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La marche du 6 octobre était celle de l’alerte bioéthique. Le collectif Marchons Enfants a voulu saisir le gouvernement et le parlement. Le rassemblement du 19 janvier est donc une suite logique à celui du 6 octobre dernier. Aujourd’hui, les organisateurs estiment qu’il ne s’agit plus d’une marche d’alerte, mais d’une marche d’urgence bioéthique.
Le rendez-vous est donné à 13h, place de la Résistance, face au pont de l’Alma. Le cortège a prévu de remonter le quai d’Orsay, de passer devant l’Assemblée nationale, prendre le pont du Carrousel, traverser le Louvre entre la pyramide et les Tuileries, pour arriver en haut de l’avenue de l’Opéra, où un podium est installé afin d’accueillir les intervenants sur scène.
Les personnes sont nombreuses dans les rues. Le froid et les grèves ne sont pas des prétextes pour freiner la mobilisation qui est importante (26 000 participants selon le comptage du cabinet indépendant Occurence, 41 000 selon la préfecture de police).
Les parisiens ne sont pas les seuls à descendre dans la rue pour s’opposer à la PMA sans père et à la GPA. Toutes les régions de France se sont organisées pour venir à Paris. C’est le cas notamment de Guillaume, 43 ans, qui est venu de la Sarthe. Jusqu’à présent, il s’est toujours rendu à Paris pour s’opposer à ce projet de loi et il continuera de le faire tant que cela sera nécessaire. Pour lui, ce projet de loi est « la concrétisation des ambitions portées par les nazis ». Il note que « si la fabrication d’êtres humains s’inscrit dans le projet de loi, alors nous franchirons directement le pas vers l’eugénisme. Et ça n’est pas la société que nous voulons construire." Il est écologiste et regrette l’absence marquée des Verts : "Je respecte la nature, l’homme en fait partie. Être écolo, c’est avant tout respecter l’homme et la nature." Un ami qui l’accompagne ajoute qu’il est très heureux, car dans l’autocar qui était mis en place, il y avait 57 personnes et plus du quart était des jeunes de moins de 25 ans : "La jeune génération a conscience des enjeux."
Les responsables des associations membres du collectif Marchons Enfants donnaient avant le départ du cortège une conférence de presse. Ludovine de La Rochère, président de La Manif Pour Tous rappelle que Marchons Enfants est un collectif de 22 associations « de tout bord, de toute légitimité, de tout style qui combattent ce projet de loi ». Elle souligne également que « tout le monde est présent pour demander le retrait de ce projet de loi qui est anti éthique et non bioéthique. » Elle s’adresse d’ailleurs aux sénateurs et souhaite qu’ils réécrivent ce projet de loi très largement, « avec courage vis-à-vis des générations à venir ». Elle termine son intervention en insistant sur le fait que « la solution serait qu’Emmanuel Macron retire ce projet de loi afin qu’il soit écrit sur des bases de solidarité et d’éthique. »
Caroline Roux, d’Alliance Vita, dénonce « les injustices pour les enfants qui seront privés de père avec la PMA ». Elle insiste sur le fait que l’eugénisme n’est pas loin dans ce projet de loi, notamment avec « la sélection génétique et chromosomique des enfants à naître, qui entache la dignité des personnes handicapées. » Enfin, Caroline Roux rapporte que ce projet de loi fait l’impasse sur trois grands enjeux fondamentaux qui sont la lutte contre l’infertilité, la lutte contre l’eugénisme et la prise en charge réelle du handicap, et enfin la protection de l’intégrité de l’espèce humaine.
Aude Mirkovic, est porte-parole de l’association Juristes Pour l’Enfance. En sa qualité de juriste, elle souhaite « alerter particulièrement sur la privation d’une filiation à laquelle sont exposées des millions d’enfants ». Elle demande aux sénateurs de fonder la loi sur la justice et non pas sur les revendications venant du désir de quelques personnes.
