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Créé par des militants issus des rangs de La Manif Pour Tous, Sens commun a su en moins d’un an devenir un mouvement de poids au sein de l’UMP. Ils ont réussi un coup d’éclat de taille ce samedi 15 novembre, en organisant le seul meeting rassemblant les trois candidats à la présidence de l’UMP : Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire, et Hervé Mariton. Sens Commun souhaite ainsi peser sur ligne politique du parti, en faisant en sorte que son manifeste « La Droite Que Nous Voulons » devienne la base du programme de l’UMP pour 2017.
Édouard du Parc, responsable Sens Commun de la province Sud-Ouest a bien voulu répondre aux questions du R&N.
R&N : Sens Commun bonjour, vous existez depuis maintenant un an, quel bilan tirez-vous de cette première année d’existence ?
Sens Commun : Nous sommes heureux de l’ampleur que notre mouvement politique prend progressivement. Nous rassemblons une quantité de personnes non négligeable et nous avons fait, à travers notre meeting du 15 novembre, une percée médiatique remarquée. Mais ce n’est qu’un point départ, Sens Commun n’en est encore qu’à ses débuts, la route reste longue et les difficultés nombreuses.
R&N : Vous aviez réussi à réunir le temps d’un meeting à Paris, samedi 15 novembre, les trois candidats à la présidence de l’UMP. Est-ce la preuve du poids que Sens Commun a su acquérir dans cette élection ? Comment comptez-vous continuer à peser sur la ligne de l’UMP jusqu’en 2017 ?
Sens Commun : La présence des trois candidats à notre meeting montre que les questions de fond soulevées par Sens Commun sont capables d’interpeler l’UMP et que notre mouvement est désormais un acteur incontournable de la vie du parti. Cela montre que quand on travaille, quand on met la main à la pâte, on peut faire bouger les lignes. Nous comptons continuer à grandir et pour cela il faut que nos sympathisants sautent le pas des adhésions car c’est leur voix qui nous donne un poids substantiel à l’UMP et nous permet de travailler avec la direction du parti à la redéfinition de la ligne politique de la droite.
R&N : Comment vous positionnez-vous par rapport à la droite sociale de Laurent Wauquiez, lui-même présent à ce meeting ? N’y a-t-il pas un risque de faire doublon ?
Sens Commun : La Droite sociale est, comme vous le soulignez, le mouvement de Laurent Wauquiez, tandis que Sens Commun n’est le mouvement de personne. Nous n’avons pas d’ancien ministre à notre tête ou de candidat à la présidentielle, ce sont uniquement nos idées qui nous rassemblent. Nous partageons avec Laurent Wauquiez un certain nombre de convictions et d’idées pour la droite. Nous sommes très heureux de collaborer avec lui et de le compter parmi nos soutiens, comme c’est aussi le cas avec d’autres élus tel Bruno Retailleau ou encore Philippe Gosselin. Il n’y a pas de concurrence entre nous mais une certaine complémentarité. Vous savez, qu’il y ait des chemins différents n’empêche pas d’arriver tous au même endroit. Cela permet à davantage de personnes de se mettre en route, chacune selon sa sensibilité et avec des moyens de « locomotion » variés. Il n’est pas question de considérer ces autres mouvements comme des rivaux simplement parce qu’ils sont sur une autre barque, dès lors qu’ils rament dans le même sens que nous.
R&N : Si l’idée est de faire du lobbying catho, pourquoi ne pas le faire au FN, où il est plus facile de monter dans la hiérarchie ?
Sens Commun : Nous ne faisons pas du lobbying, nous faisons de la politique. L’objet de notre mouvement est d’avoir un programme politique et d’avoir des hommes politiques qui portent ce programme. Et nous ne nous appelons pas “Sens Chrétien” mais “Sens Commun” : un grand nombre de personnes de religions différentes ou sans religion ont en commun les valeurs que nous portons. Enfin, notre but n’est pas de monter dans une quelconque hiérarchie en décrochant des postes mais de faire porter nos idées jusqu’à l’Élysée pour qu’elles soit appliquées concrètement. Et nous pensons que l’UMP est le parti de droite le plus proche de ces idées et le plus à même de les porter au sommet de l’État.
