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Entretien avec Mgr Schneider : « Recevoir l’Hostie sur les lèvres est le geste le plus approprié » [1/2]

Mgr Athanasius Schneider, né le 7 avril 1961 à Tokmok (République socialiste soviétique de Kirghizie) est évêque auxiliaire d’Astana (Kazakhstan).
Grâce aux bons soins de Renaissance catholique, la traduction française de son ouvrage consacré à la Sainte Eucharistie est parue récemment : Corpus Christi, la communion dans la main au cœur de la crise de l’Église. En 2008, paraissait également son ouvrage Dominus est.
À l’occasion d’une émission de radio à laquelle participait le rédacteur en chef du R&N, Son Excellence a bien voulu répondre à une série de questions. En voici la première partie.

R&N : Au cœur de votre livre, Excellence, se trouve la réaffirmation d’une vérité aujourd’hui méconnue : la présence réelle du Christ dans l’Hostie consacrée.

S.E. Mgr Schneider : Le fait que la présence réelle du Christ dans l’Hostie consacrée aujourd’hui se trouve souvent méconnue, est une conséquence d’un défaut de la foi dans l’Incarnation de Dieu.
Dieu s’est incarné réellement, Dieu a véritablement pris notre chair, Il a pris une nature humaine sans être atteint par le péché.
La réalité et la vérité de l’Incarnation atteint son sommet dans la Présence réelle du corps du Christ sous l’espèce du pain consacré. Si nous traitons l’Hostie consacrée d’une manière moins sacrée, la foi en la présence réelle diminuera avec le temps.

R&N : À l’origine de chacun de vos deux livres, figurent des souvenirs d’enfance, de votre enfance, passée dans le Kazakhstan soviétique, en des temps de persécutions où l’Église vivait dans les catacombes.

S.E. Mgr Schneider : Le temps des persécutions était rempli de beaucoup de grâces. La Providence divine utilise ces circonstances douloureuses afin que nous puissions saisir, chérir et vénérer encore plus profondément les vrais trésors de notre foi et surtout le mystère de l’Eucharistie.

R&N : Or, au milieu de ces calamités, les fidèles manifestaient un infini respect à l’égard de la Présence réelle.

S.E. Mgr Schneider : Comme nous avions longtemps été privés de la Présence réelle et de la sainte Communion, le désir, l’amour, la foi et la révérence envers l’Eucharistie croissaient plus fortement encore. D’autant que, dans le même temps, nous nourrissions toujours notre foi par la lecture du catéchisme et de la vie des saints.

R&N : Dans Corpus Christi, vous rappelez que la Messe est le trésor que Dieu a donné aux fidèles pour les faire grandir dans son amitié.

S.E. Mgr Schneider : En fait, dans cette vie de pèlerinage et dans cette vallée de larmes, Dieu ne pouvait pas nous laisser un moyen plus fortifiant, un trésor plus précieux et une consolation plus heureuse que le sacrifice de la Sainte Messe, puisque dans la messe se réalise chaque fois l’œuvre de notre rédemption et que nous y avons la Présence réelle de notre Sauveur et de Dieu incarné.

R&N : Au cœur de la Messe se trouve la communion qui fait de nous des tabernacles de l’amour divin.

S.E. Mgr Schneider : Il faut dire plus précisément que le cœur-même de la Messe est le moment de la double consécration, où le sacrifice du Calvaire est rendu présent avec sa valeur infinie et avec ses fruits inépuisables. Le fruit le plus précieux et ineffable est le corps vivant et immolé du Christ sous l’espèce du pain, et nous avons l’honneur et le privilège vraiment inconcevable de nourrir notre âme avec le fruit plus beau de l’arbre de la Croix, le fruit de la vie éternelle.

R&N : Cette réalité de la présence réelle justifie les marques d’adoration que l’Église demande aux fidèles au moment de la communion, notamment la réception de l’Hostie à genoux et sur les lèvres.

S.E. Mgr Schneider : La vraie foi en la Présence réelle demande aussi logiquement une reconnaissance visible, à savoir des gestes explicites d’adoration réservés au culte du vrai Dieu. Dans la tradition de l’Écriture Sainte, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, le geste typique de l’adoration divine est le geste de la prostration ou de l’agenouillement. La réception du Corps du Christ, de notre Dieu incarné, sous l’espèce du pain, n’est pas la réception d’une nourriture ordinaire et profane, mais bien d’une nourriture sacrée par excellence.
Le geste avec lequel il nous faut recevoir la sainte Communion doit, en conséquence, être clairement distinct du geste ordinaire et quotidien du « manger ». Pendant deux mille ans, l’Église en Occident et aussi en Orient a considéré que recevoir le Corps eucharistique du Christ directement sur les lèvres était le geste le plus approprié.

R&N : Pour aider notre sensibilité à comprendre la réalité de la Présence réelle, N.-S. nous adresse régulièrement des signes miraculeux attestant sa réalité.

S.E. Mgr Schneider : Il existe de nombreux documents authentiques qui, tout au long de l’Histoire bimillénaire de l’Église, attestent des signes miraculeux de la présence réelle du Christ dans le sacrement de l’Eucharistie. Le miracle de Lanciano en est l’un des plus fameux exemples.
Notons aussi les conversions miraculeuses réalisées sous l’influence directe de la Présence réelle, comme par exemple le miracle eucharistique de saint Antoine de Padoue, la conversion du fameux pianiste juif Hermann Cohen, ou encore d’André Frossart.
À Lourdes, des guérisons miraculeuses ont eu lieu pendant la bénédiction, avec l’ostensoir contenant l’Hostie consacrée.
Mais, à côté, il existe certainement beaucoup de conversions silencieuses, opérées pendant la célébration de la sainte Messe et après la réception de la sainte Communion. Il y a aussi beaucoup de martyrs eucharistiques, dont le martyre représente en lui-même un miracle eucharistique, car verser son sang en défense de la vérité de la présence réelle est déjà un clair miracle. Parmi ces martyrs eucharistiques, nommons par exemple le jeune acolyte saint Tarcis lors des persécutions des premiers siècles, ou les martyrs de Gorkum (Pays-Bas) lors de la pseudo-réforme protestante.
Une autre catégorie des miracles eucharistiques est celle des saints dont la vie corporelle a été soutenue pendant plusieurs mois ou plusieurs années exclusivement par la sainte Communion, comme par exemple sainte Catherine de Sienne, saint Nicolas de Flue et de nos jours la vénérable Marthe Robin, qui pendant plus de cinquante ans n’a vécu que de l’Eucharistie.

Entretien à suivre...

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