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Jean-Frédéric Poisson : « Je fonde ma pensée et mon action sur la doctrine sociale de l’Église »

Jean-Frédéric Poisson, député du groupe Les Républicains, président du parti chrétien-démocrate (PCD), candidat à la primaire de la droite et du centre, est souvent présenté comme le candidat de l’extérieur, celui qui n’est pas conforme au suffrage auquel il concourt. Il a bien voulu répondre aux questions du Rouge & le Noir.

R&N : On entend parfois que l’élection américaine s’est inscrite dans une situation comparable à la France, qu’en pensez-vous ?

Jean-Frédéric Poisson : Les vies politiques française et américaine sont différentes dans leur fonctionnement comme parfois sur les sujets qui les animent mais — comme pour le Brexit — il faut voir dans cette victoire de Trump un phénomène commun au monde occidental en général : les peuples sont exaspérés par leurs élites, médias et instituts de sondage qui font fi de toute réalité.
On ne peut pas mentir éternellement, trahir ses promesses et satisfaire des intérêts plus ou moins avouables sans que le peuple finisse par dire clairement son écœurement.

Donald Trump a gagné cette élection américaine parce qu’il n’a cessé de se poser comme alternative au système — et en particulier contre les élites de son propre parti des Républicains.
Il a également su prendre au sérieux les inquiétudes, souffrances et revendications populaires. On le traite souvent de « populiste », comme beaucoup d’autres hommes politiques européens qui ont le vent en poupe. Pour moi, le mot « populiste » a été inventé par les élites bien-pensantes pour disqualifier ceux qui ne pensent pas comme eux. En réalité, Trump a surtout été populaire… et élu ! Les élites refusent de voir le succès de ces politiques alternatives parce qu’elles sont d’abord et avant tout une vive critique des politiques menées depuis des années.
Il est bien évident que sur ce point, l’élection de Donald Trump est aussi un message pour la France : c’est un appel à prendre notre destin en main.

R&N : La campagne de Trump fut présentée par les médias comme celle de toutes les polémiques et de tous les dérapages. Cela ne semble pas l’avoir desservi, bien au contraire. Dans quelle mesure faut-il abandonner toute consensualité et peur de la diabolisation durant la campagne présidentielle qui commence ? Pourquoi un tel aveuglement des « élites » et en même temps une telle volonté de changement de la part des peuples ?

Jean-Frédéric Poisson : La réponse à votre question est, me semble-t-il, dans sa dernière partie ! On a accusé Donald Trump de déraper ou de polémiquer chaque fois qu’il disait sans détour la volonté de changement d’une partie importante du peuple américain contre l’aveuglement de leurs élites.
Le nouveau président des États-Unis est un homme assez imprévisible, et je n’approuve bien entendu pas toutes ses déclarations. Mais il a surtout été celui qui a posé clairement le problème de l’islam, des conséquences économiques désastreuses d’un écologisme idéologue, des politiques de promotion aveugle de l’avortement, de l’injustice flagrante engendrée par la politique étrangère américaine… C’est dans la rupture que Donald Trump a su séduire le peuple américain : non pas en « dérapant », mais en décrivant bien souvent la réalité.

Jean-Frédéric Poisson
« Il ne faut certainement pas chercher la diabolisation, mais il faut accepter de la subir si c’est le prix à payer pour défendre des convictions. Les Français attendent enfin ce courage politique. »

Je crois qu’il est absolument urgent d’abandonner la consensualité sur le terrain des convictions, quand bien même cela engendrerait une diabolisation de la part des médias et des élites bien-pensantes. La vérité et la réalité sont sans cesse diabolisées par les quelques « sachants » qui se relaient sur les plateaux de télévision, et c’est pourtant cette vérité et cette acceptation de la réalité qui nous rendront libres.
Il ne faut certainement pas chercher la diabolisation, mais il faut accepter de la subir si c’est le prix à payer pour défendre des convictions. Les Français attendent enfin ce courage politique.

Mais il ne faut pas non plus se contenter de paroles en oubliant les actes : nombreux sont les hommes politiques qui ont fait des promesses satisfaisantes, ils sont malheureusement aussi nombreux à les avoir systématiquement trahies.

R&N : Quel changement incarneriez-vous ?

Jean-Frédéric Poisson : Je ne suis pas un politicien professionnel. J’ai d’abord été chef d’entreprise, bien ancré dans le réel et je pense que c’est absolument nécessaire pour ne pas promettre l’impossible.
Ensuite, je n’ai jamais été membre d’aucun des gouvernements successifs qui ont mené ce pays au bord du gouffre. Ce n’est certes pas suffisant pour devenir un chef, mais je crois que ce peut être perçu comme nécessaire par beaucoup.