R&N : Ne craignez-vous pas d’être une caution pro-famille permettant à l’UMP de rabattre vers elle les votes de La Manif Pour Tous ? Ne faudrait-il pas plutôt être un groupe de pression ou un électorat flottant ?
Sens Commun : LMPT est un groupe de pression et elle remplit très bien son rôle. Le rôle de Sens Commun est différent : il faut concrétiser dans le champ politique des demandes exprimées par la société civile. Si l’UMP est opportuniste, à nous d’être sa meilleure opportunité ! Il est temps de cesser de se plaindre et de réclamer pour se mettre plutôt à travailler et à proposer. Et cela fonctionne, vous savez ! Au regard de notre jeune âge, nous avons déjà beaucoup d’élus. Et je peux vous dire que d’autres auraient bien pris leur place. C’est déjà une forme de victoire. Mais de toute façon, nous ne sommes pas prisonniers de l’UMP : nous avons une sorte de CDD, si nous constatons que nous ne servons que d’alibi et que nous n’arrivons pas à faire bouger les lignes, nous ne resterons pas.
R&N : Quelles sont vos propositions pour arrêter la déferlante migratoire actuelle ? Comment comptez-vous résoudre le problème de l’islamisation actuelle de la société française qui inquiète de plus en plus ?
Sens Commun : A Sens Commun nous avons fait le choix de ne pas arriver avec un catalogue de propositions médiatiques qui sont souvent stériles. Nous venons de naître et nous ne prétendons pas avoir toutes les solutions clé en main : réconcilier la politique avec le réel, c’est commencer par établir un cap et des principes clairs - ce que nous avons fait avec le manifeste « La droite que nous voulons » -, puis travailler les dossiers en étant guidé par ces principes - ce que nous faisons actuellement - et enfin émettre des propositions construites et constructives - ce que nous ferons au cours des prochains mois et années. Je n’ai donc pas de réponse toute faite à vous offrir et je vous conseille d’ailleurs de vous méfier de ceux qui prétendraient en avoir. Mais nous avons évidemment des pistes de réflexion qui sont en train d’être étudiées : nous pensons, par exemple, qu’il faut être plus restrictif sur les avantages sociaux, de façon à ce que les personnes qui souhaitent acquérir le nationalité française soient attirées par la culture et les valeurs de notre pays, plutôt que par l’intérêt purement matériel. Nous pensons que les flux migratoires doivent être régulés bien plus fermement, parce qu’il ne sert à rien de recevoir des personnes si nous ne sommes pas en mesure de les accueillir dignement. Nous estimons également que la France doit pouvoir choisir en fonction de ses besoins et de ses possibilités.
Quant à la question de l’Islam, nous croyons que la meilleure façon d’éviter des dérives est d’assumer ce que nous sommes. La France doit assumer son héritage judéo-chrétien, être fière de ses valeurs, de sa culture, de son identité. Cette identité n’est pas figée, mais elle n’existe pas non plus ex nihilo. Il faut le dire sans agressivité, dans la bienveillance et l’apaisement, mais fermement.
R&N : Une partie des français exprime son ras-le-bol devant ce trop d’impôts et ce trop d’état. Quelles seraient les mesures à mettre en place (ou à supprimer) pour instaurer un véritable principe de subsidiarité (cher à Pie XI) qui protège les personnes des abus de la “présence injustifiée et excessive de l’État et de l’appareil public” ?
Sens Commun : Je vous renvoie à ma précédente réponse sur les propositions qui viendront en leur temps - ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Quelques éléments, simplement : un travail de redéfinition du périmètre d’intervention de l’État et des collectivités locales doit être accompli. Par ailleurs, il faut, je crois, donner une plus grande place au référendum populaire.
R&N : L’un des grands axes de votre manifeste est l’éducation. Quelles sont les mesures concrètes que vous prônez pour rendre la responsabilité de l’éducation aux parents et non à ces associations militantes qui interviennent actuellement en milieu scolaire ?
