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[EX-LIBRIS] Le Vrai visage de Luther

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Luther

« Si l’on supprimait des œuvres de Luther toutes ses injures, on réduirait facilement à un seul les huit volumes de ses écrits. »
Saint François de Sales

Il y a cinq cents ans, le 31 octobre 1517, l’ermite de Saint-Augustin Martin Luther posait à Wittemberg le geste que l’on sait, déclenchement public d’un vaste mouvement resté dans les annales sous le vocable de « Réforme ».

À en croire certains, cette année 2017 qui en marque le cinquième centenaire devrait être consacrée à la célébration de la mémoire et à la redécouverte de la vie et des œuvres du plus grand hérésiarque du deuxième millénaire, reléguant par là même les apparitions de Fatima de 1917 aux oubliettes. C’est pourtant ce dernier centenaire que l’on doit préférer et mettre en avant, que ce soit pour notre salut personnel ou bien pour faire éclater aux yeux du monde les promesses de la Vierge Marie.

C’est fort à propos que les Éditions Clovis ont remis en librairie un petit ouvrage d’une bonne centaine de pages destiné à remettre les pendules à l’heure dès lors qu’il s’agit de Luther. Le but premier est de dissuader tous les catholiques qui seraient naïvement incités à conférer une certaine autorité au diablotin d’Eisleben de le faire. Il faut dire qu’il y a de quoi être déboussolé lorsqu’une statue de Luther trône en bonne place au Vatican, et c’est à juste titre que la visite pontificale des 31 octobre et 1er novembre 2016 à Lund a suscité des réserves de la part du sensus fidei, notamment chez les catholiques suédois si l’on en croit un récent article paru dans la revue Catholica [1] faisant état de la gravité des actes posés.

Poser les jalons d’une bonne enquête

Le Vrai visage de Luther [2] a été publié pour la première fois en 2007 aux Éditions de La Reconquête, le texte ayant été rédigé en 2006 (l’avant-propos original, reproduit dans cette seconde édition, est daté du 24 avril 2006 à Écône).

La présente réédition, de mai 2017, a été révisée et enrichie, non seulement avec l’ajout d’une préface inédite de monseigneur Bernard Tissier de Mallerais et un nouvel avant-propos de l’auteur contextualisant son texte par rapport aux enjeux actuels, mais avec des développements supplémentaires directement dans le corps du texte.

La nouvelle présentation qui est faite de cet opuscule (en ce qui concerne les dimensions mais certainement pas l’importance) rappelle quelques points fondamentaux de la foi catholique pour écarter tout irénisme ou conception biaisée de l’œcuménisme : par exemple, « en tant que telles, ni la secte ni la religion fausse ne peuvent incorporer à l’Église [3] ». C’est un moyen de rappeler que s’il y a des protestants ou – même – des musulmans qui se sauvent individuellement, ce n’est certes pas grâce à l’hérésie qu’ils sont sauvés, mais malgré elle. Ce n’est toujours que le Christ qui sauve, et l’Église catholique est seule son Corps mystique : il ne s’agit donc pas d’avoir une conception strictement humaine, juridique et politique de l’Église, comme s’il s’agissait d’un conglomérat numérique passant des accords avec d’autres ensembles juridiques (communautés) tout aussi dignes, ou presque, car de même nature… Il semblerait que cette dernière façon de voir les choses soit depuis quelque temps celle en usage dans les plus hautes sphères, que ce soit à l’égard de la Fédération luthérienne mondiale ou de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X d’ailleurs [4].

Cet ouvrage de lecture aussi rapide qu’instructive est de la plume de l’abbé Jean-Michel Gleize, professeur de théologie réputé être l’un des conseillers de monseigneur Bernard Fellay dans les relations avec la curie romaine. C’est l’un des théologiens les plus honnêtes et les plus sérieux de notre époque, dont les qualités sont depuis des années déployées dans la revue Le Courrier de Rome – dont il assume une grande partie de la rédaction – ou dans des ouvrages de référence tels que Vatican II en débat – une réponse aux différents titres consacrés à ce thème par monseigneur Brunero Gherardini en Italie, débat malheureusement passé inaperçu en France, mais nous aurons le temps d’y revenir dans d’autres articles.

L’abbé Gleize, dont la clarté est à elle seule une garantie comparée à la complexité de mauvais aloi de nombreux théologiens puisant à la source de la philosophie allemande moderne des positions trop souvent hétérodoxes, est l’un des rares esprits à se faire humble dans le développement de sa pensée : il sait saisir la substantifique moelle de toute doctrine pour la présenter de manière parfaitement objective, à tel point que l’on se demande parfois, dans sa théologie, comment il va parvenir à surmonter et à répondre aux objections qu’il soulève – mais il y réussit avec brio.

