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Le livre du cardinal Müller que proposent les éditions Artège au public francophone ne manquera pas d’intéresser ceux que les circonstances du pontificat de François ont troublés, ou du moins interrogés, quant à la valeur, à la constance et au contenu de l’enseignement de l’Église catholique. Chez certains, on se demande de plus en plus ouvertement ce que vaut effectivement la parole du Pape, et la médiocrité du débat public autant que la machine infernale des emballements médiatiques tendent à faire surgir des questions qui sont d’autant plus insolubles qu’elles sont mal posées. La polémique et le phénomène médiatique forcent les oppositions et caricaturent les termes du débat. Ceux qui cherchent dans La Force de la vérité un ouvrage polémique dirigé contre le Pape pourraient être déçus. Mais ils pourraient aussi, avec le premier chapitre intitulé « Par quelle autorité ? », mieux comprendre en quoi consiste précisément le magistère pontifical.
Il fallait donc à son heure l’éminente clarté d’un ancien préfet de la congrégation de la Doctrine de la foi pour proposer cet heureux opuscule où les chercheurs de vérité pourront trouver quelques réponses à leurs interrogations. On ne trouvera pas dans ce livre un équivalent actualisé des Entretiens sur la foi du cardinal Ratzinger. Il ne s’agit pas tant de brosser, même si cela apparaît ici et là, un tableau de la situation et des grands enjeux auxquels l’Église est confrontée. Le cardinal Müller entreprend ici, avec une prose sereine, ferme et sûre, de rappeler à contre-temps la vérité telle que l’a exprimée le Magistère sur bien des points actuellement controversés dans le débat public. Il ne s’agit pas d’un ouvrage offensif, ou d’une prise de position, mais d’une œuvre d’enseignement. En témoignent plusieurs chapitres qui sont le « recyclage » de certaines conférences ou enseignements qui eurent lieu dans un cadre universitaire.
Ce « recyclage », le cardinal Müller ne s’est pas privé d’y avoir recours, et on peut déplorer une tendance qui est plus générale, mais hélas aussi quelque peu paresseuse, à reprendre ainsi des publications antérieures, et à en faire une collection par trop hétéroclite destinée à la publication. Mais un livre requiert une cohérence d’ensemble. Heureusement, La Force de la vérité évite généralement cet écueil, puisque ces contributions plus anciennes (conférences et articles publiés dans le magazine américain First Things) ont été complétées par d’autres chapitres inédits. Le plan de l’ouvrage montre son caractère circonstanciel mais substantiel : il répond, dans l’ordre, aux grandes polémiques. Les chapitres se suivent, mais on peut distinguer trois parties plus générales : le rôle du magistère dans le service de la vérité, les débats sur les sacrements (pénitence, eucharistie, mariage) et la morale sexuelle, la situation de l’Église dans un monde étranger à la foi.
On ne trouvera donc pas d’idées neuves, ou une véritable originalité dans ce livre du cardinal Müller. En revanche, il « vulgarise » avec succès en rendant accessible à un grand nombre la compréhension du Magistère de l’Église quant à de nombreuses vérités de foi, fidèle à l’ambition que S. Jean-Paul II assignait au Catéchisme de l’Église catholique d’« être une norme sûre pour l’enseignement de la foi. »
À dire vrai, pour ceux qui ont déjà une vision assez claire des questions touchant la vérité, les sacrements ou la morale, les pages les plus intéressantes seront celles qui forment les trois derniers chapitres au sujet des problèmes posés à l’Église par le monde d’aujourd’hui. Au-delà des dynamiques internes à l’histoire de l’Église, il faut certainement voir en effet que les graves questions qui se posent à elles tant sur l’affirmation de la vérité que sur la morale sont en effet dues en partie aux contaminations des influences du siècle. C’est ce qui fait la cohérence avec les chapitres précédents.
On pourrait trouver qu’il manque une conclusion proprement dite à cet ouvrage. Il y aurait sans doute gagné en cohérence, mais aussi en clarté, afin de donner à l’auteur l’occasion de réaliser une synthèse. En lieu et place, on y trouve plutôt, comme appendice, son Manifeste de et pour la foi. L’exhortation que le cardinal Müller adresse à ses lecteurs n’en est que plus claire : « En tant qu’ouvriers dans la vigne du Seigneur, nous avons tous la responsabilité de rappeler ces vérités fondamentales au monde qui nous entoure, en ne lâchant rien de ce que nous avons reçu. »
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