010. Aujourd’hui définitivement un homme, Thomas Beatie ne peut plus donner la vie. Mais son histoire a fait le tour du monde, et lui a même permis d’être finaliste à Secret Story 10 sur TF1 en 2016. » Prière de nous extasier devant cette prouesse qui consiste à être un homme et enceinte, enfin enceint devrions-nous dire…
Pourquoi faudrait-il s’en offusquer puisque selon Thomas Beatie « le désir d’avoir un enfant n’est ni masculin, ni féminin. C’est un besoin humain. Je suis une personne et j’ai le droit d’avoir biologiquement un enfant ». Affirmer le contraire ne serait pas seulement un manque d’élégance mais la marque d’un esprit rétrograde, insensible et transphobe. Pour ces apprentis sorciers, peu importe si cela défie les lois de la nature, remet en cause le droit de la filiation et bouleverse l’institution de la famille. Peu importe aussi la conception que la société se fait de l’intérêt général et de celui de l’enfant. L’homme enceint : c’est le nec plus ultra de l’idéologie du genre, le fruit monstrueux du narcissisme contemporain, le stade ultime du déconstructivisme soixante-huitard. Il convient alors de changer la législation pour que le désir des adultes prime, comme la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) et le gouvernement s’emploient méthodiquement à le faire.
La France condamnée pour « atteinte à la vie privée » des personnes transgenres
La CEDH a rendu le 6 avril dernier un arrêt qui condamne la France dans trois affaires concernant des personnes transgenres nées hommes mais s’identifiant comme femmes. Cet arrêt, loin d’être anecdotique et d’une portée purement symbolique, dénote une réelle volonté des juges européens de s’immiscer toujours plus dans le droit de la famille des États membres du Conseil de l’Europe et d’imposer une jurisprudence compatible avec les revendications des groupes de pression LGBTIQ.
N’ayant pas obtenu gain de cause auprès des tribunaux français à qui ils demandaient un changement d’état civil, les trois requérants ont déposé un recours devant la CEDH qui leur a donné raison. La législation française, à l’époque des faits, autorisait le changement de sexe à l’état civil uniquement sous certaines conditions. Si le Code civil français impose qu’un enfant « doit être obligatoirement rattaché à l’un des deux sexes, masculin ou féminin, et mention doit en être faite dans son acte de naissance qui fixe définitivement cet attribut de son état » (Art. 57-1), les personnes transgenres peuvent, depuis 1992 [1], faire modifier leur état civil après s’être soumises à une expertise (médicale, psychologique…). Cette expertise donnait aux juges de la possibilité de s’assurer de la réalité du syndrome transsexuel et de constater l’irréversibilité de la transformation suite à un traitement médical et/ou une intervention chirurgicale entraînant une forte probabilité de stérilité. Pour le législateur français, ces conditions permettaient que seules les personnes réellement en souffrance, phénomène rare, soient autorisées à faire une telle démarche. Elles évitaient en outre de bouleverser les règles de filiation. C’est précisément ce que la CEDH reproche à la France.
Selon elle, la législation française a le tort de conditionner la reconnaissance de l’identité sexuelle des personnes transgenres à la réalisation d’une opération ou d’un traitement stérilisant qu’elles ne souhaitent pas forcément subir, ce qui revient à conditionner le plein exercice du droit au respect de la vie privée à la renonciation au plein exercice du droit au respect de l’intégrité physique... Aux yeux des juges européens, la loi française était donc de nature à porter atteinte à la vie privée des personnes transgenres en vertu de l’article 8 de la Convention européenne des Droits de l’Homme.
Notons cependant que cet arrêt n’aura aucun impact législatif en France, celle-ci ayant devancé les désirs de la Cour. En effet, le droit français ne conditionne plus, depuis fin 2016, le changement de la mention du genre à l’état civil au "caractère irréversible de la transformation de l’apparence" des requérants. Si le Parlement français et la CEDH se sont mis au diapason, ce n’est évidemment pas encore le cas pour l’ensemble des États membres du Conseil de l’Europe dont une majorité subordonne encore la modification de l’état civil à l’irréversibilité du changement de sexe. Au risque d’être condamnés à leur tour, ces États n’ont d’autre choix que de modifier à leur tour leur législation afin de satisfaire les lubies de quelques associations minoritaires auxquelles des magistrats ont cédé par faiblesse ou idéologie. Nous avons là un cas d’école du gouvernement des juges et une atteinte caractérisée à la souveraineté des États…
Une anthropologie totalitaire : du « naître soit fille soit garçon » au « n’être ni garçon, ni fille »
Plus grave, on nage ici en pleine idéologie du genre. Juges et responsables politiques se rendent complices d’une entreprise totalitaire qui vise à imposer une nouvelle anthropologie totalement déconnectée de la réalité naturelle et destructrice de la famille traditionnelle.
