La Semaine Sainte sur le R&N : Paysan breton : « L’âpre arôme du Golgotha »

Jésus, sur le chemin ultime

Sortit Lazare du caveau.

Professant qu’Il serait victime,

Et victorieux du noir tombeau.

Nul ne vit qu’Il allait mourir

Planté au bois de son supplice :

C’est là le si haut sacrifice

Que le Messie devait subir.

Jésus sur la voie de la Croix

Avant la Pâque, à Béthanie,

Chez Lazare, Marthe et Marie

Fut invité pour le repas.

Marie s’approcha de Jésus,

Portant entre ses mains un vase

Et sans prononcer une phrase

En renversa le contenu :

L’odeur exquise du parfum,

Qui valait une haute somme

Recouvrit de son doux arôme

Le fumet de ces plats si fins.

Alors Marie s’agenouilla,

Et de sa belle chevelure

Elle essuya sans un murmure

Ces pieds que le fer percera.

Judas, soucieux de basses œuvres

Dit que bien mal lui en a pris,

Et que pour ce même prix

L’argent eût pu servir aux pauvres

« Laisse-là ! » répondit Jésus

« Ce nard est pour mes funérailles.

Le dénuement sans fin assaille

Ces hommes que tous croient déchus !

Des indigents vous en aurez

À chaque instant de votre vie.

Le Fils de l’Homme à l’agonie

Quant à lui aura expiré ».

Après Béthanie, Il triompha,

Rayonnant comme ce parfum,

Mais prédisait la dure fin :

L’âpre arôme du Golgotha.

Prolongez la discussion