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Arnaud Vytis : « Nous voulons croire que les Français peuvent encore se parler »

10 décembre 2016 Rédacteur

Le R&N : Vous venez de fonder l’Agora : dans quel esprit avez-vous créé celle-ci ?

Arnaud Vytis : Dans un esprit convivial et amical. Nous sommes un groupes d’amis venus de tous les horizons, et au fil des discussions, des bières ou de nos activités personnelles, nous avons réalisé qu’il était de plus en plus difficile de débattre avec des personnes qui ne sont pas dans nos cercles, dans les bulles conditionnées par les algorithmes des réseaux sociaux dont nous sommes prisonniers. Les Français ne se parlent plus, ne se rencontrent plus et ne cherchent plus à construire ensemble (ce qui est le propre d’une nation pourtant). Alors que le climat général est lourd, il y a comme une angoisse de prémisses de guerre civile et chacun se replie dans le communautarisme rassurant des gens qui pensent pareil. Nous voulons croire que ceci n’est pas une fatalité, que rien n’est joué, que les Français peuvent encore se parler, s’écouter, se réconcilier et bâtir un avenir commun, en ayant reconnu un héritage en partage.
Comme le disait feu le president Pompidou : « Il faut en finir avec ces temps où les Français ne s’aimaient pas. » Les Agoras Nouvelles se veulent donc un espace libre et ouvert où des personnes que tout oppose, que les idéologies et les partis ont divisées, que les peurs de l’inconnu ont excitées, mais qui ont au cœur la même recherche du Bien Commun, où ces ennemis peuvent devenir des adversaires voire des amis. Les Agoras Nouvelles veulent offrir cette chance, cette dernière chance de se rencontrer et nous l’espérons, de se serrer la main en frères pour se mettre au service du Bien, du Beau, du Vrai et donc de la France.

Le R&N : Dans une époque si rapide et si tendue, croyez-vous que le débat soit encore possible et utile ?

Arnaud Vytis : C’est tout l’enjeu. Si nous lançons ce concept nouveau et un peu révolutionnaire (ou contre-révolutionnaire) c’est que nous croyons que c’est encore possible. Nous ne sommes pas des bisounours et nous ne nions pas les conflits mais nous pensons (parce que nous sommes français) aux vertus du débat constructif, intelligent et courtois. L’an dernier un colloque du journal Marianne portant sur la question « Le débat est il encore possible en France ? » constatait que depuis 1789, on a introduit la Morale en politique et donc on dénie à son interlocuteur le droit moral de s’exprimer pour ensuite l’envoyer à la guillotine physiquement ou socialement. « Vous n’avez pas le droit de dire ça ! ». En revanche, au Moyen-Age, toujours selon Marianne, les théologiens scholastiques envoyaient à leurs adversaires leurs arguments, pour qu’ils puissent se préparer à y répondre avec pertinence... Quelle leçon de respect et d’humanisme ! Depuis, les Français sont divisés en partis, en communautés, en camps ennemis.. Nous voulons renverser tout ça ! L’autre ne doit pas être vu en ennemi mais en semblable. Et comme on ne peut aimer que ce que l’on connait, apprenons à nous connaitre pour nous aimer les uns les autres.
Et oui bien sûr que c’est utile ! C’est même vital ! Soit les Français se parlent à nouveau et communient ensemble à un même destin, une même vocation, soit c’est la guerre civile... et personne de raisonnable ne peut le souhaiter. Il n’y a pas d’autres voies possible. Et il y a une urgence hic et nunc.

Le R&N : Pour votre premier événement, vous réussissez à réunir Monseigneur Rey (évêque de Fréjus-Toulon) et Christian Eyschen (vice-président de la Fédération nationale de la Libre-Pensée) pour un débat sur la laïcité. La nouvelle évangélisation, prônée par Monseigneur Rey plus que par n’importe quel autre évêque, peut-elle avoir des vertus pour la France aux yeux d’un républicain anticlérical ?

Arnaud Vytis : Le principe des Agoras Nouvelles étant l’impartialité des débats, en laissant les intervenants s’exprimer, je me vois mal répondre à la place de nos invités. Il faut venir le 13 décembre pour poser la question et écouter la réponse.

Pour ne pas botter en touche, je rajouterais quand même, que les catholiques comme les libres penseurs, mais aussi les protestants et les musulmans que nous invitons, ont intérêt à se trouver des vertus communes s’ils veulent s’entendre (dans tous les sens du terme). En somme, la France malade, suicidaire, « fille aînée de l’Eglise et de la Convention » (selon la chanson) doit, si elle veut se relever, ressusciter, pouvoir rassembler tous ses enfants, « celui qui croyait au Ciel, et celui qui n’y croyait pas ».
Sans faire de concessions, il est important que tous les « bouffeurs de curés » reconnaissent la réalité de nos racines et de notre vocation nationale, comme il est aussi important que les « calottins » acceptent l’idée que les « sans Dieu » peuvent aussi être des hommes de bonne volonté. Ce n’est pas brader nos croyances ou notre Foi, c’est nous retrouver sur le parvis des Gentils et nous découvrir frères en humanité pour les uns, frères par le Père pour les autres.

Le R&N : Pourquoi avoir choisi ce thème, la laïcité, plutôt que l’immigration, l’Europe, ou le chômage ?

Arnaud Vytis : Nous voulions coller avec la réalité de ce que vivent les Francais. C’est une première qui, si elle est réussie nous permettra d’aborder d’autres thèmes comme la guerre civile, le prochain quinquennat ou ceux que vous citez, mais pour commencer, pour tenter l’expérience, nous voulions un sujet sur lequel normalement tous les Français se retrouvent et qui pourtant depuis peu semble les diviser. La bataille des crèches dans les maries, les sapins païens qui heurtent les musulmans, la débauche commerciale qui abime le message de l’Incarnation, et pourtant la magie et la fête de famille... En préparant cette soirée, je me suis rendu compte à quel point Noël était vécu différemment selon la bulle dans laquelle on vit. Crevons ces bulles ! Construisons des ponts, dirait le saint Père, fraternisons diront les païens... et communions dans un esprit de trêve, esprit qui pourrait bien être celui justement de Noël.

Mais tout mon baratin n’a d’intérêt que si vous venez écouter ces débats qui, je pense, seront animés mais bien plus passionnants que tout ce que je viens de vous dire.

Donc, rendez-vous à 20 h mardi 13 décembre, 6 rue Albert Lapparent à Paris, pour cette première des Agoras Nouvelles. Venez et voyez !

20h table ronde : Noël a-t-il encore du sens en 2016 ?
Avec :
  • Fayçal Safi (comédien)
  • Gaultier Bès de Berc (revue Limites)
  • Saïd Oujibou (pasteur)

Deuxième table ronde : Noël est-il hallal ?

  • abbé G. de Tanoüarn (Centre st Paul)
  • Tareq Obrou (imam de Bordeaux)

Troisième table ronde : Noël viole-t-il la laïcité ?

  • Mgr Dominique Rey évêque
  • Christian Eyschen vice pdt de la Libre Pensée
  • père Michel Gitton, curé à Provins
  • Jean Birnbaum , journaliste au Monde et France Culture

22h30 : buffet fraternel et dédicaces des livres

10 décembre 2016 Rédacteur

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