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[EUTHANASIE] « Chacun est maître de sa vie »

En ce début d’année, le Rouge et le Noir se propose de réfuter un par un chacun des arguments phares des partisans de l’euthanasie.
Retrouvez l’ensemble de notre dossier.

« Chacun est maître de sa propre vie »

C’est certainement là l’argument le plus simple et le plus terrible des avocats de l’euthanasie : la liberté de chacun de faire ce qu’il veut de sa propre vie. Moins atteignable que le "droit à disposer de son corps", qui repose sur un mensonge énorme, l’argument "chacun est maître de sa vie" résonne, dans la société individualiste où nous vivons, comme un universel venu des origines de l’humanité-même.

Et, de fait, que faire si un ami, un proche, ou même un inconnu au bout d’une ligne "écoute-suicide" a décidé de mettre fin à ses jours ? La réalité elle-même, en fin de compte, respecte le "droit" de chacun à mettre un terme à son existence, s’il y est fermement déterminé. Ce qu’oublient un peu vite les sectateurs de l’euthanasie, c’est qu’il s’agit ici d’un suicide pur et simple ; or l’euthanasie, loin de tout cela, fait intervenir une personne de plus : le médecin qui est censé appuyer sur le bouton funeste. Et que nous ne sommes plus dès lors dans une configuration où l’individu se fait subir ce que bon lui semble à son corps, car l’euthanasie impose à un autre de participer à ce processus.
Nous passerons sur la contradiction extraordinaire qu’il y a à instaurer toujours plus d’organes de prévention du suicide, et à désormais vouloir encourager le "suicide assisté". Nous chercherons plutôt à rappeler que c’est précisément ce recours à une personne supplémentaire qui rend l’euthanasie indéfendable. Tout d’abord parce que pour mettre des garde-fous à cette pratique (qui a montré, à travers l’exemple de l’odieux "docteur" de Bonnemaison, qui euthanasia plusieurs patients sans l’accord de qui que ce soit, à quel point elle pouvait échapper à tout contrôle), il est nécessaire d’impliquer d’autres personnes, les proches du patient, et que, de cette multiplication des volontés autour de celle qui est censée être la seule à compter, naît un chaos innommable, comme le prouve la malheureuse affaire Vincent Lambert depuis de bien longs mois.

Et la raison à cela, c’est que dans une société qui ne renonce pas aux dernières parts d’humanité qui lui restent, on n’est pas seul dépositaire de sa propre vie. Nous appartenons à une famille, à un milieu, à une communauté : autant de gens auxquels nous sommes rattachés, aux yeux desquels nous avons un prix, aussi insignifiant soit-il parfois. Et c’est bien la marque de la barbarie que de rejeter au loin ces liens vitaux pour instaurer un droit à mourir.
Par ailleurs, refusant l’argument athée selon lequel seuls ceux qui ne croient en rien peuvent parler des questions morales, les chrétiens que nous sommes répondront que la vie n’appartient pas à son dépositaire humain, mais à son Créateur divin, pour la bonne raison que c’est Lui qui en est la cause libre. Et nous ajoutons qu’y attenter au mépris de cette appartenance divine est un exemple déplorable à donner à cette même société qui nous entoure : c’est lui apprendre la lâcheté face à la douleur et le refus du combat, une forfaiture qui ne tardera pas à prendre racine dans l’esprit si faible des hommes.

S’il nous est parfois impossible d’empêcher le geste malheureux d’un désespéré, il serait ignominieux d’inscrire dans la loi l’idée que la valeur de la vie est relative. Nous sommes précieux aux yeux de nos proches, et nous sommes responsables de l’image que nous renvoyons à nos descendants. Rien n’est, en fin de compte, plus faux que l’argument "chacun est maître de sa vie", si l’homme moderne daigne relever le nez de son nombril.

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