Comme il se prive de parler pour ne rien dire, s’il est possible d’appliquer cette expression aux écrits, l’auteur s’est donné les moyens de commettre un livre au contenu puissant et convaincant.

En suivant une méthode irréprochable et sans arrière-pensée, l’abbé Gleize commence par faire un état des lieux historiographique de la question qu’il s’apprête à présenter et trancher.

Ses « remarques bibliographiques », succinctes et claires, sont une bonne feuille de route pour quiconque voudrait approfondir certains détails de la vie de Martin Luther.

Le dominicain Denifle est largement salué pour son Luther et le luthéranisme [5] reproduisant quelques exemples de la propagande luthérienne où l’obscénité est de mise. Des éloges sont également adressés au jésuite Grisar [6] et à Léon Cristiani dont le chef-d’œuvre [7] a été récemment réédité par les Éditions Parthénon (2016).

En revanche, la biographie de l’historien français Lucien Febvre [8], de l’école des Annales, est démasquée dans ses points litigieux. Elle cherche en effet à légitimer la révolte de Luther en partant d’abus de l’Église romaine (les pages 105-106 en sont une anthologie de flagrant parti pris à cet égard ; tout aussi déplorables que la relation de l’entrevue avec Cajetan, personnage plus qu’irréprochable moralement et de grande magnanimité, en plus d’avoir avec brio acculé Luther dans ses contradictions), d’où un développement biaisé des faits. Jacques Maritain est salué [9], mais les limites de son Trois réformateurs relevées, à cause du « vice fondamental qui affecte ici toute la pensée de Maritain, sa fameuse distinction entre l’individu et la personne [10] » ; tandis que le jésuite Boyer, dans des travaux plus récents [11], réétudie la question Luther à l’aune de l’esprit du concile Vatican II (en plus de louer sans aucune réserve l’ouvrage de Lucien Febvre), en dépit de la reprise d’observations traditionnelles et pertinentes. À une lettre près, on tombe sur Bouyer, à fuir absolument [12].

Pas de duperie : l’essayiste nous annonce d’emblée d’où il parle, en écartant les loups de la bergerie, avant de se lancer dans un exposé remarquable pour l’esprit de synthèse dont il fait preuve – il n’est pas une page qui ne contienne des informations de première importance.

Luther : l’homme

Après ses parties introductives, l’abbé Gleize consacre la première section de son opus à la personne et à la vie de Martin Luther, non pour limiter ses critiques à des attaques ad hominem, mais pour mieux comprendre la genèse de ses doctrines et l’interprétation à en faire à la lumière de leur mise en application du vivant même du moine révolté né le 10 novembre 1483 à Eisleben en Saxe.

D’ailleurs, l’abbé Gleize applique un rigoureux esprit critique historique, ne retenant que les faits avérés et révoquant en doute des légendes souvent brodées a posteriori pour ternir, si c’était encore possible, une image qui n’avait pas besoin de l’être. En effet, c’est Luther lui-même qui déclara que pendant son séjour à la Wartbourg (1521-1522) « le diable est devenu son professeur de théologie et lui a inspiré son traité sur l’abrogation de la messe [13] ». Si les Propos de table ne sont pas de la première authenticité, ils peuvent être fiables, mais on n’a même pas besoin d’y recourir : les écrits de Luther suffisent à le démasquer.

De nombreux commentateurs ont observé, d’une manière générale, que le mode oratoire de Luther était empreint de violence et de formules bien trouvées (au moyen de l’hyperbole) mais faciles, et que sa théologie était pleine de contradictions.

On peut plus facilement comprendre cette dernière réalité en apprenant de la plume de l’abbé Gleize les carences de la formation du jeune Luther, qui, associées à l’orgueil de l’homme, sont à la source des événements futurs.

Faisant ses premières classes à Mansfeld où ses parents habitent, le jeune Martin suit à partir de 1497 les cours de l’école cathédrale de Magdebourg et poursuit son cursus à Erfurt, ville dont l’université est imbue de nominalisme. Les notes de Luther y sont excellentes : baccalauréat ès arts libéraux en 1502, avec la deuxième place sur 57 ; maîtrise en philosophie en 1505, avec le même rang sur 17 reçus.

C’est alors vers le laïcat et le droit que se dirige Luther, et ce n’est qu’en 1505 que semble poindre une vocation à l’issue d’une violente tempête où il crut sa dernière heure arrivée. Cette « vocation » précipitée et non éprouvée, il souhaite la concrétiser tout de suite : il n’attend que deux semaines pour entrer chez les ermites de Saint-Augustin d’Erfurt, pour un postulat de quelques semaines seulement et un noviciat écourté !

