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Le monde apprend que Banksy, artiste rebelle multi-millionaire, finance un bâteau piloté par une négrière allemande plutôt vilaine qui a du appeler à l’aide la sûreté maritime, sa participation au trafic mondial d’êtres-humains étant menacée de naufrage.
Rebelle, Banksy l’est-il vraiment ? Il convient bien sûr d’admettre qu’il ait quelque chose de commun avec la profession de Michel-Ange – et on doit être copieusement décérébré pour réussir à dénicher ce quelque chose, mais il faut en venir au fait.
Molière, au premier chef, n’avait rien d’un rebelle. Une armée d’instituteurs roucoulent à longueur de temps les audaces de sa « critique sociale » et des autres mièvreries qu’ils lui prêtent pour se faire croire que, « de tous temps », la révolution fut menée par des intermittents du spectacle. Molière avait des mécènes, et on s’applatit sans mot dire devant son mécène jusqu’à ce qu’on s’en accomode un plus puissant : c’est exactement ce que Molière et tous les artistes ayant besoin de protection firent. L’artiste n’existe donc qu’autorisé, et ceci est valable pour Molière aussi bien que pour Banksy. Il est donc tout, tout ce que son mécène voudra, sauf un rebelle. Jamais il ne mordra la main qui le nourrit.
La main de Banksy, c’est la Culture internationale avec un grand Q. C’est la culture d’enchères pharamineuses et de subventions torrentielles pour des niaiseries convenues. C’est la culture qui sublime la marchandise mondiale, qui lui donne son souffle divin, sa panacée métaphysique.
Ce flasque et médiocrissime peintre en béton armé pour riches donne aux mangeurs de pauvres l’impression qu’il comprennent leurs victimes ; pire, la mission de ce fabricant de purin est de faire en sorte que la population qui écrase infatigablement les plus petits puisse se persuader qu’elle lutte avec un peuple falsifié contre une force dominante qui n’a aucune existence véritable.
Ce n’est pas un hasard si ceux qui admirent un tel idiot exècrent le paysan raciste et « font barrage » : Banksy existe parce qu’on l’autorise à lustrer, torcher et polir l’imaginaire de cette assemblée de criminels aux gants de velour. Le rôle de tels homoncules est de passer la serpillère sur la conscience boueuse des gagnants du capitalisme anthropophage, en leur faisant croire qu’on peut s’attirer la bienveillance de l’internationale culturelle, médiatique et marchande tout en luttant pour la justice. Il est donc évident que l’art contemporain, Banksy et l’infâme Koons soient autorisés : ils jouent leur rôle à merveille, et leurs fadaises servent parfaitement de contrefort symbolique au règne de l’Argent.
On peut reprocher aux nigériennes du Bois de Vincennes d’être vulgaires et fort peu vêtues. Il nous semble cependant qu’elles ont le mérite, contrairement à Banksy, de ne pas se draper dans la justice et le bien public lorsqu’elles font leur besogne sur la banquette arrière de leur souteneur.
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