Patrice Obert est président des Poissons roses, un mouvement de chrétiens qui votent à gauche. Il constate que « depuis une trentaine d’années, il y a un détricotage systématique, progressiste au nom de l’utilité, au nom de la facilité des démarches administratives, qui aboutit aujourd’hui au résultat que nous connaissons. […] Nous avons posé à nos amis députés et sénateurs la question suivante : qui est prêt à donner ses gamètes ? Très peu répondent et la plupart ne le feront pas. Nous allons vers une guerre du sperme qui aboutira à devoir payer les donneurs de sperme et nous nous opposons donc à cette marchandisation qui est inéluctable. »
Il est 14h15, le cortège part de la Place de la Résistance. Les manifestants se réchauffent en scandant des slogans comme « Maman, Maman, tu es unique, Papa, Papa, t’es fantastique ». A peine quelques minutes après le départ du cortège, deux jeunes sortent un drapeau LGBT pour montrer leur opposition à cette marche, mais sont rapidement accompagnés en dehors du cortège, vers une rue perpendiculaire au parcours. La jeune femme qui tient le drapeau répond aux questions des journalistes, et selon elle « Il vaut mieux avoir deux mères ou deux pères qui s’aiment, plutôt qu’un père et une mère alcooliques ». Elle ajoute : « l’altérité existe dans le caractère des deux personnes, pas dans le sexe. »
Le cortège avance et non loin du musée d’Orsay, se trouve Eda. Agée de 19 ans, elle lance des insultes aux manifestants. Pour elle, on ne peut pas s’opposer à la science quand celle-ci peut apporter du bonheur à des personnes. Elle est choquée que des jeunes manifestent, elle les interpelle en leur demandant s’ils n’ont pas honte tout en disant « les vieux ils vont mourir on s’en fout de leur avis ». Elle affirme être contre l’eugénisme, qu’il y a évidemment des limites à la science, mais pour elle cette marche est violente, notamment parce qu’elle ne comprend pourquoi les manifestants s’opposent à la PMA pour les femmes seules et pour les couples de femmes, alors que c’est autorisé pour les couples hétérosexuels. Elle y voit une forme d’injustice.
Le cortège arrive au Louvre, accueilli par le discours d’Emmanuel Macron, celui qu’il tenait le soir de son élection : « Chers amis… ».
Les manifestants s’insèrent désormais avenue de l’Opéra pour s’approcher au plus près du podium. Parmi eux, Louis de Bourbon, comte d’Anjou. Monseigneur est présent pour défendre ce qu’il appelle « le vrai mariage, c’est-à-dire entre une femme et un homme, et bien sur la filiation ». Discret mais souriant, le roi légitime semble heureux d’être là, lui qui était le matin même à la Chapelle Expiatoire pour assister à la messe pour la France et la famille royale.
Au pied du podium, alors que l’avenue de l’opéra est pleine de monde, Monseigneur Marc Aillet, évêque de Bayonne est présent, pour accompagner les fidèles de son diocèse qui « prennent à cœur ce combat pour la dignité de la personne humaine, en particulier le droit d’un enfant à avoir un père et une mère. » Il estime que ce projet de loi est destructeur pour notre société, et rappelle que tous les évêques de France s’accordent à ce sujet comme en témoigne un récent communiqué de presse de la Conférence des évêques de France. Pourtant, il souligne que cela va bien au-delà de l’Église, car c’est un sujet qui touche le bon sens, la filiation humaine, mais l’Église est et sera toujours du côté de la conscience. Monseigneur conclut sur ce point : « d’autres religions s’accordent avec nous, dans le même bon sens et il y a donc là l’occasion de manifester aussi une grande unité de toutes les religions sur la terre. »
La manifestation s’est terminée dans le calme, les organisateurs n’ont pas encore donné de chiffre concernant la mobilisation. Toutefois, un nouveau rassemblement est prévu mardi 21 janvier, à 19h devant le Sénat.
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