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Corsaire : Claude Wallaert, pouvez-vous brièvement présenter à nos lecteurs le Cercle Vauban, que vous présidez ?
Claude Wallaert : Le Cercle Vauban est d’abord un cercle d’amis, issus d’horizons professionnels très divers – beaucoup de nos membres sont encore en activité - rassemblés par une communauté d’idées et de convictions. Ils partagent également un constat quant à la situation actuelle de la France.
Cette amitié se concrétise par des réunions mensuelles en assemblée plénières, entre lesquelles ont lieu des réunions plus restreintes auxquelles se joignent les rédactions de deux magazines : l’hebdomadaire Politique magazine et le mensuel La Nouvelle Revue Universelle.
Le Cercle Vauban travaille sur différents sujets d’intérêt général : les PME et la monarchie, mais également la Justice, la Famille, l’économie, l’Education.
Parmi ces thèmes traités, signalons que trois brochures sont d’ors et déjà disponibles dans les rayons des librairies Duquesne et Notre-Dame-de France : la publication relative aux PME, la brochure intitulée « Monarchie, espérance pour la France » et, enfin, notre tout récent dossier consacré aux institutions, qui sera en vente à l’occasion de notre colloque.
Corsaire : Vous évoquez une communautés d’idées. Quelles sont ces idées ?
Claude Wallaert : Nous partageons une vision de la politique à travers l’anthropologie chrétienne. Cela passe par un refus du libéralisme échevelé et du mondialisme forcené, mais aussi par une fidélité à la tradition française, une farouche volonté du retour à la souveraineté nationale, à l’indépendance politique de la France.
Nous sommes, si j’ose dire, obsédés par la poursuite du Bien commun.
Le Cercle Vauban partage une espérance profonde en la renaissance de la France. Nous pensons que la France, à travers sa longue Histoire, s’est toujours relevée.
Elle descend aujourd’hui d’une dépression dont elle n’est pas encore remontée –peut-être n’a-t-elle pas encore touché le fond ? - mais elle en a toujours les capacités. La France peut se ressourcer après les malheurs subis.
Corsaire : Une fois posé ce constat alarmiste, que proposer ?
Claude Wallaert : Il convient d’abord de promouvoir les libertés publiques, parmi lesquelles l’instruction. Il est toujours utile de rappeler que si l’Etat peut instruire, la mission d’éduquer les enfants revient évidemment aux parents. C’est là une manifestation du principe de subsidiarité.
Renouons également avec la Justice, en endiguant les dérives idéologiques d’une magistrature qui n’est guère plus au service de la Justice.
Nous évoquions tout à l’heure l’abandon de la souveraineté et de l’indépendance politique nationale. La solution passe bien sur par une sortie de la monnaie unique et par une dénonciation du traité de Lisbonne, mais aussi par l’établissement de relations étroites avec les pays d’origine des immigrés – afin de maitriser l’immigration, sans hostilité mais sans concession – et de rapports souverains avec d’autres Etats pour des grands projets.
L’indépendance nationale nécessite enfin une revitalisation profonde de l’Armée. Il est bien naïf, comme le prétendent les hommes politiques, de croire que le parapluie nucléaire est suffisant à lui seul.
Corsaire : La crise française est aussi une crise éthique et identitaire. Là encore, au-delà du constat, quelles pistes proposer pour une juste politique en la matière ?
Claude Wallaert : L’Eglise a ici un grand rôle à jouer, là encore, en vertu du principe de subsidiarité, et notamment dans la mission fondamentale qu’est l’instruction.
Laissons l’Eglise retrouver sa place dans l’instruction – cela impliquerait que l’Eglise, en France, le veuille, ce qui est à vérifier – mais aussi dans la santé et le social.L’Etat n’a pas le monopole de ces questions : il doit interagir avec l’Eglise, laquelle doit redevenir une grande force de subsidiarité.
Si partout l’éthique fait défaut, c’est parce que l’Eglise a déserté ces lieux où règnent des fonctionnaires sans âme.
C’est une œuvre de longue haleine.
Corsaire : Vous évoquez le principe de subsidiarité. Alors qu’une réforme territoriale technocratique et artificielle a été adoptée récemment, que proposez-vous en matière de corps intermédiaires locaux ?
