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La modification du rôle de la médecine

Dans le cadre de notre partenariat avec l’Etudiant Libre, nous publions plusieurs articles qui paraitront dans cette gazette amie, dans le cadre de l’argumentaire que nous consacrons à la loi bioéthique qui fait l’actualité. Ceci est le premier article de nos partenaires, d’autres suivront.

Alors que le débat sur la PMA est loin d’être fini et n’est que le symptôme d’une décadence des mœurs, l’usage futur de cette « avancée » technologique repose sur une idée contre nature de la procréation. Cependant, si de nombreux fondamentaux sont à déplorer dans la conception d’un enfant né sans père, et qu’ils remettent en cause logiquement cette question bioéthique, il est capital de s’intéresser au moyen de cette pratique, la médecine.

L’histoire s’est accordée à dire que celle-ci est destinée à guérir, et soigner des maladies pour conserver ou rétablir un état de santé naturel. La médecine, autrefois outil au service de la nature (la santé) est désormais utilisée contre elle.

La médecine contre une morale

L’homme était auparavant considéré comme une partie de la nature, et acceptait donc de respecter un ordre naturel des choses qu’il n’avait pas choisi. Il utilisait la médecine pour restaurer l’ordre naturel du corps, la santé. Désormais, dans une vision individualiste, chacun doit faire ce qui lui plait. Il est terrible que la médecine soit au service de cette évolution morale. Il semble acquis aujourd’hui pour elle que son rôle soit d’aller toujours plus loin et donc d’encourager les bouleversements et innovations technologiques. Au nom de quoi les médecins devraient-ils défendre à tout prix une vision individualiste et progressiste, au détriment de la société ? Ce détournement vient d’une dérive des mœurs. On croit que le changement est inévitable et que le progrès ne peut être que bénéfique pour la société. Que certains pensent cela est une chose, que la médecine le défende est beaucoup plus grave, surtout lorsqu’on sait que la morale ne doit pas dépendre d’un État ou d’une époque, mais doit se fonder uniquement par rapport au bien commun afin de garantir la prospérité au moins spirituelle d’une société.

La médecine contre la nature

Puisqu’elle s’est placée dans une vision idéologique, la médecine s’oppose à la nature, qu’elle défendait jusqu’alors. Le détournement de la médecine à des fins personnelles remplace et abîme l’intérêt naturel du soin. Par le biais de la science, puisque la médecine se place dans une vision de progrès sans borne, l’homme peut contrer la nature et établir ses propres lois. La médecine devrait être un rempart contre cette évolution et défendre la nature. Il n’en est rien, elle ne fait que la détruire, plaçant ainsi l’homme au sommet de toute hiérarchie. La PMA pour les couples hétérosexuels est déjà un premier pas : il s’agit de faire sans la nature. Aujourd’hui, il s’agit de faire contre elle.

La médecine contre elle même

Finalement, c’est la noblesse de la médecine qui est en jeu : veut-on d’un médecin qui répare un bras lorsqu’il est cassé ou d’un médecin qui greffe deux bras supplémentaires au bébé lors de sa naissance ?

C’est pourquoi l’Académie nationale de médecine s’est-elle divisée sur le sujet de la PMA et a finalement émis un avis défavorable. En effet, celle-ci a insisté sur « le droit de tout enfant à avoir un père et une mère dans la mesure du possible ». Car s’il est vrai que des drames familiaux existent et que des événements tragiques peuvent conduire un enfant à ne pas avoir de père, la PMA sans père créerait de nouveaux orphelins. Là encore, la médecine ne cherche plus à réparer un problème, elle en crée un nouveau.

Soumise à la morale individualiste, voyant dans tout progrès technique une avancée sociétale, la médecine se détourne de son objectif premier : soigner. Cependant, il est extrêmement dangereux de considérer que le changement renvoie forcément à l’idée d’un progrès, car comme disait Huxley, « plus les talents d’un homme sont grands, plus il a le pouvoir de fourvoyer les autres ».

Étienne Ferracci

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