L’infolettre du R&N revient bientôt dans vos électroboîtes.
Votre gazette-en-ligne favorite, le R&N, ainsi que nos amis de la Table Ronde, ont publié hier la première partie d’un entretien inédit avec le membre des Hommen qui a fait le tour du monde en s’introduisant sur le court central de Roland Garros.
Après nous avoir parlé de l’action en elle-même, le jeune homme répond à nos questions relatives à la garde à vue et aux conséquences médiatiques et judiciaires de l’opération.
Juliette Gendre, LTR : Vous saviez que vous finiriez en garde à vue. Qu’est ce qu’on vous disait sur le futur ? Saviez-vous directement que vous partiez pour le commissariat ou vous a-t-on dit que vous seriez rapidement libérés ?
Nous n’étions pas certain de risquer autre chose que l’expulsion du court de tennis. La police, elle, semblait beaucoup plus certaine que nous.
Une fois au commissariat, nous ne pensions pas aller au delà de 24h de détention : vu le paisible traitement judiciaire dont les Femen ont bénéficié pour des actions autrement plus violentes (par exemple, leur happening dans Notre-Dame, au détriment de tout respect de la liberté de culte ou de conscience et ne leur a valu qu’un simple relevé d’identité), on ne s’attendait pas à un tel traitement. Le procureur a décidé de reconduire la garde à vue pour 24h, considérant peut-être qu’un court de tennis est autrement plus sacré qu’une cathédrale .
Corsaire, R&N : Quelle a été la réaction des forces de l’ordre vis à vis de l’action ? Comment s’est déroulée votre garde à vue (état d’esprit, etc...)
Les gardiens nous ont affirmé qu’il y en aurait pour 24h, pas plus. Mais « pour les besoins de l’enquête », ils ne semblent pas privilégier autant les criminels... Ambiance « transfert de terroriste » ! Les forces de l’ordre trouvaient cela autant disproportionné que nous.
Ce qu’il s’est passé c’est que, suite à notre interpellation par les agents de sécurité, on a tout de suite été remis entre les mains de la police.
Déposés au commissariat, la police a procédé à l’enregistrement, la fouille au corps, et à la fouille des sacs, avant de nous placer, par quatre, dans deux cellules distinctes. Vu les paisibles traitements judiciaires réservés aux criminels qui ont saccagé le Trocadéro il y a quelques semaines, nous comprenions que la politique du gouvernement du deux poids deux mesures était en place. Faire taire ses opposants, de grès ou de force…
Au premier matin, la prise de nos empreintes digitales, la fouille de nos portables et de nos comptes Facebook. Les policiers étaient légèrement agacés du bombardement de leur standard téléphonique par des personnes indignées de cette garde à vue.
Ils nous ont ensuite fait passer devant une vitre teinté en Hommen, masqués dans le sombre, placé ainsi pour que l’un des vigile de Rolland Garros nous identifie : on n’a pas trop compris l’intérêt et on regrette qu’il n’y ait pas eu de quoi immortaliser l’instant !
Juliette Gendre, LTR : Au bout de 48h, nous avons appris que 4 d’entre vous devraient passer en comparution immédiate. Comment avez-vous vécu le transport au dépôt : que vous disiez vous lorsque vous avez été transportés là-bas pour la comparution immédiate ?
Au bout de 48 heures, cette nouvelle décision du parquet nous est un peu tombée dessus comme une massue : 4 Hommen libérés, 4 Hommen – dont moi - transférés au dépôt, dans la « souricière » du palais de justice, sur l’île de la Cité. Nous avons ainsi eu le loisir d’approfondir encore un peu plus notre connaissance de l’univers carcéral. Les Hommen libérés furent accueillis comme il se devait à leur sortie, tandis que leurs camarades se faisaient menotter. Nous fûmes escortés par un policier, chacun dans un camion, voitures devant, voitures derrière, gyrophare, ambiance « transfert de terroristes » là encore. On déplore les sommes d’argents dépensées à cette occasion.
La dernière nuit passée dans la « souricière » du palais de justice était la plus difficile, seul dans une cellule de 3 m sur 5. La solitude, combinée à la fatigue et la faim. Valls pensait peux être que ça nous refroidirai… Il n’a pas encore compris, semble t’il, que nous ne lâcherons jamais !
