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[FRONT NATIONAL] 1er mai : au-delà des fausses polémiques, un virage identitaire ?

Les media traditionnels ne retiendront, de l’édition de 2015 du défilé traditionnel du Front national en l’honneur de Jeanne d’Arc, que les incidents divers dont il a été émaillé : deux interventions de Femen aux seins nus et une échauffourée entre des journalistes de Canal + et des militants à l’issue du discours de Marine Le Pen.

Assez logiquement, le froid et la pluie ont induit une diminution (de l’ordre de 20 pour cent selon la préfecture de Police) du nombres des personnes présentes.

Jean-Marie Le Pen, très fatigué depuis quelques temps, n’a fait que deux brèves apparitions pour déposer une gerbe à titre personnel au pied de la statue de Jean d’Arc, puis pour saluer les militants sur le podium avant le début du discours de sa fille. Cette relative discrétion était logique. Dans le contexte de la polémique qui a surgi depuis ses dernières déclarations, il n’y avait là matière ni à être surpris, ni à alimenter un nouveau débat.

Curieusement, l’acharnement médiatique à voir un « flop » dans un évènement par la force des choses assez marginal dans la vie du parti depuis son institution en 1988 les a conduits, une fois de plus, à faire totalement l’impasse sur le contenu du discours prononcé à la tribune par Marine Le Pen devant les militants.

Ces derniers, composés dans leur écrasante majorité de petits blancs provinciaux et banlieusards, étaient de ce point de vue assez représentatifs de la partie normalement la moins visible de l’électorat du FN. Les militants se rattachaient, pour l’essentiel, à deux catégories très différentes : les plus âgés, souvent engagés dans leur soutien au FN depuis l’époque ou il était dirigé par Jean-Marie Le Pen, manifestaient ainsi un simple témoignage, davantage qu’en engagement pour l’avenir et restent représentatifs du caractère, essentiellement protestataire, qui fut traditionnellement celui du parti ; on retrouvait ensuite, côte-à-côte avec eux, de nombreux jeunes gens dont les motivations étaient au contraire marquées par une adhésion sans états d’âme au désir de gouverner — et de s’en donner les moyens — manifesté par Marine Le Pen depuis son accession à la présidence en 2011.

Gouverner : tel était aussi l’objectif qui sous-tendait tout le discours adressé par le chef du FN à ses militants. Le message du second tour des élections départementales, qui ont vu de nombreux électeurs de l’UMP dédaigner les candidats frontières au second tour, et le message des études montrant que la porosité entre les deux électorats est quasiment totale sur les questions identitaires, mais très faible sur le programme économique chevénementiste affiché aujourd’hui par le FN, semble avoir porté ses fruits.

En effet, après un bref coup d’encensoir au retrait de la France de l’euro, égrené dans un relatif silence de l’assistance, le discours s’est fait beaucoup plus tranchant, plus détaillé et plus insistant sur le thème de la nécessité de résister à l’assaut du mahométanisme, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nos frontières. S’agissant de la politique extérieure, la dénonciation des méfaits de la politique arabe de Nicolas Sarkozy et de François Hollande aurait pu être écrite par Aymeric Chauprade. Cette fermeté contre la politique immigrationniste des différents gouvernements de gauche comme de droite était étayée — pour démonter l’affirmation de l’establishment selon lequel les politiques préconisées par le FN seraient démagogiques et irréalisables — par des exemples concrets de mesures pouvant être mises en oeuvre pour arrêter et renverser les flux migratoires et dont certaines ont déjà été mises en oeuvre dans d’autres pays, notamment en Australie où la fermeté du gouvernement Abbott, récemment réélu, a permis de stopper les afflux de migrants. Les militants ont réservé leurs plus chaleureuses ovations aux passages du discours dénonçant la progression du communautarisme mahométan en France — clairement désormais une des principales préoccupations des Français — et marquant la volonté d’y mettre fin.

Reste à voir si Marine Le Pen, désormais clairement sortie du passage à vide qui avait suivi la récupération menée par les partis traditionnels en marge du 11 janvier 2015, continuera de remettre l’accent sur le combat identitaire qui est la marque de fabrique du FN dans la campagne pour les élections régionales de la fin de l’année.

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