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R&N : Noël a de nouveau cette année occasionné des polémiques sur les crèches dans les mairies. Va-t-il désormais falloir défendre tous les ans les traditions populaires et par conséquent les racines chrétiennes de la France ?
Stéphane Ravier : Retraçons l’origine de la polémique de cette année. Elle n’a pas été lancée par la gauche, mais par un important élu de droite : le frère François Baroin ! Le président de l’Association des Maires de France a en effet prôné le retrait des crèches dans les mairies, au nom de la "laïcité" et de l’apaisement. Les cadres du Front National se sont mobilisés contre cette dérive laïciste, avec - il faut le reconnaître - des élus Les Républicains. Il faut cependant poser la question de la cohérence : comment le parti "Les Républicains" peut-il comporter, en son sein, des tendances aussi radicalement opposées ?
La crèche, c’est le symbole de ce christianisme populaire et simple, présent dans le foyer de nombreux Français, y compris incroyants. On peut s’inquiéter qu’une tradition aussi admise soit désormais contestée. Mais, tout comme la Manif pour tous avait révélé un "populisme chrétien" et réveillé la droite des valeurs que personne n’osait plus incarner, ces attaques font prendre conscience aux Français de la spécificité de leur mode de vie.
Dans leur entreprise de démolition, les élites ont donc - malgré elles - rappelé aux Français qu’ils avaient une identité. Dans une époque caractérisée par une "affreuse pénurie de sacré" qui faisait mal à Charles Péguy, une époque où tout se marchande, se conteste, se ridiculise, ils redécouvrent et réaffirment des valeurs non négociables. Ils ne veulent pas "s"adapter", si cela signifie se trahir et s’oublier.
Pour conclure là-dessus, contre leur laïcité d’autodestruction, je rappelle souvent : je suis laïc mais pas amnésique. La France plonge ses racines dans seize siècles de chrétienté. Et au-delà de cet aspect patrimonial, nous avons besoin de catholiques engagés dans la cité, pour faire vivre ces valeurs issues de notre héritage chrétien. Peut-être plus que les autres, les catholiques ont protégé ces valeurs contre l’étouffoir matérialiste et le relativisme.
R&N : Les médias accusent le Front National de s’attaquer à l’art contemporain. Vous aviez vous même manifesté contre une exposition polémique (à caractère pédopornographique) à Marseille. Êtes-vous donc résolu à agir quand il le faut contre les dérives de l’art contemporain lorsqu’elles sont objectivement inacceptables ?
Stéphane Ravier : Le Front National s’attaque aux rebelles subventionnés ! Cet "art" élitiste, gratuitement choquant, ne devrait pas bénéficier de l’argent public. Nous sommes pour la liberté artistique, pas pour le subventionnement à l’infini de tout et n’importe quoi : libre à eux de produire des œuvres à la limite du supportable, mais sans l’argent de la collectivité. C’est au public intéressé de soutenir financièrement ces artistes : ça ne fera pas grand-monde.
S’agissant de l’exposition pédopornographique de la Belle de Mai à Marseille, elle était subventionnée par le Conseil régional de PACA (à l’époque PS) et la mairie (UMP) de Marseille : belle collaboration UMPS ! On a considéré que cette exposition gavée d’argent public banalisait la pédophilie. Ce n’est pas ringard de rappeler à tous les règles de la morale commune et le respect du contribuable.
R&N : La France est elle devenue laxiste et prête à céder devant tous les communautarismes ?
Stéphane Ravier : Ce n’est pas “la France” qui est devenue laxiste, mais ses gouvernements successifs ! Même Le Monde se demande récemment si « l’État a trop concédé à l’islam ».
Les Français, eux, restent attachés à un modèle unitaire, et veulent qu’en France, ce soit la culture française qui prédomine. Ils ne tolèrent pas que les derniers arrivés puissent bafouer nos mœurs et nos lois, que des cultures étrangères soient mises sur le même plan que la culture française sur le sol qui l’a vue naître.
