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Approche esthétique de la messe tridentine

20 septembre 2011 Tancrède ,

« Ce tableau, de Juan Carreño de Miranda, élève de Diego Vélasquez, représente La messe de fondation de l’ordre des Trinitaires.

Le célébrant est Saint-Jean de Matha. Il est représenté au moment où, pendant l’élévation de l’hostie, un ange lui apparaît désignant deux captifs à ses côtés. Le Saint fonda ensuite un ordre dont la vocation, très généreuse et courageuse, était précisément de se constituer prisonnier, auprès des musulmans, en échange de la libération de captifs chrétiens.

En outre, avec sa composition de biais, sa pompe et son aspect déclamatoire, ce tableau, qui devait trouver place au-dessus d’un autel, offre un témoignage éloquent du déploiement liturgique de ce qu’on appelle aujourd’hui le rite tridentin, en référence au Concile de Trente au cours duquel il fut institué, dans la deuxième moitié du XVIe siècle.

La grande rupture de l’époque avait été d’abattre les jubés, qui empêchaient les fidèles d’assister visuellement au Sacrifice de la Messe. Dès lors, tous les sens étaient convoqués, et sollicités. Les yeux émerveillés par l’or et les gestes de la liturgie ; l’ouïe, ouverte à la musique et aux chants de la chorale censée représenter la voie des anges des cieux ; les sens olfactifs, enivrés du parfum sacré de l’encens ; et le goût bien sûr, lors de la communion au corps du Christ.

Tourné vers l’autel, et le tabernacle, le prêtre fait face à la Croix et au tombeau du Christ. Au moment de la consécration et de l’élévation, ce dernier devient réellement présent et ressuscite dans l’hostie. C’est le moment du miracle de la Messe, ce moment où un axe se forme entre la Terre et le Ciel. Ce dernier s’ouvre alors et laisse apparaître les anges et leur liturgie céleste.

Au pied de la Croix et derrière le prêtre, l’Assemblée attend de recevoir le Christ. Entre les deux, comme un pivot, le célébrant est ce ministre intermédiaire du Salut. Moins à la table d’un banquet qu’au pied de l’autel, il recueille le sang vivifiant et le corps du Sauveur.

Pendant un moment, celui de la messe, le fidèle est transporté et aidé dans sa foi et son expérience par l’architecture, et la liturgie. Ses sens se troublent : l’encens terrestre se confond avec les nuages des cieux, la voie du cœur avec celle des anges, le maître-autel devient ce lieu, terrestre et céleste, où prend place le miracle. Le prêtre est moins dos au peuple que face à Dieu, comme la figure de proue de la nef de l’église, où le berger en avant du troupeau. « L’amour, nous dit Saint-Exupéry, ce n’est pas de se regarder l’un l’autre. Mais de regarder dans la même direction. » Il en va sans doute de même, de l’amour de Dieu. »

Source http://gloria.tv/?media=28365

20 septembre 2011 Tancrède ,

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