La condition d’irréversibilité requise par le droit français jusqu’en 2016 était un garde-fou qui empêchait d’aboutir à certaines aberrations. L’enjeu est de taille. Philippe Reigné, chercheur au Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique, favorable à la suppression de la mention du sexe à l’état civil, en fait lui-même l’aveu : « Ce qui se joue derrière cette condition de stérilité, c’est la volonté de ne pas bouleverser les règles de filiation. Les juges veulent éviter qu’un enfant ait une double filiation paternelle ou maternelle, ce qui pourrait arriver si un trans procréait après son changement de sexe juridique. Cet argument juridique tient pourtant moins bien la route depuis la loi de mai 2013 qui a admis la possibilité d’avoir deux parents de même sexe, par le biais de l’adoption des couples homosexuels. La raison de cette frilosité est en réalité très archaïque : on ne veut pas voir d’homme enceint. » [2] Force est de constater que le législateur français et la CEDH ont depuis passé outre cette « frilosité », ce que le lobby LGBTIQ, à la capacité d’influence inversement proportionnelle à sa représentativité, n’a pas manqué de saluer tout en précisant que ce n’était pas suffisant... Cela ne saurait tarder sous la pression des zélateurs du genre qui voudraient dé-judiciariser la procédure du changement d’état civil et la remplacer une simple démarche en mairie.
Jean Hauser, spécialiste du droit de la famille, a vigoureusement dénoncé ce dangereux glissement : « Certains voudraient que le sexe juridique ne s’appuie que sur la seule volonté des individus. Ce serait révolutionnaire : on pourrait, pourquoi pas, changer de sexe plusieurs fois dans une vie… Finalement, la notion de sexe disparaîtrait tout simplement de l’état civil, puisqu’elle ne serait plus un état mais un choix. » [3] Bref, certains voudraient pouvoir changer de sexe comme on change de chemise… Finie l’humanité fondée sur l’altérité sexuelle, terminée la complémentarité homme-femme, exit l’insupportable hétéro-normativité, condition pourtant nécessaire à la survie de l’espèce humaine ! Place désormais à un être humain délié de tous ces concepts surannés hérités du passé, à la neutralité originelle, à l’humanité libérée du joug stigmatisant et arbitraire du donné biologique.
Comme toute idéologie, celle du genre porte en elle les germes d’un totalitarisme foncièrement révolutionnaire, insidieux, sournois et mortifère qui enferme les jeunes générations dans un rapport falsifié au monde, à la nature, au corps… Qui nous fera croire le contraire et osera décemment soutenir que les pédagogies dites neutres ne sont pas une tentative d’embrigader nos chères têtes blondes dans une vision radicale d’un monde privé de la différence sexuelle ? Quels parents, soucieux de l’équilibre de leurs enfants, pourraient accepter que ceux-ci grandissent avec l’idée prométhéenne qu’il revient à eux seuls de choisir s’ils se sentent fille ou garçon, s’ils sont homme ou femme ?
L’idéologie du genre, une violence faite aux enfants
Or, en dépit de tout bon sens, c’est bien ce vers quoi le système éducatif tend. La Suède, pays pionnier en ce domaine, n’est-elle pas l’exemple à suivre ? Là-bas, sous prétexte d’égalité des sexes, on apprend aux enfants à lutter contre les « stéréotypes de genre », exactement ce que veulent mettre en place les idéologues de l’Éducation nationale avec l’appui de Najat Vallaud-Belkacem qui se garde bien d’en demander autant pour le Maroc. On aurait tort de sous-estimer les effets délétères de la théorie du genre. Certains établissements suédois ont pris les directives du gouvernement tellement au sérieux qu’ils ont inventé un pronom personnel neutre « Hen » pour désigner les enfants. On ne s’étonnera pas que 197 enfants et adolescents suédois ont demandé de changer de sexe l’année dernière, soit un doublement par rapport à 2015 !
Il faut voir avec quelle fureur les disciples de Judith Butler, « théoricienne du genre », entendent changer les mentalités. Les hurlements d’indignation suscités en mars dernier par un bus circulant à Madrid avec l’inscription « Si vous naissez homme, vous êtes homme. Si vous naissez femme, vous resterez femme » en disent long sur le sectarisme et le fanatisme qui les animent. Il fallait à tout prix interdire cette phrase jugée transphobe tant il est vrai qu’à leurs yeux « il y a des filles qui ont un pénis et des garçons qui ont une vulve » (sic !).
Après les « camions fous », voici donc les « Bus de la haine » que la dictature de la tolérance veillera à mettre hors d’état de circuler. Tant pis si cela se fait au nom d’énoncés aussi délirants que celui-ci : « Homme et masculin pourraient aussi bien désigner un corps féminin qu’un corps masculin ; femme et féminin autant un corps masculin qu’un corps féminin. » [4] Énoncé qui n’est pas moins absurde que « 2 et 2 font 4 ou 5 » ou que « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. » Les manifestants contre la loi Taubira instaurant le mariage homosexuel ne croyaient sans doute pas si bien dire lorsqu’ils lançaient ce slogan : « Je ne veux pas que ma mère s’appelle Robert ! ». C’est littéralement ce qui est en train d’advenir à coup de lois dites de modernisation, de décisions judiciaires et à l’aide d’un lavage de cerveaux orwellien qui n’a rien à envier à celui jadis pratiqué dans les camps de rééducation socialistes. Face à ce changement de civilisation, pour le bien de nos enfants, répétons-leur à l’instar de Rudyard Kipling : « Tu seras un homme, mon fils », mais aussi « tu seras une femme, ma fille »...
[1] Jusqu’en 1992, la Cour de cassation française refusait toute modification de la mention de sexe sur l’état civil. Déjà à l’époque, la France avait été contrainte de faire évoluer son droit sous l’action de la CEDH.
[2] Sonya Faure, « Être stérile pour changer de sexe, ça va durer encore longtemps ? », Libération.fr, 20 mars 2015.
[3] Idem
[4] Judith Butler, Trouble dans le genre, 1990
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