Aujourd’hui, les programmes scolaires font de la place à la “diversité culturelle”, en expurgeant des figures et des épisodes centraux de l’Histoire de France pour les remplacer par l’étude d’empires africains. Tous nos repères historiques sont méthodiquement pilonnés. On somme les Français de "s’enrichir" au contact de la diversité érigée en idole : c’est pourtant la France qui est une chance pour les immigrés. En inversant ce rapport, le multiculturalisme crée des individus vindicatifs, qui non seulement ne partagent pas notre histoire, mais en plus pensent que les Français ont une dette envers eux.
R&N : Comment allier concrètement une nécessaire charité vis à vis des populations persécutées, comme les chrétiens d’orient, et un arrêt complet des flux migratoires ? Comment faire pour que le droit d’asile ne devienne pas définitif, mais reste une solution temporaire ?
Stéphane Ravier : Il n’existe pas de solution miracle.
La guerre ne cessera pas de sitôt dans cette région du monde et les ingérences contre les régimes arabes laïcs par le "Camp du Bien" occidental ont empiré la situation.
Cependant, la France peut jouer un rôle en changeant de diplomatie : il faut parler à l’autorité syrienne légitime, c’est-à-dire à Bachar al-Assad, et rompre l’ostracisme vis-à-vis de la Russie. Il faut arrêter d’être naïf vis-à-vis de la Turquie, du Qatar et l’Arabie saoudite, qui entretiennent des liens ambigus avec l’État islamique. On a vu la Turquie bombarder des villages chrétiens en Irak au nom de la lutte contre les autonomistes kurdes...
Le plus important est de permettre aux chrétiens d’Orient de se maintenir sur leurs terres et c’est ce qu’ils demandent. Des associations comme SOS Chrétiens d’Orient y pourvoient, dans la mesure de leurs moyens. Quant à la France, elle doit retrouver sa vocation de "protectrice des chrétiens d’Orient", qui prévaut depuis Saint-Louis et qui était jusqu’à présent la norme diplomatique de notre pays.
Sur notre sol, nous pouvons imaginer restreindre le droit d’asile à des chrétiens d’Orient persécutés qui en font la demande, avec une étude minutieuse des dossiers. Aujourd’hui, nous accueillons surtout des migrants économiques qui ne répondent pas aux conditions de l’asile, et comme l’indique la Cour des Comptes, 96% des déboutés du droit d’asile ne sont pas expulsés.
R&N : De fort nombreux immigrés sont déjà présents, légalement ou non, sur notre territoire et en Europe. Les graves incidents survenus dans plusieurs villes européennes, notamment à Cologne, ne démontrent-ils pas qu’il faut aller au delà de la seule fermeture des frontières et envisager des mesures d’éloignement chaque fois que le comportement de certains éléments de ces populations mettent en péril le mode de vie des européens ?
Stéphane Ravier : Marine Le Pen est la seule responsable politique d’importance à avoir évoqué les agressions sexuelles de Cologne, et d’autres villes européennes, par des migrants. C’est une régression civilisationnelle, un recul stupéfiant du droit des femmes. Ces agressions illustrent bien les incompatibilités culturelles qui existent entre les peuples européens et l’immigration de masse extra-européenne qu’on leur fait avaler au forceps.
Outre la fermeture des frontières, le Front National prône l’arrêt de l’accueil des migrants, la restriction du droit d’asile à des cas qui le méritent réellement, et l’expulsion de tous les clandestins. Les aides sociales doivent être réservées aux Français : notre pays est trop attractif pour les immigrés actuellement. Nous souhaitons aussi l’extension de la déchéance de nationalité aux binationaux qui commettent des crimes de sang, pour faciliter leur expulsion.
A titre personnel, l’extension de la déchéance de nationalité aux binationaux convaincus de racisme anti-Français ou coupables d’agressions contre les représentants de l’État me paraît être une bonne piste. On pourrait facilement se débarrasser d’éléments indésirables.
R&N : L’émergence d’un islam modéré est-il possible en France ? Une future hégémonie de cette religion dans notre pays relève-elle ou non de l’utopie ?
Stéphane Ravier : Une chose est sûre, l’islamisme progresse en France. Il n’y a qu’à voir Marseille, devenue la capitale européenne du salafisme. Que fait le gouvernement pour fermer les mosquées salafistes, qui sont aussi, parfois, des mosquées clandestines ? Par lâcheté, par aveuglement, par compromission électorale : rien !
