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[COLONNES INFERNALES] du lundi 9 XII 2013

1. Ukraine : propagande européiste et antirusse

Il est curieux de voir combien le souhait émis par le peuple ukrainien de voir son président démissionner est couvé d’un regard approbateur par les media français, alors même qu’ils dénoncent la même situation au sein de leur propre pays. Aujourd’hui encore les manifestations des opposants au président Viktor Ianoukovitch se poursuivaient. Plusieurs quotidiens en ligne suggèrent d’ailleurs des titres évocateurs, comme l’Immonde : « Des centaines de milliers d’Ukrainiens demandent le départ du président. ». Si les relations entre l’Ukraine et la Russie sont indéniables et si le pouvoir de Vladimir Poutine en Ukraine est réel, il convient pourtant de questionner l’objectivité médiatique quant à ce sujet. Quid de Laurent Fabius qui accepte de rencontrer les opposants, alors même que les opposants à son propre gouvernement le sont à terme de mois d’attente, sinon jamais ? Que dire de Marielle de Sarnez, candidate MoDem à la mairie de Paris, qui part un week-end entier à Kiev pour soutenir les manifestants ?

Les « élus » sont prompts à soutenir la vindicte populaire ukrainienne, bien plus diserts que lorsqu’il s’agissait de s’exprimer sur la Manif Pour Tous.
D’ailleurs, voir cet alignement de policiers gardant le président nous rappellerait presque les CRS protégeant François Hollande, sauf que bien évidemment ils sont dénoncés par les media français s’agissant de l’Ukraine et ne font jamais que leur travail lorsqu’on revient en France.

Pour Laurent Fabius, l’usage de la violence ne fait aucun doute, comme le montrer la capture d’écran ci-dessous.

Et pour couronner le tout, l’Immonde lance même le concept de « mobilisation massive » tel un « aux armes citoyens ». Las, quelle utilisation nauséabonde de tout un tas de termes ronflants pour finalement décrire un phénomène que la France commence à bien connaître. Pire encore, ce soir, il est question de répression, un mot qui semble se prêter parfaitement à la situation en Ukraine si l’on en croit l’infosphère ; bien plus apparemment qu’à celle de la France un certain 26 mai (et encore).

2. « Marche des Républicains » : L’Immonde se résout à l’échec

Même si nous imaginons que cela doit lui tirer bien des soupirs, l’Immonde, s’y résout : il parle de l’affluence ridicule qu’a connue la « Marche des Républicains » ce dimanche. De toute évidence, c’est péniblement si le millier de passionnés de la Gueuse a été atteint. Mais du reste, c’est à peu près le seul genre de commentaire négatif que s’autorise l’Immonde : la logistique. Quant au contenu idéologique et intellectuel de ce défilé, s’il est besoin de le rappeler, le voici : la protestation des jeunes militants amoureux de leur régime qui se dressent contre le racisme, l’homophobie, la xénophobie, et nous en passons. Malgré l’échec criant de ce genre de manipulations politiques destinées à se faire valoir comme le camp du Bien, l’Immonde continue de trouver l’engagement de ces gnomes politiques tout à fait émoustillant de fraîcheur et de nouveauté. Comme si les mentors n’avaient pas, depuis des années, élaboré les mêmes discours séniles, les mêmes baratins boiteux à l’attention de ce qu’il reste de bobos en France. Des jeunes qui clament que « la solution viendra de l’Europe » (comme le montrent les sondages, qui voient les peuples européens rejeter toujours plus fort cette tour de Babel bruxelloise) ; un dialogue surréaliste entre deux schtroumpfs de la bienveillance sur les « cathos fachos » ; et, tant qu’on y est, enthousiasmons-nous pour les slogans, tous dignes d’un goûter d’anniversaire.

Il y avait au même moment une Traversée de Paris aux couleurs de la Manif Pour Tous qui a rassemblé bien des familles, et ce, sans avoir bénéficié, contrairement à nos républicains en couche-culotte, du ramdam médiatique d’usage. Et naturellement, personne n’en dit un mot.

3. Pourriture du système médiatique : la mise en abîme du journal l’Immonde

Certains articles de l’Immonde nous rassurent, ces journalistes découvrent parfois la réalité, mais parfois seulement. Leur dernière sortie sur BFM TV est de ce point, assez remarquable. Les gauchistes avaient déjà affublé la chaîne d’info du surnom de « BFN-TV » car celle-ci ferait le lit du populisme et des attaques contre le gouvernement. Aujourd’hui, c’est le caractère même d’une information en continu et en direct qui inquièterait nos braves germanopratins.

Tout d’abord, attaquer BFM TV relève, disons-le, de l’opposition partisane ou du moins, de la divergence stratégique dans la propagande médiatique. Ce qui déplaît aux valets du socialisme raturant dans ce torchon, c’est le côté anti-fiscaliste, anti-étatiste et boursier de la chaîne. Par ailleurs, sont régulièrement invitées des personnalités très critiques envers l’euro, l’Europe et les politiques économiques menées depuis 40 ans, comme Olivier Delamarche ou Charles Gave. C’est un peu comme Taddeï qui invite Soral, en plus potable, au goût des media. L’implication de BFM TV dans la couverture des Bonnets Rouges et les soupçons de collusion avec la Manif pour tous lors de la manifestation 13 janvier - et tout cela parce que les LGBT ont considéré que couvrir une manifestation durant tout l’après-midi en constituait une preuve flagrante - ont été les premières sources de graves critiques injustifiées. Caniveau 89 était allé encore plus loin en accusant, à demi-mot, la chaîne, d’être populiste.

