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Carl Moy-Ruifey : Si vous êtes élu, ferez-vous comme Robert Ménard, démissionnerez-vous de Boulevard Voltaire ?
Dominique Jamet : S’agissant de Boulevard Voltaire, je n’ai pris de décision. J’examinerai si je suis élu si je suis capable de continuer à assurer mon travail, ou si, avec Robert Ménard on crée une nouvelle structure pour passer le flambeau. Comme c’est un site qui marche bien, l’idée n’est certainement pas de laisser tomber Boulevard Voltaire. Je ne veux pas prendre d’engagement. Mais il est probable que si j’étais élu, je n’aurais pas le temps. Une réorganisation s’imposerait ipso facto.
Carl Moy-Ruifey : Pensez-vous que le rôle d’un journaliste et d’un homme politique doit être bien séparé ? Pensez-vous que la défiance des Français vis-à-vis des médias tient à une connivence entre journalistes, politiques et acteurs économiques ?
Dominique Jamet : J’ai assisté de mon vivant à une évolution regrettable. Cela est lié aux écoles de journalisme et à l’évolution de la société. Il était naguère normal que le journalisme soit un journalisme d’opinion. On considérait qu’il n’y avait pas de contradictions entre l’exercice du métier de journalisme par des hommes politiques et les droits des citoyens. Et nous sommes passés progressivement à une conception où à l’image de ce qui est censé se passer à la télévision ou à la radio, le journalisme doit être neutre et objectif. Tous les journalistes ont des opinions qu’ils cachent plus ou moins bien. Il est évident que la gauche domine très largement dans les médias français. L’idée de séparer la politique et le journalisme est l’inverse de ce qui fut le cas pendant 150 ans. Léon Blum, Marcel Déat, Georges Clemenceau, Charles Maurras étaient à la fois journalistes et investis en politique. La disparition de la presse d’opinion est en cause dans cette évolution. Dans les écoles de journalisme, on apprend essentiellement à être prudent.
Nous vivons à l’heure actuelle dans une société où le monde médiatique est en pleine reconversion. Il est dominé par les grands industriels et l’Etat. Ni l’un ni l’autre n’aiment ceux qui remuent. Dans le cas du journal Libération, qui est à l’agonie, il a gardé une totale liberté sur le plan sociétal, sur le plan des mœurs, de l’audace, à condition d’être très conformiste sur l’Europe et le libéralisme. Le ton de la campagne avant le référendum de 2005 était symptomatique de l’état de la presse. Systématiquement, dans tous les débats organisés par la presse et la télévision, le principe premier était qu’on ne pouvait pas être contre l’Europe, à moins d’être stupide ou rétrograde.
Cela montre que l’exercice démocratique, la culture du débat et de la tolérance sont singulièrement dégradés dans notre pays. Quand j’entendais Manuel Valls, lors de son discours de politique générale à l’Assemblée générale, on est habitué à ce que l’opposition claque les pupitres et gueule. Les députés ne savent plus ce que c’est qu’un débat. Naguère, et j’ai conscience que la France était alors un pays vraiment indépendant et que le Parlement avait vraiment du pouvoir, lorsqu’un Jaurès ou un Clemenceau prenait la parole, on avait le sentiment d’écouter quelque chose de fort. Beaucoup d’hommes politiques d’aujourd’hui ont le sentiment que ce qu’il faut faire, c’est parler plus fort que son interlocuteur dans un débat.
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