Si je suis différent, c’est en raison de la cohérence de mon projet. Je refuse d’énumérer des mesures en fonction des sondages qui sortent chaque jour. C’est ce qu’il y a de plus simple pour séduire de manière éphémère, mais c’est continuer à prendre les Français pour des imbéciles.
Notre pays a besoin de réformes fondamentales sur tous les sujets, notamment en ce qui concerne la famille, l’Europe, l’éducation, la liberté des corps intermédiaires, et les autres candidats ne proposent pas ces réformes de fond.
Enfin, je fonde ma pensée et mon action sur la doctrine sociale de l’Église qui replace l’homme au cœur du projet politique. Et je pense que je suis le seul !

R&N : On distingue souvent les mesures sociales et économiques des mesures sociétales. Pourquoi ne le faites-vous pas ?

Jean-Frédéric Poisson : Précisément parce que la politique est une manière de concevoir la vie en société et le bien commun. On ne peut séparer les aspects de la vie des Français, cela n’a aucun sens. Cette séparation est d’ailleurs bien souvent l’occasion de mettre l’homme au service de l’économie au lieu de respecter sa dignité.
C’est cette dignité humaine que je veux remettre au cœur du projet politique qui redressera la France. Chaque décision, dans chaque domaine, doit respecter la nature même de l’homme. Je ne peux par exemple pas refuser la peine de mort tout en faisant de l’homme un esclave du monde du travail. Cela n’a pas de sens puisque l’homme est un.

R&N : La dynamique migratoire et nataliste est en France très favorable à l’islam, beaucoup moins au catholicisme. Est-il possible de stopper l’islamisation du pays sans mettre en place un véritable plan de « remigration » ?

Jean-Frédéric Poisson : Il faut déjà engager le retour dans leur pays de tous les étrangers qui sont entrés clandestinement dans notre pays et à qui nous n’avons rien à offrir. Il y a des réfugiés qu’il est légitime que nous aidions, mais ce n’est pas la majorité de ceux qui entrent chaque année en France.

Ensuite, nous devons avoir une parole de vérité et une réaction appropriée face à l’islam, qui pose aujourd’hui clairement un problème à notre pays et à notre République.
Nous devons réaffirmer ce qu’est la France et inscrire ses racines chrétiennes dans la Constitution pour que ce soit très clair pour tout le monde : libres alors à ceux qui ne s’y retrouvent pas de quitter le pays. Mais la France n’a pas vocation à devenir multiculturelle, elle doit rester la France.
Je pense que cela peut se faire si l’on se pose honnêtement la question de notre identité et si nous nous la réapproprions. C’est ce que je veux faire.

R&N : Les libéraux, auxquels vous vous opposez, plaident eux aussi pour une profonde réforme du code du travail. Quels sont vos points de divergence et de convergence sur ce sujet ?

Jean-Frédéric Poisson : Je ne suis pas un libéral, car je refuse que les relations humaines passent après les relations commerciales et la logique du profit. Je suis le seul à avoir exercé la responsabilité de chef d’entreprise parmi les candidats à la primaire, je sais qu’il est possible de mettre l’économie au service de l’homme, au lieu de faire l’inverse, et que cela est préférable pour l’ensemble du corps social.

Je plaide aussi pour une réforme du code du travail pour « laisser une plus grande souplesse aux entreprises ». Pour cela, il faut absolument le simplifier. Parmi mes concurrents, certains comme Alain Juppé veulent au contraire compliquer la vie des entreprises en faisant par exemple la promotion d’un nouveau contrat de travail, avec les motifs de licenciement prédéfinis dans ce contrat ! C’est inimaginable !

R&N : Quelles mesures préconisez-vous pour refaire du ministère de l’Éducation nationale un lieu d’instruction ? Soutenez-vous la revendication de nombre d’associations scolaires concernant la mise en place d’un chèque-éducation ?

Jean-Frédéric Poisson : Je remplacerai le ministère de l’Éducation nationale par un ministère de l’Instruction publique. L’école n’est pas là pour éduquer, elle est là pour instruire. L’éducation des enfants appartient aux parents, pas à l’État. Je m’oppose catégoriquement à l’idée développée par Vincent Peillon et le gouvernement socialiste que l’enfant doit être arraché à tout « déterminisme familial, culturel », etc.

La seule façon d’élever les élèves est de rétablir une école de la transmission ordonnée du savoir et de la formation des intelligences.
Seuls l’étude, l’apprentissage des fondamentaux, la rencontre des grandes œuvres et de leurs génies éduquent et civilisent.

Nous devons nous concentrer sur deux réformes prioritaires : l’enseignement rigoureux du français (lecture, grammaire, orthographe) et le rétablissement de l’enseignement de l’histoire de France selon un processus chronologique, en sortant de la vision victimaire et partiale qui prédomine actuellement.

Concernant le chèque-éducation, je soutiens sa mise en place. La liberté de l’enseignement est garantie par la constitution. Il faut faciliter la mise en œuvre de cette liberté. C’est ce que permettrait l’instauration de chèques scolaires afin de passer de l’aide apportée aux établissements à l’aide apportée aux familles.

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