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[COLONNES INFERNALES] 18 XI 2013. L’homme au fusil : manipulation et hystérie collective

Les Colonnes infernales de ce jour auront un ton particulier, puisqu’elles ne traiteront que d’un seul sujet : l’homme au fusil de Paris.

Comme nous l’indiquions sur la brève correspondante, il n’est pas question pour nous de minimiser le tragique des événements, et nous prions pour le rétablissement rapide du photographe visé ; seulement d’analyser la marche de la mécanique médiatique lourde, qui n’a pas cessé, heure par heure, d’alimenter ses colonnes infernales.

I. — Synthèse des faits

  • Vendredi, un homme armé d’un fusil menace un journaliste de BFM-TV avant de prendre la fuite.
  • Le même quidam — d’après l’avancement actuel de l’enquête — fait irruption ce matin au siège de Libération, tire deux coups sur un « collaborateur » photographe, blessé à l’abdomen et au thorax, puis repart.
  • L’homme armé refait son apparition à l’heure de midi à la Défense, devant les tours de la Société Générale. Il tire deux coups contre le bâtiment, cette fois sans blesser personne, puis repart.
  • Sa cavale se poursuit dans l’Ouest parisien.

II. — Ce que les médias conventionnels vous en ont dit

L’appareil médiatique a fonctionné à plein pendant toute la journée. Face aux faits exposés ci-dessus, ses réactions ont été les suivantes.

Première réaction médiatique : revendiquer le martyre

Libération attaqué, que cela se sache, c’est la Terre entière qui s’arrête de tourner. Les « unes » numériques des quotidiens nationaux en attestent.

À tout seigneur, tout honneur.

Le Figaro emboîte le pas.

Très vite, les éléments de langage affluent, partout. Rousselot, directeur de la rédaction, s’indigne dans ses propres colonnes que « des individus puissent s’en prendre à la presse ».

En somme, tirer sur de simples quidams passe encore, mais interdiction de lever la main sur la sacrosainte caste. De son côté, Demorand se fait plus gros que le bœuf et explique sans perdre son sérieux :

« On est les témoins horrifiés d’un drame. Quand on entre avec un fusil dans un journal, dans une démocratie c’est très très grave, quel que soit l’état mental de cette personne. »

Trépignant sur le sort de la démocratie et n’hésitant pas à employer des mots « très très » forts, Demorand prévient d’emblée toute impunité : surtout, que l’on ne vienne pas défendre le criminel cette fois-ci sur le terrain de l’irresponsabilité : « l’agresseur ne savait pas ce qu’il faisait », ou mieux, « c’est la faute de la société »... Cela n’est bon que pour le commun des mortels, mais ne saurait exonérer l’auteur d’un lèse-Libération.

Le même ajoute :

« Si les journaux et les médias doivent devenir des bunkers, c’est que quelque chose ne tourne pas rond dans notre société. »

A contrario, la dénaturation du mariage, la haine de soi-même instillée par la repentance permanente, la constitution de zones tribales où la police ne peut plus mettre les pieds... tout ceci semble bel et bien normal. Tant qu’il y a des journaux de gauche pour en rendre compte...

Mais précisément, Libération n’en est pas au bout de ses peines, et revendique dans l’après-midi une « attaque malveillante » sur son site Internet.

Cette attaque est une chimère puisque exactement au même moment, le site est accessible environ une fois sur deux. Il est plus que probable que ce fonctionnement erratique du site de Libération soit dû au surcroît de visites enregistré suite au tirs de fusil de ce matin (il faut dire que la fréquentation en temps normal ne doit pas être extraordinaire). Mais les médias de gauche ne sauraient se rendre coupables d’enjoliver la vérité à leur profit.

Remarquant tout de même que la ficelle est un peu grosse — étant donné que tout le monde peut accéder à son site prétendument piraté, — Libération redouble d’astuce : le site public n’est pas concerné, mais uniquement le « back office », c’est-à-dire l’espace d’administration auxquels n’accèdent que les journalistes. Ces pirates sont décidément des fourbes.

Deuxième réaction médiatique : associer les puissants au martyre

Dans une réaction unanime, la clique politique républicaine se jette comme un seul homme pour soutenir Libération. Cela commence avec le préfet de police, Bernard Boucault. Proche du pouvoir, qui en assure la promotion en 2012 après cinq longues années de placard, celui-ci est rapidement sur place. Rares sont les scènes de crime « ordinaires » à jouir de ce « privilège ».

Suivent les abonnés aux caméras, notamment Bertrand Delanoë et Manuel Valls. Probablement saisi par le froid, ce dernier perd toute contenance, parlant de « scène de guerre (...) d’une très grande violence ». Les zones du monde incendiées par les affres de la vraie guerre devraient apprécier ce subtil détournement syntaxique.

Pour faire bon ordre, le Président de leur République, qui ne savait trop que dire sans doute, délivre en fin d’après-midi une information capitale : le tireur « peut tuer encore ».

Celui-ci ajoute consciencieusement au battage médiatique en déclarant : « C’est la liberté d’information qui est visée ». La liberté de colporter les dépêches du pouvoir ? François Hollande ne s’était guère ému en ces termes au moment des attaques contre le R&N, Nouvelles de France et le Salon Beige !

Troisième réaction : dresser (à sa manière) le portrait du coupable

Nous y reviendrons en fin d’analyse, dans les Développements prévisibles de l’affaire.

