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Les valeurs… toujours les valeurs. Nos candidats aux présidentielles n’ont que cela à la bouche. De Hollande à le Pen, les valeurs ont la vie dure, tellement qu’elles sont le substitut de la proposition, et que c’est sur elles que le candidat établit sa boutique ou agence sa cuisine. Solidarité, fraternité, liberté, travail, justice, tous ces beaux mots qui flattent et font plaisir constituent les pièces maîtresses de la campagne. De droite comme de gauche, les catholiques ne font pas exception. Ce sont de valeurs qu’ils se drapent. Véritables perversion du message évangélique, les valeurs que nous pouvons tirer, reproduire, adapter, triturer, ne sont rien d’autre qu’un corpus de néant, vaguement humaniste et complètement désincarné.
Car au fond, être catholique, c’est d’abord, et avant tout, être un croyant. Être catholique, ce n’est pas appartenir à une communauté de valeurs. Être catholique, c’est être membre du corps du Christ. Là est notre premier héritage. Être catholique, c’est désirer nous retrouver face à face avec Lui, dans toute la plénitude de Son amour. Notre ambition n’est pas être défenseurs de belles valeurs, mais d’atteindre la sainteté. Nous ne serons pas jugés sur les valeurs, mais sur l’amour. De fait, nous ne pouvons pas croire en des valeurs que nous pourrions adapter au gré de nos appartenances partisanes. Contrairement à ce que pourraient dire des Frédéric Lenoir ou autres, le Christ n’est pas un philosophe. Le Christ ne nous a pas enseigné des valeurs. Le Christ nous a enseigné la Bonne Nouvelle. Et le Christ, Dieu incarné, n’a pas hésité à parler publiquement aux hommes de son temps, en leur opposant non pas des valeurs, mais l’amour paternel de Dieu. Le Christ n’apporte pas le consensus, mais dérange. Le bois de la Croix ne porte pas des valeurs. C’est la tragique splendeur de l’amour de Dieu. Chaque chrétien doit marcher derrière le Christ, pas derrière des valeurs. Défendre des valeurs, rappeler des valeurs, c’est finalement oublier l’essentiel. C’est oublier que le Christ est d’abord Dieu. C’est en somme devenir des pharisiens, soucieux de la Loi, et uniquement de la Loi. Le Christ, Lui, en rappelant l’antique commandement du deutéronome, ne cesse de nous le rappeler que le sens de notre existence est d’abord Dieu : « Tu aimeras ton Dieu de tout con cœur, de toute ton âme, de tout on esprit et de toute ta force ». Il ne s’agit pas là d’un choix laissé aux chrétiens. C’est bel et bien un commandement, et même le plus grand des commandements (Mt ; 22, 37).
Dire cela ne veut pas pour autant dire que le chrétien doit vivre hors du monde. C’est même exactement le contraire. C’est le sens même de l’Incarnation. Dieu, en se faisant homme, a épousé une condition attachée aux soubresauts du monde. Sa vie publique, dans un pays occupé, en proie à une guerre civile larvée, le tout sur fond de querelles religieuses et de haines tenaces, n’a en rien été marquée par la neutralité. En nous incitant à être lumière du monde et sel de la Terre, le Christ nous engage à agir dans notre temps, en étant toujours porteurs de la Bonne nouvelle. Notre action politique doit se nourrir de ce principe. Nous ne défendons pas des intérêts de classe, encore moins des valeurs. Nous rappelons aux hommes, par le témoignage tant de nos paroles que de nos vies, l’amour de Dieu. En cela, le carême dans lequel nous entrons ce mercredi, est pour nous une opportunité en ces temps de campagne électorale. Nous devons être des phares, et pas la bonne conscience morale de tel ou tel candidat. Loin de tout « jeûne médiatique », qui ce que nous pratiquons hélas bien trop souvent, soyons dans le témoignage.
Mais qui dit témoignage ne veut pas dire défense de nos intérêts. Nous n’avons rien à vendre. Nous ne sommes pas un lobby. Nous n’échangeons pas des députés contre des lois pour la vie. Les événements de l’automne dernier ou les messages de Civitas ne doivent pas nous faire sombrer dans un communautarisme teinté de victimisation. Nous vivons dans ce monde qui, aussi laid que nous puissions le trouver, aussi imparfait qu’il soit, est le nôtre. Et il s’enlaidit à chaque fois que nous oublions que nous sommes avant tout enfants de Dieu, témoins de son amour, marqués du signe de la Croix. « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile », disait saint Paul. De nos frères, nous ne pouvons nous séparer.
En ces temps de campagne, il importe de fait de ne pas tomber dans la surenchère des valeurs ou du communautarisme. Nous sommes disciples du Christ, porteurs de la Bonne nouvelle. Nous ne sommes pas un parti, encore moins une école de pensée... C’est cela que nous devons rappeler à tous les hommes. C’est par l’amour que nous gagnerons les cœurs. Pas par les valeurs.
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