Premiers vœux en 1506, sacerdoce en 1507 à l’âge de 24 ans… c’est un très rapide changement dans sa vie, dont l’imprudence n’avait guère besoin des dénouements postérieurs pour être manifestée. Ses supérieurs n’ont pas eu froid aux yeux : alors que Luther n’a commencé ses études de théologie qu’après avoir été ordonné prêtre, il est envoyé dès 1508 à l’université de Wittenberg (fondée en 1502, ce qui peut expliquer que Luther ait pu y faire tout ce qu’il lui plaisait sans jamais être corrigé), pour y enseigner !

De manière fort habile, l’abbé Gleize compare ce parcours accéléré avec celui de l’un des esprits humains les plus doués de tous les temps : saint Thomas d’Aquin. Le contraste est saisissant, et trop peu connu. Voici le curriculum vitæ qui donna à l’Église son meilleur compendium – si l’on peut dire ! – de théologie :

Trois siècles plus tôt, en 1239, saint Thomas d’Aquin entre en relation avec l’Ordre des frères prêcheurs, après avoir passé déjà neuf ans au monastère bénédictin du Mont-Cassin. Il est alors âgé de seize ans et va réfléchir encore pendant cinq ans avant de se décider à intégrer l’Ordre de saint Dominique, en 1244. Puis, durant huit ans, le futur Docteur angélique fera son humble apprentissage, sous la férule de saint Albert le Grand. Il reçoit le sacerdoce en 1250, alors qu’il atteint sa vingt-cinquième année. […] Il sera professeur au bout de quatre ans seulement, en 1256, à l’âge de 30 ans passés [14].

L’impressionnante productivité de saint Thomas d’Aquin n’a été rendue possible que par l’aide de secrétaires (il dictait plusieurs choses au cours des mêmes séances) et, surtout, du Saint-Esprit, quand on sait qu’elle a tenu dans un très court laps de temps : 4 061 pages de l’édition Marietti composées entre octobre 1268 et fin avril 1272, soit 1 253 jours de travail possibles seulement [15], sans jamais négliger son devoir d’état ni pâtir de surmenage (contrairement à Luther, dont les œuvres n’ont certainement pas la même fécondité ni, surtout, la même construction) ! L’abbé Gleize y voit d’ailleurs « un journaliste » n’ayant jamais été « capable de rassembler ses cours pour composer un grand traité didactique [16]. »

Cet enseignement vaut encore, et sans doute bien davantage, pour notre époque où l’on veut tout avoir tout de suite, et ce dans tous les domaines – sauf peut-être, remarquez, dans les vocations religieuses, qui se font rares… Les journaux font volontiers leur une sur les plus jeunes bacheliers, sur les plus jeunes députés, sur les plus jeunes auteurs, sur les plus jeunes candidats à telle élection ou concours : comment, dans l’impératif qu’est de devoir gagner sa vie et de faire carrière sans le soutien des générations passées à cause de la destruction des liens familiaux, ne pas se laisser prendre au piège ? Pourtant, si l’orgueil pousse à atteindre trop tôt les sommets en des matières futiles, il ne daigne pas s’abaisser à assumer les vocations naturelles : on n’a jamais commencé à travailler aussi tard, tandis que l’âge au mariage (et la maturité ou l’instruction véritable en général) est incomparablement plus élevé qu’au XIIIe siècle (entre autres).

Mais revenons à notre sujet. Luther, autodidacte orgueilleux, croît dans son coin, et « la tentation va lui venir (face à la contradiction de ses supérieurs) de se prendre pour un homme inspiré de Dieu [17] ».

Le contexte aura fini d’être posé avec la description du petit ordre religieux auquel Luther appartenait – il faut savoir qu’« en 1521, tous les religieux de l’Ordre des augustins passeront à la réforme protestante [18]. » En fait, un mouvement de réforme secouait la congrégation, entre les observants qui désiraient une authentique discipline monastique, et les conventuels qui souhaitaient conserver leur relâchement vis-à-vis de la règle originelle. Ce sont ces derniers – dont fait partie Luther – qui remportent la mise avec la démission d’un supérieur général (c’est la raison du départ temporaire de Martin Luther pour Rome en 1510). On n’imagine certes pas les réformateurs clunisiens faire triompher la tiédeur… Contre certaines idées reçues (de tous bords), il convient de rappeler qu’en 1517 Luther est tout sauf un moinillon : il est l’un des noms « les plus en vue de l’Ordre des augustins [19]. » Tout était prêt pour qu’il pût compter sur des soutiens nombreux dans son entourage.

