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« Tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres ». C’est cette maxime étonnante que découvre la jument Douce à la fin de La Ferme des Animaux de George Orwell. « Tous les citoyens sont dignes, mais certains le sont plus que d’autres », semble proclamer aujourd’hui notre société, au mépris de nos valeurs les plus fondamentales.
En effet, si le droit français, consacre la dignité inhérente à chaque être humain comme un principe à valeur constitutionnelle, cette conception n’est pas partagée partout. Soigner Dans la Dignité, association d’étudiants en médecine désireux de s’impliquer dans le débat public sur la fin de vie, souhaite aujourd’hui réaffirmer le caractère inaliénable de la dignité humaine.
En ce jour où l’Europe célèbre traditionnellement la mémoire de ses défunts, nous voulons rappeler que le débat sur la fin de vie ne doit pas être galvaudé. Cette dignité est inhérente à l’être humain, indépendamment de son âge, de ses forces et faiblesses, de son handicap. La dignité de chacun des membres d’une société n’est pas une valeur relative. Une telle considération ne peut que mener notre société à une déshumanisation, et les exemples historiques à l’appui de cette affirmation ne manquent pas.
L’individualisme qui est aujourd’hui au cœur de notre société nous amène trop souvent à considérer que chacun est l’unique juge de sa dignité et de la valeur de sa vie. Or la dignité de l’homme est liée à son appartenance à l’humanité, et non à son état de santé physique ou moral, ou encore à la perception qu’il en a. La belle formulation du Préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme nous le rappelle « la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine […] constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde »
Face au jeunisme d’une société qui consacre l’apparence au-dessus de tout, nous voulons croire que la jeunesse est un état d’esprit plus qu’un âge de la vie. Combien de personnes âgées, de malades, avons-nous croisés à l’hôpital et qui nous ont bluffés par leur sagesse, leur humour, leur simplicité bienveillante ? Nous voulons dénoncer la confusion entretenue entre la dignité et l’autonomie, entre l’isolement et l’indignité de la personne. Nous voulons combattre le tabou qui entoure la fin de vie, affirmer qu’elle peut être un moment riche de sens et dense humainement.
Nous sommes aujourd’hui étudiants, nous serons demain médecins. Nous voulons réaffirmer à quel point nous respectons et soutenons les personnes en fin de vie. Cette réalité humaine est difficile. La douleur physique s’accompagne souvent de souffrances morales, et nous reconnaissons la profondeur de la détresse qui peut amener certains à demander l’euthanasie ou l’assistance au suicide. Nous voulons toutefois alerter nos concitoyens sur les dangers d’une compassion qui tue. La souffrance en fin de vie est indéniable, parfois terrible. Cette souffrance, nous la côtoyons tous les jours, nous y sommes particulièrement attentifs et nous mettons tout en œuvre pour la soulager. Cependant elle ne doit pas être interprétée dans le sens d’une relativisation de la dignité de la personne.
La dignité est inaliénable, mais un sentiment d’indignité peut se développer chez une personne délaissée, déconsidérée, voire même cachée. Notre rôle, et celui de tous ceux qui accompagnent les malades, est de leur rappeler leur dignité, par le soin porté au corps et à l’esprit. Il nous appartient à tous de poser sur les malades un regard qui leur prouve qu’ils sont dignes d’attention, qu’ils sont humains, tout simplement. Viendra un jour où nous serons à leur place. Nous voudrions trouver chez ceux qui nous aurons remplacés, ce même regard d’humanité.
Nous voulons dépasser le sentiment et prôner une compassion réelle, en renforçant l’accompagnement des malades en fin de vie, en nous rendant disponibles à leurs souhaits, même dans les petites choses et notamment dans ce qui touche leur confort. Le dernier rapport du Comité Consultatif National d’Ethique déplore le fait que 80% des médecins n’ont reçu aucune formation à la prise en charge de la douleur. Nous voulons donc nous engager en faveur d’un développement accru des soins palliatifs, pour permettre à chaque personne qui en aurait besoin de bénéficier de cet accompagnement, et pas seulement en fin de vie.
Les campagnes politiques qui se succèdent et se ressemblent sont autant d’occasions d’appel vagues à la solidarité nationale. Aujourd’hui nous voulons exhorter chacun à s’engager pour une solidarité intergénérationnelle concrète et tellement nécessaire, celle qui commence dans nos familles, dans nos quartiers, dans nos communautés humaines.
En ce 2 novembre, nous voulons lancer à nos concitoyens cet appel : ne laissons pas nos anciens sur la touche, ne cachons pas la fin de vie dans un placard, ne demandons pas l’euthanasie médicale, luttons plutôt contre l’euthanasie sociale.
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