Claude Wallaert : La France est un corps avec passé et une consistance historique. Nous proposons une articulation rénovée en redonnant de la consistance aux anciens pays (qui pourraient fort bien s’appeler « cantons »), faire disparaître les artificiels départements, d’essence jacobine, et donner du corps aux provinces, insufflant ainsi la vie aux solidarités historiques.
Les corps intermédiaires ont aussi un rôle clef à jouer dans la représentation des Français. Cette dernière doit se faire sur la base des compétences. Nous contestons le fait que les représentants soient, suivant la conception d’un Rousseau, interchangeables et presque abstraits. Un député ne représente pas la nation mais, réellement, son canton, sa région, ou son village. Il le représente par sa personne, considérée comme un être social.
Dans les instances électorales, il ne faut pas des députés interchangeables ou désireux d’émoluments importants, mais des représentants aux compétences diverses, depuis le chefs d’entreprise à l’artisan, en passant par l’avocat ou le religieux. Toute la richesse du savoir faire professionnel, religieux, moral et politique doit être présente dans les instances régionales et au Sénat. Ce dernier devrait représenter les forces vives de la nation et avoir le dernier mot dans le dialogue législatif avec l’Assemblée Nationale (il s’agirait d’une inversion des rôles entre les deux chambres).
Corsaire : Revenons plus précisément sur le rôle de l’Eglise, dans cette société organique à restaurer. Dans l’hypothèse d’une évolution (voire d’un changement) de régime, quelle place doit tenir l’Eglise catholique ?
Claude Wallaert : Nous débattons hélas dans un cadre teinté par une idéologie datant de 1905 : ainsi, le gouvernement des hommes n’aurait pas besoin du secours des valeurs transcendantes pour assurer sa mission. Cette erreur fondamentale consiste en la prétention ahurissante selon laquelle l’Homme peut se débrouiller sans Dieu.
Nous sommes dans un Etat athée militant : face à cela, la voie à suivre est celle qu’a choisi la Hongrie en adoptant sa nouvelle Constitution.
Renouer avec le socle chrétien de notre nation est essentiel ; ainsi pourrons-nous tendre un main aux musulmans français par exemple.
Corsaire : Après la Vè République, faut-il en bâtir une sixième ?
Claude Wallaert : Le nouveau régime ne devra pas être une VIè République, mais un Etat dont le sujet et l’objet seront la poursuite et la réalisation du bien commun.
En vérité, nous vivons une situation de chaos et, dans ces conditions, il s’agit de retrouver un homme ayant la trempe d’un bâtisseur capétien, d’un vrai chef qui accepte tous les risques.
La première est détaillée dans notre brochure consacrée à la monarchie : revitalisons la France, donnons un nouveau souffle aux institutions en renouant avec les préoccupations capétiennes par excellence que sont la subsidiarité, le souci de la Justice, l’attention aux plus démunis.
Une telle approche nécessite, encore une fois, le recours aux corps intermédiaires de la société.
Corsaire : « Pour un nouveau régime » : tel est le thème du colloque qui aura lieu le 6 décembre à Paris. Pourquoi un tel colloque maintenant ? Le sujet n’est-il pas éculé, et n’y a-t-il pas d’autres priorités ?
Claude Wallaert : L’heure est venue de se livrer à une réflexion et de partager des propositions portant sur les institutions. Nous sommes dans une crise institutionnelle qui touche toutes les institutions : la liberté, la souveraineté, les libertés publiques, bref, tout ce qui touche au pouvoirs régaliens et à la représentation des Français.
Hélas, peu de gens le disent, mais les Français ne sont pas représentés : les structures existantes ne relèvent que de la pseudo démocratie.
A travers ce colloque, notre démarche s’inscrit dans une volonté de faciliter une renaissance de la nation.
Corsaire : S’agit-il d’un colloque de témoignage ou d’un évènement dont la vocation est de déboucher sur des objectifs concrets ?
Claude Wallaert : Tout le monde, et c’est naturel, souhaite que ses idées s’appliquent concrètement.
Tel est notre cas, mais soyons lucides : nous ne ferons rien avec la génération politique actuelle, qui est absolument inamendable.
Aussi, à la faveur de notre colloque mais aussi des divers mouvements de société civile éclos depuis le printemps 2013, pouvons-nous proposer à la jeunesse de puiser aux bonnes sources intellectuelles et de se fortifier moralement, anthropologiquement, politiquement, spirituellement.
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