Dans un second temps, l’étude de la personnalité de Luther n’est pas moins intéressante : il ne s’agit pas d’à-côtés, mais d’un élément essentiel si ce n’est déterminant de l’évolution de ses thèses [20]. Son angoisse quant à son salut personnel est bien réelle, de même que sa « tristesse chronique [21] », sa « sombre mélancolie [22] ». Dans l’étude de ses sermons de 1514-1517, donc de la période officiellement « catholique » du moine, son tempérament est déjà bien palpable : « Luther souhaite avoir l’air original, il ne veut pas penser et parler comme tout le monde. Son orgueil prend la forme dangereuse d’une certaine excentricité intellectuelle [23]. » En étudiant les prêches de toute la vie de Luther, on remarque en outre qu’ils « se réduisent tous à trois ou quatre idées, toujours les mêmes : attaques contre les œuvres, beauté du pur Évangile ; injures contre le pape ; lamentation sur les pasteurs [24] ». Dans ses prédications, qui font mouche il faut l’avouer, c’est l’émotion qui tient le haut de pavé : il mise tout dessus et, en cela, il peut être dit résolument moderne si ce n’est actuel… En ce sens, le recul du catholicisme n’est toujours qu’un recul de la raison et de la sagesse devant les passions, impressions et sentiments. L’ambiguïté a elle aussi droit de cité pour plaire à un public plus large : « Chacun peut comprendre le discours de Luther en fonction de ses propres aspirations [25]. »

L’élément le plus terrible de la vie monastique (si l’adjectif est permis en un tel cas) de Luther, c’est son acédie et l’irrégularité ou la rareté de ses prières, ce dont il attestait lui-même dans ses lettres de 1516. L’abbé Gleize de commenter :

Il y a là de quoi être effrayé : cet homme qui va se poser en réformateur et osera défier le pape n’a déjà plus aucune vie intérieure. Par la suite, Luther révélera à deux reprises, en 1531, puis en 1542, que durant ces années 1512-1517 il omet pendant plusieurs jours de suite, voire pendant plusieurs semaines de réciter son bréviaire [26].

Ce n’est qu’en vain qu’il essaye de tout rattraper d’une façon ou d’une autre après coup : son observance de la règle est brisée, et son état de grâce de facto mis en doute [27]. Bien sûr, le commun des mortels (dont, notamment, le peuple) ignorait tout de cela à l’époque.

De fait, c’est dans ces mêmes années que Luther conçoit son système hérétique : dès 1515 d’après Cristiani, et l’abbé Gleize ne peut que confirmer cette hypothèse en partant du contenu des cours sur l’épître aux Romains donné par le moine professeur en 1515-1516 [28].

Ajoutons à ce tableau psychologique les troubles physiques d’un homme sujets à des problèmes cardiaques, à des vertiges, à des étourdissements, à l’alcoolisme, au refus du jeûne et des mortifications…

C’est là-dessus que vient se greffer la tempête qui naît de l’affichage de la porte de la chapelle du château de Wittemberg le 31 octobre 1517 : Luther ne s’attendait probablement pas à susciter un tel mouvement qui, le dépassant en grande partie, aboutirait à l’apostasie [29]. Un succès que le père Paquier avait comparé à celui de l’islam [30]. Il faut dire que l’absence ou la lenteur de réaction de la part de l’Église de Rome (condamnation formelle en juin 1520 seulement [31]) n’a pas aidé à empêcher l’hérésie et le schisme de se propager – ce qui n’excuse en rien leurs fauteurs. De même, sur son lit de mort, Charles-Quint aurait regretté de ne pas avoir neutralisé Luther à temps, quand il le pouvait… Son édit de Worms (1521) condamnant Luther à mort et ses écrits au feu n’a guère été appliqué, et son auteur s’est absenté en Espagne… jusqu’en 1530.

La rupture est très rapidement consommée : à peine Luther quitte-t-il sa retraite de la Wartbourg qu’il revient dans son couvent de Wittenberg le 5 mars 1522. Il a été déserté par les anciens religieux qui ont défroqué et pris concubines ; Frédéric de Saxe s’arroge la propriété pour la donner à Luther qui y vivra en famille (il se marie avec une nonne en 1525) en bénéficiant des rentes attachées au lieu. C’est l’époque de la guerre des paysans où l’attitude de Luther fait froid dans le dos. En 1530, on peut dire que les actes de Luther sont irréversibles, ses sectateurs allant même plus loin que lui : « Zwingli et Mélanchton se séparent de Luther parce qu’ils nient la présence réelle [32]. »

La Réforme, c’est aussi un mode opératoire et une entreprise organisationnelle. À cet égard, la stratégie suivie par Luther est stupéfiante : il brûle tous ses vaisseaux d’entrée de jeu, puis il fait mine de couvrir le feu en mettant fin à des excès qu’il a lui-même causés ou que ses enseignements ont provoqués chez ses disciples : « La tactique marxiste, qui inspire plus ou moins tous les mouvements révolutionnaires, procède toujours ainsi en deux temps : deux pas en avant et un pas en arrière. Moyennant quoi, la révolution progresse lentement mais sûrement, en profitant de la naïveté de ses adversaires pour endormir leur méfiance [33] ».

