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Voici votre réinformation du jour. N’oubliez pas d’écouter les bulletins de Radio Courtoisie.
Se drapant dans un prétendu professionnalisme, l’Immonde s’amuse des censures post mortem de la Corée du Nord. Un dignitaire disparaît sur demande du grand chef et les photos et vidéos sur lesquelles il apparaissait sont retouchées ou coupées. Le torchon s’appuie sur un journal étranger pour appeler cela une « manœuvre orwellienne ».
Nos chers amis germanopratins oublient cependant que cela avait des antécédents, et pas seulement dans les contre-utopies. L’URSS était championne en la matière, certaines photos ne présentant, au bout de quelques années, que deux ou trois personnes (dont Staline) sur les dix présentes.
Mais après l’URSS, un autre pays, un autre État, a brillé en la matière. Il s’agit de la France, en novembre 2012. La personne supprimée de la photo s’appelle Jean-Marie Le Pen et il est toujours vivant (il vient même d’arriver sur Twitter). Novopress avait démontré la supercherie orchestrée par la préfecture des Alpes-maritimes. Ainsi, quand l’Immonde qualifie de « manœuvre orwellienne » un montage comparable à ce que l’État avait fait pour Jean-Marie Le Pen lors d’une cérémonie de 11 novembre, il critique ce qu’il colporte et défend lui-même.
Le projet du baron Pierre de Coubertin était de trouver une certaine entente entre les pays autour du sport et de la compétition. Certes d’aucuns n’ont pas hésité à utiliser les Jeux Olympiques comme vitrine de leur régime politique mais il est ridicule de vouloir faire de cette fête une réunion de pays dans laquelle la politique étrangère et intérieure viendrait interférer.
L’Immonde et toute la farandole des bien-pensants posent ainsi la question existentielle : doit-on boycotter les JO de Sotchi (ou Sotcha pour les Géorgiens pointilleux sur les frontières) ? Cela serait justifié par les lois contenant la propagande LGBT en Russie et son président Vladimir Poutine. Ce que n’étudie pas notre torchon préféré, c’est la réciprocité d’un tel acte et son caractère totalement subjectif. Poutine pourrait tout aussi bien décider de mener une fronde contre la France si celle-ci accueillait les JO. Les mêmes journalistes et intellectuels qui veulent boycotter les JO de Sotchi nous expliqueraient alors que ce comportement s’oppose aux grands principes de fraternité universelle fondateurs des JO.
D’un point de vue plus universitaire, notre attachement à la conduite dite réaliste des affaires étrangères nous pousse à défendre la stricte séparation entre les questions intérieures et extérieures, et que la conduite de l’État et le rayonnement de la France dépassent largement les petits tracas germanopratins et LGBT.
Cet article de l’Immonde est finalement une preuve de l’idéalisme stérile de la caste dirigeante et même de la diplomatie française qui préfère jouer les grands moralisateurs pour des JO mais qui baisse constamment son pantalon depuis les accords de Munich et reste la chienne de puissances étrangères.
L’inversion des valeurs poursuit son chemin à grand pas dans la république postmoderne de 2013. Ainsi, après la consultation de dix-huit quidams tenant lieu d’expression de la vérité, le député Touraine s’exprime dans les infernales colonnes du Nouvel Imposteur et revendique pour lui et pour les tenants de la culture de mort le « bon sens ». Notion polysémique jusqu’à un certain point, le bon sens ouvre en principe le registre de la sagesse populaire, des traditions ancestrales et de l’attachement au réel. Si on peut y attacher bon nombre de réflexions, il n’en va certainement pas ainsi des décisions empreintes de la — désormais courante — hystérie émotionnelle propre à notre espace public, plus que jamais pollué par l’instant, l’image, le choc et le bruit. Étouffé par ces relents toxiques, le débat — quoi de plus logique — ne produit guère plus que des réponses mortifères et sinistres, reflets de ce que devient la société occidentale.
Pour autant, les vérités fondamentales enseignées par la philosophie, celle de Camus — évoquée dans l’article — ou celle d’un autre, doivent-elles se conformer à l’impression d’une époque ? Sensitive et fugace, l’impression lance l’assaut à chaque instant contre la raison. Ainsi se voit-on asséner tranquillement de fausses évidences, à l’exemple de ce qu’il « y a quelques décennies notre société n’était pas prête ». Le statut de la mort et de l’être humain auraient-ils changé en quelques décennies ? Ce qui constitue l’homme — sa dignité — aurait-il soudainement glissé du domaine de l’imprescriptible et de l’indisponible à celui du relatif et du social ? Les promoteurs de la culture de mort ont beau jeu d’occuper l’espace médiatique, ils n’indiquent jamais pourquoi la dignité devrait à présent se mesurer au poids du regard de la « société » — un regard bête, avachi, contaminé par les fausses apparences de joie, de prospérité et de toute-puissance servies par la société libertaire de consommation voulue et obtenue par la gauche et son allié objectif, l’État.
Face à cette déferlante qui emprunte aussi bien à l’hédonisme maladif qu’à la schizophrénie, au scientisme et au transhumanisme, l’adversaire est tout désigné, sous les traits de la « religion », terme sous lequel le député Touraine ne peut manquer de voir l’Église catholique. Signe que cet adversaire est corriace et qu’il ne lâchera rien, le même parlementeur trépigne : « C’est insupportable ! » C’est que l’on compâtirait presque.
Le plus inquiétant dans cet article se situe toutefois dans les toutes dernières lignes, qui confirment une intuition glaçante :
J’ai envie de leur répondre que la société française a déjà réglé cette question depuis longtemps : la loi sur l’avortement de 1975 abrège déjà des potentialités de vie. Ce n’est donc pas une innovation intellectuelle, ce progrès est inscrit dans l’évolution de notre civilisation.
Où l’on mesure toute la froide cohérence de la pensée des tenants de la culture de mort — une pensée qu’il faut évidemment qualifier d’anti-humaniste si l’on veut être entendu clairement. Les liens sont désormais exhibés à la vue de tous entre la généralisation de l’avortement et celle, qui s’ouvre devant nous, de l’abattage des vieux et des malades. À terme, c’est la vie dans son ensemble, avec son imprescriptible indisponibilité, qui est à la merci des phantasmes démiurgiques de l’homme, malade de son illusoire toute-puissance. Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, avec son processus scientifique et taxonomique de sélection des gènes, son artificialisation complète de la fonction de reproduction, son système de contrôle social rapproché fondé sur l’obligation libertaire, sont plus que jamais à notre portée, et certains ennemis du genre humain ne manquent pas de tendre les bras pour s’en saisir.
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