Corsaire, R&N : Etiez-vous conscients du retentissement de votre action, pendant que vous étiez derrière les barreaux ? Les informations quant à vos comparutions étaient contradictoires et floues. Peux-tu détailler la procédure ?
On avait plus ou moins conscience d’avoir atteint notre but. Un des policiers est venu – pour plaisanter – me demander un autographe en nous disant « Vous faites le tour du monde les gars ». Mais nous n’en prenions pas totalement la mesure.
Si ce n’est qu’immédiatement après l’action, une caméra de BFM TV, déjà au fait de l’événement, nous attendait pour couvrir notre montée dans le camion. (NDLR : ont-ils reçu l’ordre de ne pas parler d’eux par la suite ?). On a ensuite passé près de 2 heures et demi dans le panier à salade.
Très vite, l’info a tourné, et une foule de militants est venu apporter son soutien verbal depuis la rue de la Faisanderie, durant plusieurs heures, et toute la nuit. D’autres sont arrivés dès le lendemain matin pour prendre le relai.
Juliette Gendre, LTR : Comment avez-vous fait face aux interrogatoires ?
Nous avons subit des auditions plutôt matinales devant l’officier de police judiciaire (autant dire qu’à certaines heures nous n’étions plus très frais) à partir de 4h30 du matin pour certains. Vieille technique policière pour essayer de faire craquer leurs prisonniers…
Les avocats n’ont rien lâché, ils ont donné de leur temps jusqu’au bout, présent de 23h à 6h du matin au commissariat pour faire valoir nos droits. Aujourd’hui, nous les remercions pour leur engagement sans faille à nos côtés.
Les infatigables manifestants qui se sont tenus sans discontinuer devant le commissariat, n’imaginaient peut-être pas à quel point leur cris et leur slogans pouvaient nous redonner du courage.
Au bout de 24h, décision du parquet : La garde à vue est reconduite…
La Marseillaise, chantée à plein poumon, a rythmé notre détention. Un chant que ces murs n’avaient probablement jamais entendus. Les policiers n’étaient, du reste, pas mécontents d’entendre autre chose la prose qui leur est habituellement servie par les gardés à vus « traditionnels ». On a même surpris un policier en train de chantonner timidement du Soldat Louis.
Il semble, par ailleurs, que des jeunes bien avisé aient apporté des croissants aux policiers, qui les ont accepté avec autant de reconnaissance que de gêne.
Juliette Gendre, LTR : peux-tu nous préciser les conséquences des chefs d’inculpations et vos réactions par rapport à celles-ci ?
Le procureur tenait vraiment à nous en mettre plein la figure : contrôle judiciaire assidu, avec pointage etc. Heureusement le juge des libertés et de la détention est venu remettre un peu de justice dans ces astreintes.
Les chefs d’accusations retenus contre nous au final sont donc :
Corsaire, R&N : Les avocats sont-ils confiants ? Selon eux, quel sera le verdict final ?
Cela dépendra du juge. Quand la justice obéit à des ordres politiques, rien n’est sûr.
Juliette Gendre, LTR : Penses tu que la réaction des forces de l’ordre et du parquet est proportionnée / justifiée ? Pourquoi ?
Dans les deux cas, les réactions sont disproportionnées. Nous comprenons qu’il revient à la police d’assurer l’ordre public, de manière prudente et avisée, ce qui légitime au départ notre interpellation ; quoi qu’une simple expulsion de Roland Garros eut suffit. Pour autant, la décision du parquet de nous placer en GAV, de reconduire celle-ci, puis de transférer 4 d’entre nous dans la pseudo-prison du Palais de Justice (68h en tout de détention) est clairement incompréhensible, puisque nous ne représentions aucune menace à l’ordre public et que - contrairement à ce qu’affirme l’un des chefs d’inculpation - il n’y a eu strictement aucun acte de violence.
L’acharnement du parquet peut être vue comme une décision davantage politique que judiciaire, ce qu’a d’ailleurs sous-entendu l’un des officiers de police judiciaire lors d’une audition...
Question bonus, Corsaire, R&N et Juliette Gendre, LTR : A la Table ronde et au Rouge et le Noir, nous militons pour une résistance passant par la procréation active de futurs petits réactionnaires. Nous savons que les Hommen ont reçu beaucoup de demandes en mariage après cette action. Est-ce ton cas et comptes-tu y répondre ?
Qui vous a dit que je ne suis pas marié ?
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