Une bien triste existence pour Luther, qui se termine dans la nuit du 17 au 18 février 1546, dans des circonstances pas forcément bien établies. Par prudence, l’abbé Gleize critique par l’historiographie et l’étude des sources tout éventuel suicide – ce qui d’ailleurs serait un peu trop facile et un beau loupé de la part du démon – et il retient une mort naturelle dans son lit.

La doctrine luthérienne

C’est sans doute la partie la plus salutaire du Vrai visage de Luther, car elle nous permet de nous prévenir contre le virus du protestantisme, beaucoup plus répandu qu’on pourrait le croire, dans l’Occident sécularisé du XXIe siècle.

Loin d’être un romancier, l’abbé Gleize ne fait pas dans le suspense. Il annonce dès son avant-propos pour la seconde édition la couleur et l’essence de la doctrine luthérienne :

Voilà de l’aveu même de Luther, ce qui sépare les protestants et les catholiques : le sacerdoce (et avec le sacerdoce, le saint sacrifice de la messe) ; la Tradition du Magistère ; le pouvoir de la papauté. Et ce sont là les trois pivots sur lesquels repose l’unité de l’Église, voulue par le Christ : unité de sacrements et de culte qui dépend du sacerdoce ; unité de foi qui dépend du Magistère et de la Tradition ; unité de gouvernement qui dépend du primat du pape [34].

Rappelons que l’unité est l’une des quatre notes (avec la sainteté, la catholicité et l’apostolicité) qui attestent de l’authenticité de l’unique Église du Christ, notes qui font défaut au protestantisme – et la nouvelle conception de l’Église qui en découle, reprise par le modernisme, ne doit pas faire illusion [35].

C’est assez terrible quand on remarque que l’ecclésiologie luthérienne « est une véritable “Constitution civile du clergé” [36] », ouvrant la voie à l’État moderne, totalitaire et despotique dans sa définition même de détenteur de monopoles – à mille lieues d’une Cité organique.

En soi, même si l’usage majoritaire des historiens semble devoir nous l’imposer, l’utilisation de certains termes est une erreur étymologique à défaut d’être intellectuelle. C’est le cas d’orthodoxes pour désigner les cérulairiens, photiens et autres schismatiques grecs, mais ça l’est aussi pour la « Réforme ». C’est à juste titre que des édits royaux français parlaient de la « RPR » (religion prétendue réformée) et que le pape saint Pie X commentait :

Le projet de ces novateurs n’est pas la restauration mais plutôt la déformation et la destruction de la foi et des mœurs […]
Ils ont appelé réforme ces révoltes séditieuses et cette perversion de la foi et des mœurs, se donnant à eux-mêmes le titre de réformateurs. Mais en réalité, ce furent des corrupteurs [37].

Les théories d’un Lucien Febvre et des protestants ont trop longtemps occupé le devant de la scène. À les en croire, la Réforme serait une juste réaction à des abus (comme si le péché de certains hommes rendait légitime de se séparer du Corps mystique du Christ qu’est l’Église [38] : ce n’était pas la manière de procéder de saint Pierre Damien) : dans cette veine, les historiens bienveillants vis-à-vis de Luther s’ingénient à ne point trop s’attarder sur la doctrine luthérienne.

On y verrait tout au plus un rejet nationaliste de Rome (tout en sachant que pour les Allemands d’alors c’est toute l’Italie qui incarne grosso-modo le vice et l’oisiveté), en oubliant qu’Érasme n’a jamais rompu avec alors qu’il a écrit des choses bien pires sur la Curie [39]. Ce dernier s’est d’ailleurs opposé au « serf arbitre » de son correspondant.

C’est évident : le protestantisme repose sur des principes philosophiques nouveaux, révolutionnaires et non catholiques. À base de nominalisme, c’est aussi un recentrage sur l’homme qui est placé au premier plan de l’univers, devant Dieu, réflexe corrélatif à une « perte du sens surnaturel [40] ».