Quatrième réaction : se rappeler avec horreur les HLPSDNH [1]

C’est le Figaro qui s’y colle, en commençant par... l’attaque de l’OAS. La bête immonde n’est peut-être pas morte. Les médias veillent.

La revanche du réel : quand les faits sont têtus...

... On les fait taire. De fait, lorsque le forcené s’en prend à la Défense et tire deux coups de feu devant les tours de la Société Générale, la thèse de l’attentat contre la presse commence à battre sérieusement de l’aile.

Mais tout n’est pas perdu. Qu’opposer à la réalité quand on est journaliste du système ? Réponse : sa propre schizophrénie.

Ainsi quand l’Immonde titre fièrement en première page : « Coups de feu à la Défense, aucun lien avéré avec l’attaque contre Libération », on peut lire plus bas dans l’article : « Selon le témoin joint par Le Monde.fr, l’homme serait vêtu d’un manteau kaki et d’une casquette, ce qui correspond à la description du tireur de Libération. »

Ne vous fiez jamais à l’étiquette...

... Le contenu vous décevrait.

III. — Mise en perspective dépassant les faits

Le traitement réservé aux événements de ce jour n’est pas seulement indigne au regard de la vérité des faits. Il l’est aussi en considération de l’accueil que font les médias dans des affaires autrement plus sordides. Rappelons-nous qu’il n’y a pas plus de quatre jours, le 14 novembre dernier, un chauffeur de bus du réseau TICE, dans l’Essonne, faisait l’objet d’une tentative de meurtre particulièrement sauvage, d’abord au couteau puis par le feu.

Si le Figaro y consacre une courte brève, en revanche on n’en trouve trace sur le site de Libération, si ce n’est pour indiquer le lendemain, reprenant l’AFP, que le trafic reprend normalement sur le réseau... sans manquer de citer le syndicat SUD, qui crie à l’amalgame dès lors que l’on met sur ces faits le nom de violence.

On attend avec intérêt le communiqué du même journal indiquant que les places de stationnement occupées par des camions de police devant son siège ont enfin été libérées, et qu’un syndicat minoritaire des journalistes appelle à ne pas tirer profit de la fusillade de la veille pour crier au loup contre la liberté de la presse.

La fusillade de ce jour aura par ailleurs rendu sensible à une caste isolée et très parisienne ce qu’elle-même se complaît à nommer le « sentiment » d’insécurité. Allant en 2010 jusqu’à relayer dans ses colonnes une tribune intitulée « Éloge de l’insécurité », Libération et les autres médias autorisés tenaient ces problématiques pour autant de fantasmes ; qu’il leur en cuise.

Prenons de la hauteur sur les problèmes des autres...

Mais le meilleur est sans doute à venir.

IV. — Développements prévisibles de l’affaire

Comme chaque événement marqué par l’hystérie collective et la propagande des médias, les interprétations et les manipulations du personnage en question vont avoir lieu.

Cet homme semble blanc. D’ailleurs, aucun médium ne s’est privé de rappeler que le suspect était de « type européen » avant et après la publication des premières images de son visage, chose qu’ils n’auraient jamais osé faire cela si le suspect avait été de type africain ou maghrébin. Donc, ce n’est pas un Merah, ouf ! L’honneur du métissage est sauf.

Cet homme portait une arme dangereuse. Peut-être les collectionnait-il ? Voilà où va nous mener, en partie, le débat : le port d’arme. Déjà, Pisse-Télé s’est empressée de rappeler le calibre et le niveau de circulation de cette arme.

Le gouvernement va sûrement vouloir légiférer par l’émotion pour renforcer la réglementation sur les armes en France. Ce élan humoral va alors rencontrer des résistances en face. Ces gens là seront les « tea party à la française » (titre certes déjà ravi par la Manif pour tous) et seront accusés de ne pas vouloir combattre les risques de fusillades.

Le problème est cependant semblable à celui rencontré aux États-Unis. Les progressistes renforcent le contrôle légal sur les armes, les bons citoyens acceptent et sont désarmés. Mais les voyous, eux, garderont leur kalachnikovs, leur pistolets et mortiers. Entre les hordes de délinquants armés et le gouvernement (plus facilement engagé dans la répression des opposants politiques que dans la poursuite d’un homme armé dangereux), le pays réel sera pris en étau.

Évidemment, ce ne sont pas les bobos parisiens et les gentils antifas qui en possèdent. Ce sont des chasseurs et des ruraux ou des fascistes (les deux souvent) qui peuvent en posséder. Donc, la France profonde, « rance, moisie, réactionnaire... » Nous pouvons nous attendre à un réquisitoire contre tout ce qui pourrait être associé à « la France de Bon-Papa ».

Enfin, nous vous proposons plusieurs options pour l’identité et la vie du suspect :

  • c’est un activiste de CPNT et collectionneur d’armes ;
  • c’est un marginal qui s’était tenu correctement jusqu’à présent grâce à un catholicisme rigide et fervent ;
  • c’est un proche de l’extrême-droite, d’ailleurs, on le voit sur cette photo avec le gendre d’un ami du cousin par alliance du conseil fiscal de Jean-Marie Le Pen ;
  • c’est un Bonnet Rouge ;
  • c’est un homosexuel refoulé par une éducation familiale stricte ;
  • c’est un néo-nazi (très facile à inventer) ;
  • c’est un tueur à gage payé par une secte royaliste (je vous l’accorde, celui-là est un peu gros).

Les paris sont ouverts !

Le Rouge et le Noir veille,

Florimond & Louis Jaeger


[1C’est-à-dire les « heures les plus sombres de notre histoire ».

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