Le fait est que des quartiers entiers vivent déjà sous la coupe de l’islamisme. On se focalise sur l’État islamique, sans voir à côté de nous les Molenbeek, les Lunel ou les Montfermeil...
De là à imaginer une hégémonie de la religion musulmane dans notre pays, cela me paraît improbable dans un futur proche. Toutes les réformes sociétales du gouvernement sont laxistes et libertaires, inspirées par l’idéologie de Mai 68, pas par la charia. Dans un futur plus lointain, compte tenu des courbes démographiques, ce n’est pas interdit de le penser.
Pour ce qui est de l’“islam modéré”, je me garderai de tout commentaire théologique. Ce qui est certain, c’est que nous devons décapiter l’islam radical. Au niveau local, le maire que je suis compte faire signer aux imams de mon secteur une charte contre les violences et contre les prêches en arabe. C’est ce que propose également Robert Ménard et c’est en notre (maigre) pouvoir de maire. Mais c’est à l’État d’assumer pleinement cette lutte sans relâche.
R&N : Certains élus LR (comme Valérie Boyer, Nicolas Dhuicq, ou Henri Guaino qui se dit prêt à travailler ponctuellement avec Marion Maréchal-Le Pen) sont aussi fortement engagés sur des sujets que partage le Front National, comme les chrétiens d’Orient ou la défense des identités régionales. Est-il envisageable de mener des actions communes ou de déposer des projets de loi soutenus par des élus des deux partis ?
Stéphane Ravier : Valérie Boyer défend les chrétiens d’Orient : très bien. Mais alors pourquoi soutenir Nicolas Sarkozy, qui a explosé le verrou migratoire libyen, qui a soutenu les "rebelles" islamistes face à Bachar al-Assad, et qui était même favorable à la guerre en Irak ? La responsabilité de Nicolas Sarkozy dans le déchaînement des flux migratoires vers l’Europe et la persécution des chrétiens d’Orient est immense. Quant au gaulliste Guaino, il prête sa plume à celui qui nous a réintégrés dans le commandement intégré de l’OTAN et que la presse a surnommé "Sarko l’Américain".
Les élus que vous citez ont donc un problème de cohérence.
R&N : Le "vivre ensemble" est il devenu une "valeur de la république" ? Que sont ces "valeurs de la république" dont se revendique une partie de la classe politique ?
Stéphane Ravier : Le “vivre-ensemble” est surtout devenu le nouveau symbole de la culture de l’excuse : vide de contenu, il ne sert qu’à justifier, au nom du multiculturalisme, les atteintes au mode de vie français par les "minorités". Il n’est pas plus défini que les "valeurs de la République", invoquées pour faire barrage au Front National.
Les "valeurs de la République" n’ont jamais été cet universalisme abstrait et dégoulinant de bons sentiments : elles se sont enracinées dans la Nation, le cadre qui permet leur exercice concret.
Quand j’étais enfant, à l’école de la République dans la cité la Maurelette à Marseille (15e arrondissement), on apprenait la discipline, le respect du maître, le goût de l’effort et du savoir. On apprenait l’Histoire de France, la langue française, la géographie française. C’était ça, la République, et l’école.
La République française, ça n’a jamais été la submersion migratoire, ça n’a jamais été l’octroi de droits individuels illimités (mariage gay, GPA, PMA...) au détriment de la société. La République, ce n’est pas flatter l’individualisme déréglé, mais élever les individus vers une citoyenneté exigeante, leur apprendre à modérer leurs appétits au nom de l’intérêt général ; c’est aussi l’amour de la patrie et la défense de la souveraineté. On en est loin aujourd’hui,et on ne s’est pourtant jamais autant gargarisé avec le mot "République".
Ceux qui nous bassinent avec les “valeurs de la République” sont souvent ceux qui soutiennent l’immigration massive. Or celle-ci, en fracturant notre identité, fragilise la confiance des Français dans les institutions républicaines. De plus en plus de Français se disent par exemple : à quoi bon payer l’impôt, si la solidarité nationale implique de financer l’assistanat de nombreuses populations immigrées ? Plus une société devient hétérogène, notamment sur le plan culturel, et plus la réticence à l’impôt grandit. L’immigration de masse, imposée au nom du “vivre-ensemble” et des “valeurs de la République”, est donc en train de les faire exploser.
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