Sens Commun : Là encore, il faut redéfinir les missions de l’école. Et la première et plus fondamentale de toute est d’apprendre à lire, à compter et à écrire correctement. Nous avons organisé en octobre dernier des ateliers sur le thème de l’éducation pour débattre de ces questions et avoir des “remontées de terrain”. Celles-ci viennent à présent alimenter le pôle Étude de Sens Commun qui a déjà émis quelques propositions et qui continuera d’en émettre. Je vous invite à consulter les premiers éléments sur le site de Sens Commun.
R&N : N’est-il pas utopique de vouloir bâtir “la droite que nous voulons” à l’UMP, sachant que les grands partis de centre-droit ont avalisé les changements de civilisation tels que l’IVG ou l’enseignement de la théorie du genre à l’école (engagée sous Luc Chatel) ?
Sens Commun : Un parti est ce que l’on en fait. Nous n’étions pas là pour défendre nos convictions tandis que d’autres étaient là pour défendre les leurs. Il est trop facile de se présenter comme les victimes de politiques menées malgré nous : nous avons notre responsabilité ! Avons-nous le droit de jeter l’éponge avant même d’avoir commencé ?
Par ailleurs, il y a, là encore, un principe de réalité : ces grands partis existent et ils rassemblent des centaines de milliers de personnes. On ne peut pas les ignorer, construire un monde parallèle et vivre dans une société à part comme les Amish. On ne peut pas non plus les forcer à penser comme nous ! Il faut travailler à les convaincre, montrer les incohérences de nos opposants et montrer notre pertinence. Nous avons le devoir d’être les meilleurs.
R&N : La Commission européenne avait bafoué les peuples d’Europe en rejetant fin mai 2014 l’initiative One Of Us qui avait pourtant réuni 1.8 millions de signatures. Quelles actions allez-vous entreprendre - ou entreprenez-vous déjà - pour peser dans les débats au parlement européen ?
Sens Commun : Nous sommes en contact avec des députés européens et comptons travailler avec eux. Il est évident que notre action politique nationale et nos hommes politiques, d’aujourd’hui et de demain, devrons défendre également nos valeurs dans les instances supranationales. Mais tout cela demandera de la patience et de la persévérance.
R&N : Nicolas Sarkozy a enfin osé prononcer le mot d’abrogation, mais il parle toujours d’union civile, et même d’“un mariage pour les homos et un mariage pour les hétéros”. Parler ainsi de mariage pour l’union juridique entre deux personnes de même sexe ne relèverait-il pas une défaite sémantique et anthropologique, le mariage étant par définition, comme le souligne la charte de Sens Commun, l’union d’un homme et d’une femme dans le but de fonder une famille ?
Sens Commun : Nous considérons effectivement que le mot mariage traduit l’union d’un homme et d’une femme. Maintenant, il ne faut pas se tromper de combat et se perdre dans une lutte sémantique alors que l’enjeu est plus important qu’une bataille de mots. L’enjeu, la priorité absolue, c’est la protection de l’enfant et donc la remise en cause de la filiation permise par la loi Taubira. Il faut empêcher l’instauration de ce “droit à l’enfant” qui est une folie, comme l’a souligné Nicolas Sarkozy. Et pour l’empêcher, il faut donc abroger la loi Taubira puisqu’elle y mène tout droit. Mais on ne peut pas faire table rase du passé et ignorer les situations humaines créées par cette loi. Il faudra donc proposer ensuite un nouveau texte, qui tienne compte de ces situations et y réponde du mieux possible - tout en restant d’une fermeté absolue sur la protection du droit des enfants. Nous n’acceptons pas le soi-disant sens de l’histoire ; il faut que la droite ait le courage de modifier ou abroger des lois imposées par la gauche, qui sont contre nos valeurs et nos convictions.
R&N : Vous ne vous étiez jusqu’à présent pas prononcé sur la question de l’union civile pour laquelle Nicolas Sarkozy s’est exprimé plusieurs fois. Qu’en pensez-vous ?
Sens Commun : L’union civile est une option qu’il faut étudier au même titre que d’autres propositions visant à permettre une prise en compte des situations créées par la loi Taubira. De nombreuses équipes d’avocats travaillent en ce moment sur la question de l’abrogation de la loi et ses modalités concrètes. Nous verrons alors quelle option est envisageable.
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