La critique actuelle porte sur le flux d’informations et la médiatisation des petites affaires politiques. De « l’effet CNN » en politique étrangère, aux rumeurs, révélations et dérapages en tout genre, on connaît depuis presque 20 ans un monde audiovisuel marqué par le direct, le spectaculaire, la quantité au détriment de la qualité ... Mais l’Immonde avait besoin de trouver un autre angle d’attaque que celui du populisme, BFM TV n’étant finalement pas l’organe de presse du FN, encore moins de la Manif pour tous.

Dans cet article, le journaliste n’évoque pas réellement la transformation de la vie politique comme le suggère le titre. C’est avant tout la chaîne qui est critiquée et qui influencerait la vie politique. On apprend donc les nombreux maux de l’information instantanée : médiocrité de l’analyse, absence de hiérarchisation de l’information, clientélisation de la caste politique (les « bons » sont réinvités), réduction de la parole politique vers des commentaires politiciens. Si cette façon d’envisager les choses est étonnamment assez juste, il est fâcheux cependant que l’Immonde ne puisse réaliser son autocritique. Faisons-la pour eux, et citons pêle-mêle : absence de culture classique de la part des journalistes, analyses de profondeur mal informée et mal étayées, réduction de la taille des articles à peau de chagrin, biais idéologique patent et constant, œil sans cesse rivé sur ces fameux media capables de réaliser de l’information en continu [1], conviction erronée d’être le rempart de la démocratie, hiérarchisation idéologique de l’information qui va jusqu’à l’occultation de certains faits, clientélisation de la caste dirigeante … On pourrait allonger la liste. C’est un début que nous soumettons à leur bienveillance.

4. Abel Mestre, un commentateur en chef

Il n’est plus guère utile de présenter le très gauchiste Abel Mestre [2]. Celui-ci s’est néanmoins fendu d’un nouvel article valant le détour sur sa gazette-en-ligne « Droites extrêmes ». Ce billet, consacré à un texte de Bruno Gollnisch sur Nelson Mandela et son œuvre, constitue un exemple très intéressant, pas tant de désinformation, que de mise à nu des tics idéologiques. Car ceux-ci ne manquent pas de prévaloir sur la stricte vérité historique :

  • La technique du détournement :
    L’ancien numéro deux du FN raille, ainsi, un Mandela "chouchou du camp progressiste". "Devenu au fil des années l’incarnation de la lutte contre les discriminations, le racisme blanc et la domination colonialiste de l’Occident sur les peuples du tiers monde, Mandela sera le chouchou d‘un camp progressiste qui ne trouvait pas les suppliciés du goulag aussi sexy, des idiots utiles du show biz et des ’intellectuels’ éclairés, relayant plus ou moins consciemment la propagande communiste".
    Contrairement à ce qu’affirme Abel Mestre, ce n’est pas Mandela qui est raillé, mais lui-même au travers de l’oligarchie politico-médiatique, le "camp progressiste" auquel il appartient.
  • « C’est tellement choquant que cela ne peut pas être vrai » :
    Mais surtout, [Bruno Gollnisch] fait sienne une analyse selon laquelle les Noirs ne vivaient pas si mal sous l’apartheid : "Une nation où les ethnies noires jouissaient alors d’un niveau de développement et de prospérité inégalé en Afrique noire. C’est aussi au nom de cette réalité que Jean-Marie Le Pen et le FN estimèrent à cette période que le régime afrikaner était alors de loin un moindre mal, un facteur de stabilité et de richesses, entouré par un océan de misère. La comparaison avec l’Afrique du Sud actuelle, nous allons nous y arrêter, permet difficilement d’affirmer le contraire."
    Ici, Abel Mestre résume de façon assez lapidaire une réflexion de Bruno Gollnisch dans une proposition qu’il ne se donne pas la peine d’affirmer ou d’infirmer clairement dans un commentaire. Comprenez, pour Abel Mestre, cette proposition traduisant la pensée de Bruno Gollnisch ne peut être vraie car elle est idéologiquement insupportable.
  • La technique de la « traduction » :
    Car en effet, Bruno Gollnisch développe par la suite une longue critique de la société post-apartheid, notamment du point de vue de la sécurité et de la santé. Pour lui, notamment, la responsabilité "découle directement de la corruption des forces de police mais aussi et surtout de la désorganisation des structures de l’État et de la société sud-africaine, consécutive à la discrimination positive mise en place par l’ANC, qui a eu pour effet de faire fuir des dizaines de milliers de cadres compétents." En clair : les mesures en faveur de l’intégration des Noirs au sein de l’administration auraient chamboulé le bon fonctionnement du pays.
    Puisque les propos de Bruno Gollnisch ne sont pas assez "clairs" pour Abel Mestre, ce dernier en donne une explication lapidaire dans la phrase conclusive de ce paragraphe. Or, cette explication est objectivement fausse. Les maux ciblés par l’ancien vice-président du Front national viennent de l’intégration dans les structures dirigeantes de la société et de l’administration d’une population, circonstanciellement noire, peu ou mal diplômée, promue à force de discrimination positive, plutôt que par le mérite.
  • La disqualification intellectuelle :
    Bruno Gollnisch reprend les propositions de Bernard Lugan, africaniste d’extrême droite, proche de l’Action française
    Bernard Lugan est un africaniste de renom, reconnu notamment en Afrique du Sud où il a enseigné. Il a également été nommé expert auprès du Tribunal pénal international. Mais évidemment, Abel Mestre préfère le qualifier uniquement d’extrémiste ...

Le Rouge & le Noir veille.


[1En témoignent la mise en place de brèves en continu sur l’Immonde et le Figaro, reprise et amplification immédiate des mensonges véhiculés sur les chaines d’information, et dont les affaires Merah et du tireur de l’Aberration sont les meilleurs exemples.

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