La base humaniste, c’est-à-dire humaine et charnelle, du protestantisme ne doit pas être négligée. Cela explique sa contradiction sentimentale fondamentale : un écartèlement entre un « désespoir aveugle et absolu » et une « confiance aveugle et absolue » (développée dans le sola fide). « La doctrine de Luther est un amalgame entre deux extrêmes : elle est profondément déséquilibrée [41] ». On en voit les fruits en l’espace de quelques années, et ce dans la vie même de Luther : « la corruption morale la plus complète [42] ».

De façon générale, les idées de Luther – contrairement à ses haines – sont tout sauf claires. Non seulement elles varient avec le temps et selon les circonstances (le protestantisme ne suivit pas un autre chemin au cours du demi-millénaire suivant), mais elles reposent sur le vague de l’intuition de l’homme déchu et passent souvent à côté de distinctions nécessaires. C’est notamment le cas en ce qui concerne la doctrine de la justification, au sujet de laquelle l’abbé Gleize rappelle le dogme catholique qui, franchement, n’est que trop peu connu :

L’Évangile, puis saint Paul, disent sans doute que la foi cause le salut ; mais il s’agit de la foi accompagnée de la charité et qui agit dans les bonnes œuvres méritoires. Ce qui obtient le salut, ce n’est donc pas la foi en tant que telle, mais c’est la charité.

Luther confond cette foi avec l’espérance ou avec une sorte de confiance aveugle, et cette notion devient la pièce maîtresse de son système [43].

Ici, une déclaration manifestement erronée faite le 26 juin 2016 par le pape François est plus que troublante, pour ne pas dire davantage : « Aujourd’hui, les luthériens et catholiques, avec tous les protestants, nous sommes d’accord sur la doctrine de la justification : sur ce point si important, Luther ne s’était pas trompé [44] ».

Un autre point fautif de la pensée de Luther est sa conception du sacerdoce universel, allant à l’encontre de saint Paul [45] : « Nul ne saurait être intermédiaire entre lui-même et Dieu ». Là encore, il y a confusion de la part du Saxon : « En dehors de la prêtrise, des relations entre Dieu et le croyant peuvent certes exister ; néanmoins, elles demeurent incomplètes [46] ». Si l’on va au fond des choses, la négation de la prêtrise par Luther lui vient de la négation des œuvres (car il pense que l’homme ne peut jamais sortir de l’état de péché et ne fait que pécher dès lors qu’il agit, ce qui est d’une certaine façon une négation de la grâce et de l’efficacité baptismales [47]), tout sacrifice – dont celui de la messe – étant somme toute une œuvre. Dès l’époque de Luther, les contradictions de ce dernier sur le sacerdoce furent relevées par Cajetan : en poussant les idées de son adversaire jusqu’à leurs dernières conséquences, il concluait sans tour de passe-passe : « Ce serait dire que nos prêtres sont faits pour les infidèles [48] ».

Dans le registre des implications, il faut bien remarquer que l’inutilité – voire la malignité – des œuvres signe l’impossibilité de toute morale, d’où l’oscillation du protestantisme entre « l’anarchie » supposée par ces principes et « la dictature volontariste » [49] qui naît du réalisme et du désir d’en limiter les méfaits. En conséquence, la morale repose davantage sur les lois de l’État (on y reconnaît la genèse du juspositivisme) que sur une loi divine ou même naturelle immuable. C’est là l’origine de « la séparation entre la morale publique et la morale privée [50] » dont les ravages sont patents.

Luther est allé très loin dans cette direction, dans un passage supprimé par Mélanchton dans l’édition de 1543 des Loci communes : « Nous savons que l’Agneau, quand bien même nous commettrions la fornication ou le meurtre, ne nous rejettera pas à cause de ce péché [51]. » Tous ceux qui ont essayé d’atténuer la signification et la portée de cet extrait se sont heurtés à la rigueur de la grammaire latine et de sa conjugaison qui ne fait aucun doute quant à ce que « Luther veut dire [c’est-à-dire] qu’au moment où on est justifié, quels que soient les péchés commis ensuite, on reste justifié [52] ».

Dans la doxa de mise aujourd’hui, un autre pilier du luthéranisme serait le sola Scriptura. Pourtant, cette notion n’a été introduite que sur le tard, ne figurant pas sur l’affiche de 1517 et n’étant pas formulée dans la confession d’Augsbourg de 1530 – c’est à peine s’il y est question de la simple autorité des Écritures. C’est sans doute Zwingli qui soulève le plus haut cette question à la suite de controverses. Mais le sola Scriptura repose lui aussi sur des chimères, puisqu’il n’est nulle part requis dans la Bible [53], sans parler du fait que la Tradition précède l’Écriture dans la mesure où l’Église est née à la Pentecôte, soit avant la rédaction du Nouveau Testament, et qu’elle en a déterminé et fixé les textes canoniques sur des critères par force autres que l’Écriture même.

