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Dominique Jamet (DLR) répond au R&N : Europe & Christianisme (I)

Cet entretien avec Dominique Jamet a été effectué en quatre parties. La première porte sur le thème « Europe & Christianisme ». Dominique Jamet est journaliste, écrivain, fondateur du site Boulevard Voltaire et tête de liste de Debout la République en Île-de-France pour les élections européennes de mai 2014.

Carl Moy-Ruifey : Qu’est-ce que l’Europe ? La question est vaste et large. Cependant, nous aimerions que vous nous livriez votre façon d’appréhender ce continent, par sa civilisation, sa culture. Peut-être êtes-vous sensible à certains auteurs, Rémi Brague, par exemple, qui tendent à montrer que l’Europe n’est pas une simple réalité géographique.

Dominique Jamet : Je ne vous dirai rien d’original. Les limites de l’Europe font l’objet de questionnements puisqu’on se demande si elle va jusqu’à l’Oural. Les frontières administratives ne sont pas unanimement reconnues et fixées. L’Europe c’est, au-delà d’une organisation politico-administrative, une communauté culturelle, affective et une civilisation commune. Elle est fondée sur l’histoire, sur l’ethnicité. Je crois qu’il n’est pas honteux de dire qu’elle est plutôt habitée par des individus de race blanche, comme on pouvait le dire autrefois. Par-dessus tout, ce sont des racines chrétiennes, et qui, au-delà du christianisme, remontent à Rome, à la Grèce, et son également judaïques. C’est ce mélange, cet apport de divers ingrédients qui fait l’originalité et la personnalité de l’Europe, à travers, également, d’innombrables vicissitudes. L’Europe, cela a aussi été beaucoup de querelles, beaucoup des guerres pour la délimitation des frontières, des histoires de rivalités entre peuples. Au-delà des tragédies qui ont marqué l’histoire de l’Europe, c’est un continent dont les peuples sont porteurs d’un message unique. Les racines sont communes, même si on a aujourd’hui tendance à les renier pour des raisons qui me paraissent de pur opportunisme.

Carl Moy-Ruifey : De ce point de vue, vous êtes donc pour revendiquer, avec fierté, nos racines européennes. Par exemple, j’entendais ce matin parler de ce que le Louvre a abandonné le projet d’un département d’art chrétien et byzantin. A l’inverse, on a inauguré l’an passé un nouveau département des arts de l’Islam. Cela laisse penser que nous sommes aujourd’hui obnubilés par les cultures étrangères et les plus différentes de nous.

Dominique Jamet : Il semble que dans l’esprit de certains, l’enrichissement lié au métissage des ethnies et des cultures soit sélectif.

Carl Moy-Ruifey : Je voudrais en venir aux points non-négociables définis par l’Eglise catholique pour guider le vote des fidèles. On en cite généralement trois : protection de la vie de sa conception à la mort naturelle, liberté éducative, défense de la famille traditionnelle. Vous reconnaissez-vous dans ces points ? Est-ce une bonne base pour décliner toutes sortes de valeurs : défense de la nation, de la patrie par exemples ? La liste Debout de la République défendra-t-elle ces points ?

Dominique Jamet : Le Pape est le porteur et le défenseur d’un message et de valeurs qui sont les siens. Il est tout-à-fait amusant de voir périodiquement les médias s’étonner de ce que le Pape n’est pas favorable à la PMA, à la GPA, à l’avortement, au divorce ... Le Pape est le chef d’une Eglise qui est fondée sur ces valeurs. Dans le détail, je ne sais pas si tel ou tel point ne me séparerait pas d’elle … Debout la République et moi-même ne sommes identifiés à aucune religion. Il n’empêche que dans le combat de civilisation qui fait rage actuellement, avec des nuances, nous sommes pour parler du côté de la famille, du côté de la patrie. Tous les comportements, tous les arguments dissolvants qui se sont manifestés fortement en France récemment avec le mariage pour tous et aussi dans l’ensemble de l’Occident, ne sont pas les nôtres. Ils nous paraissent porteurs de clivages, de divisions, et même, à terme, de délitement, de destruction, de l’identité européenne et de l’identité française.

Carl Moy-Ruifey : Vous avez sans doute entendu parler des rapports Lunacek et Estrala qui ont été débattu au Parlement européen. Ces sujets, de la famille, de l’éducation, qu’on y vienne par sa foi ou sa raison, sont débattus au niveau européen. Si vous aviez été député européen, qu’auriez-vous voté ? Vous seriez-vous abstenu comme vos alliés britanniques du United Kingdom Independance Party (UKIP) ?

Dominique Jamet : Nous serions allés plus loin que le UKIP. Nous n’aurions pas adopté le rapport Estrala ou le rapport Lunacek. Ces rapports sont assez symboliques, par l’intermédiaire du Parlement européen, du décalage qu’il y a entre les revendications, les extravagances d’une certaine élite, je le mets sans guillemets, et le sentiment et le sens commun des peuples. Sans être systématiquement polémique ou fermé : il est naturel et légitime de s’interroger sur des questions de conscience, qui sont lourdes de sens et de conséquence. Mais c’est de justesse que le rapport Lunacek a été repoussé. Le fait qu’il ait failli être voté est révélateur avec tant d’autres éléments du divorce entre l’état de la pensée des élites et le bon sens et la tradition. Comme la vie est quelque chose d’extrêmement limité, surtout si l’on n’est pas chrétien, on voit bien et on comprend que les gens qui n’ont pas de croyances sont pressés de faire vite et de liquider des héritages parfois millénaires. Cela mériterait réflexion. On n’est a pas forcé de modifier des systèmes qui remontent à 2000 ans ou davantage. On n’est pas obligé de liquider cela en trois mois ou en trois ans.

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