Les Jeunes Filles

Courant dans la cité des songes
les jeunes filles hallucinées
échappent au jour qui les ronge
à l’ombre des estaminets

Dans de festives opérettes
où nul n’oserait être sérieux
Les jeunes filles meurent à tue-tête
levant leur verre à qui mieux mieux

Ces méchants lieux où les jeunes filles
Font rendre gorge aux usuriers
Soutiennent mieux que la Bastille
Paris qui, sans eux, eût brûlé

Qui promit de les faire reines
Sans jamais accorder leur dû
A ces jeunes filles bien en peine
De s’être crues individus.

Suçant le pampre à la bouteille
Les jeunes filles consument là
Leurs lampes usées par la veille
Qui n’ardent plus qu’à demi-voix

Elles exaspèrent leurs papilles
Car il finit toujours trop tôt
Ce répit que les jeunes filles
Quémandent toutes à leur bourreau

Paris donne sans cesse fête
Pour ses industrieux forçats
Que jamais ne vienne aux fillettes
L’idée d’un jour crier « À bas ! ».

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