Dans l’ensemble, Luther et les protestants ont été amenés par leurs opposants à se réfugier dans un principe erroné pour nier la nécessité d’un magistère qui puisse seul interpréter correctement les Écritures, sans quoi il faudrait une révélation immédiate de Dieu à tout homme, ce qui n’est manifestement pas le cas. Au contraire, Dieu a institué un magistère, mais cette question rejoint en partie la controverse du sacerdoce universel [54].

En conclusion, le protestantisme est, loin d’être une réforme, une véritable révolution marquant l’avènement du moi selon Maritain et le dogme de l’autonomie de la conscience d’après le père Bouyer :

Lorsqu’ils opposaient à l’autorité de l’Église l’autorité de la Parole de Dieu, les premiers protestants, de fait, s’opposaient à l’Église finalement parce qu’ils refusaient de soumettre leurs points de vue personnels à la correction d’une vue des choses transcendante à la conscience individuelle [55].

L’abbé Gleize peut à juste titre affirmer que « le protestantisme inaugure la religion de l’individualisme [56] » et citer pour conclure une remarque du cardinal Journet : le luthéranisme est « la protestation de la raison humaine contre la révélation divine, de l’autonomie de l’homme contre l’intervention de Dieu, des droits de la nature contre les exigences de la surnature [57] ».

Il s’agit véritablement d’un livret à mettre entre toutes les mains, surtout celles tentées par les vaines illusions que le monde nous fait miroiter, en priant pour qu’assez de rectitude intellectuelle permette à tout un chacun d’accéder à la pureté doctrinale et rationnelle de l’abbé Gleize, qui ne fait que rappeler des faits et des vérités auxquels il n’est pas difficile de donner son assentiment, à condition seulement de faire partie des « hommes de bonne volonté ».

Le devoir de charité nous invite encore à prier pour les protestants, quelle que soit leur obédience : quand on aime Dieu, on désire ardemment que tous le connaissent et l’aiment comme il doit l’être, c’est-à-dire comme il l’a lui-même voulu, ce qui fait du prosélytisme un devoir.

Plus que jamais il importe donc de démystifier le fondateur du protestantisme, en dévoilant ce “vrai visage de Luther”, surtout à l’heure où l’on voudrait le faire coïncider avec celui de l’Église catholique [58].


[1CAVALLIN (Clemens), « Lund, 31 octobre 2016 », Catholica, n° 134, p. 12-19.

[2GLEIZE (abbé Jean-Michel), Le Vrai visage de Luther, Suresnes, Clovis, 2017, 120 p., 12 €.

[3GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 8.

[4C’est tout l’objet des points 27 à 34 de l’article « Pour une “entente doctrinale” ? » de l’abbé Jean-Michel Gleize dans Le Courrier de Rome, n° 599, mai 2017, p. 8-9, où l’on comprendra facilement que dans l’état actuel de la crise de l’Église la FSSPX n’est pas près de signer un quelconque accord avec le pape François. Ce même thème est développé dans le numéro de mars 2017 (n° 597) de la revue citée, notamment dans l’étude « À l’origine des “déclarations communes” » (p. 4-7), par le même théologien, remarquant que cet usage est une pratique du prosélytisme protestant (c’est un clin d’œil à une affirmation pontificale ayant taxé le prosélytisme de « péché »).

[5DENIFLE (père Henri Suso), Luther et le luthéranisme, Mayence, 1904.

[6GRISAR (père Hartmann), Martin Luther, sa vie, son œuvre, 1910 (trad. française Paris, Lethielleux, 1931).

[7CRISTIANI (père Léon), Du luthéranisme au protestantisme, Paris, Bloud, 1911.

[8FEBVRE (Lucien), Un destin, Martin Luther, Paris, PUF, 1952 (2e éd. ; 1re éd. : 1927).

[9« Jacques Maritain, dans son livre sur Trois réformateurs, explique avec raison le sens profond de la révolution luthérienne en disant que ce fut “l’avènement du moi”. » GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 49.

[10GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 17.

[11BOYER (père Charles), Luther, sa doctrine, Rome, Presses de l’Université grégorienne, 1970 ; et, du même auteur, Calvin et Luther, accords et différences, Rome, Presses de l’Université grégorienne, 1973.

[12BOUYER (père Louis), Du protestantisme à l’Église, Paris, Éditions du Cerf, 1954.

[13Cf. GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 58. Rappelons que « Luther soutient par exemple que toutes les maisons publiques, tous les homicides, meurtres, vols et adultères sont moins nuisibles que l’abomination de la messe papiste. » Loc. cit., p. 67.

[14GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 24-25.

[15Ibid., p. 32-33.

[16Ibid., p. 68.

[17GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 26.

[18Ibid., p. 27.

[19Ibid., p. 28

[20PAQUIER (chanoine Jules), « Luther », Dictionnaire de théologie catholique, 1926, col. 1157 sqq.

[21Ibid., p. 29.

[22Ibid., p. 70.

[23Ibid., p. 30.

[24Ibid., p. 66.

[25Ibid., p. 52.

[26Ibid., p. 31.

[27« Tauler dit que le critère de discernement qui permet de faire la distinction entre l’état de tiédeur et l’état de sécheresse est le recours habituel à la prière. » Loc. cit., p. 71.

[28Ibid., p. 33.

[29Ibid., p. 37.

[30PAQUIER (chanoine Jules), « Luther », Dictionnaire de théologie catholique, 1926.

[31L’abbé Gleize compare légitimement cette négligence de trois années à la rapidité de saint Pie V condamnant le 1er octobre 1567 Michel Baïus signalé à Rome un an auparavant. Il est vrai que le contexte de la mort de l’empereur Maximilien Ier en 1519 ajourne de six mois tout geste fort de la part de Rome à cause des considérations politiques de Léon X qui ménageait l’électeur de Saxe Frédéric III, protecteur de Luther, « pour contrecarrer la candidature du futur Charles-Quint. » Ibid., p. 54.

[32Ibid., p. 77.

[33Ibid., p. 62.

[34GLEIZE, Le Vrai visage…, op. cit., p. 9.

[35L’abbé Gleize impute à la pensée de Benoît XVI de ne plus voir en la chaire de Pierre « l’unique arche du salut, mais seulement la plénitude des moyens du salut » (c’est nous qui soulignons), loc. cit., p. 12.

[36Ibid., p. 63.

[37PIE X (saint), encyclique Editæ sæpe, 26 mai 1910.

[38L’abbé Gleize précise : « l’Église ne doit redouter aucun préjudice si elle reconnaît le péché de ses membres : ce péché ne saurait l’atteindre elle-même. » GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 42. Cela ne fait que confirmer l’enseignement de l’encyclique Editæ sæpe de saint Pie X, du 26 mai 1910 : « Seul un miracle de la puissance divine peut faire que, malgré l’invasion de la corruption et les fréquentes défections de ses membres, l’Église, corps mystique du Christ, puisse se maintenir indéfectible dans la sainteté de sa doctrine, de ses lois et de sa fin, tirer des mêmes causes des effets également fructueux, recueillir de la foi et de la justice d’un grand nombre de ses fils des fruits très abondants de salut. »

[39GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 39.

[40Idem.

[41Ibid., p. 58.

[42Ibid., p. 78.

[43Ibid., p. 83.

[44Pape François le 26 juin 2016, cité par GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 114.

[45Ga 3, 20.

[46GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 90.

[47« Dans la doctrine catholique, le bien reste possible partiellement sans la grâce, même après le péché ; et avec la grâce, après le baptême, il devient totalement possible et méritoire. » Loc. cit., p. 96.

[48« En effet, si le peuple chrétien reçoit la dignité sacerdotale de telle façon que tous soient prêtres au sens propre du terme, il s’ensuit nécessairement qu’aucun chrétien n’est prêtre ; car le prêtre étant celui qui est assumé d’entre les hommes et constitué en faveur des hommes pour les choses qui sont de Dieu, si tous les chrétiens sont assumés et constitués, il ne reste personne d’où assumer ou pour qui constituer, à moins de dire qu’il y a toujours des infidèles parmi lesquels les prêtres sont assumés et en faveur desquels ils sont constitués. » Cité par GLEIZE (J.-M., Le Vrai visage…, op. cit., p. 94.

[49GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 99.

[50Ibid., p. 101.

[51Cité par GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 100.

[52GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 100.

[53C’est le raisonnement de Franzelin synthétisé par l’auteur : « Toute vérité admise par les protestants doit se trouver dans la sainte Écriture ; or, il est évident qu’au moins une vérité qui ne se trouve pas dans la sainte Écriture est admise par les protestants ; donc, si l’on s’en tient à ce que disent les protestants, il devrait y avoir au moins une vérité qui à la fois ne se trouve pas et se trouve dans la sainte Écriture. Conclusion évidemment absurde. » Loc. cit., p. 111.

[54Cf. GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 112.

[55BOUYER (L.), Parole, Église et sacrements dans le protestantisme et le catholicisme, Paris, DDB, 1960, p. 39.

[56GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 114.

[57JOURNET (cardinal Charles), L’esprit du protestantisme en Suisse, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 1925, p. 193-194.

[58GLEIZE (J.-M.), Le Vrai visage…, op. cit., p. 115.

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