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Hier, nous célébrions avec austérité la Passion du Seigneur. Qu’au milieu de cette vigile éclate notre joie. En cette nuit très sainte, la lumière l’a emporté définitivement sur les ténèbres et désormais elle ne cessera plus de briller, malgré les ombres qui continuent de couvrir notre monde jusqu’à sa régénération finale. Le Christ a achevé ainsi l’espérance d’Israël, la longue histoire du salut que retrace la succession des lectures de notre vigile.
Cette victoire est cosmique et universelle comme le rappelle la préface de l’Exultet. Le Christ, premier-né d’entre les morts, nous ouvre désormais un passage au travers de la mort. En son corps ressuscité, première étape et germe de la régénération du cosmos, le monde nouveau de la gloire est déjà présent dans le nôtre et cela jusqu’à la fin des temps. Au Samedi Saint, Jésus est descendu aux enfers, comme nous le proclamons dans le Symbole, pour éveiller les morts à la vie qu’il possède en plénitude. Si Jésus, mort, est ressuscité, nous croyons que nous aussi, une fois morts, nous ressusciterons en lui. Nous avons à reproduire ce passage dans notre existence. Cette vie nouvelle, divine, N*** va la recevoir, de manière bien réelle comme pour nous tous, dans le baptême, mais c’est sous la forme d’un signe. C’est pourquoi, écrit S. Paul, notre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Dans cette vie, en effet, nous restons encore confrontés à l’aiguillon de la mort et du péché. Nous en faisons l’expérience de multiples manières. Par les blessures que nous recevons des autres ou de la maladie ; par celles que nous infligeons aussi, parfois même sans nous en rendre compte, par nos propres fautes. Nous avons en nous la vie du Christ ressuscité, mais nous ne sommes pas encore pleinement dépouillés du vieil homme, nous n’avons pas encore fini de revêtir l’homme nouveau, même si nous avons fixé l’homme ancien avec ses convoitises à la croix du Sauveur. Nous n’y parviendrons que lorsque nous aborderons la mort corporelle. Là, le signe sacramentel du baptême s’effacera devant la vérité qu’il représentait. Ex umbris et imaginibus in veritatem : l’épitaphe du bx John Henry Newman est un résumé saisissant de la trajectoire de notre existence. Là, l’ombre le cédera à la lumière et à la gloire. Nous communierons à la mort bien réelle de Jésus pour communier aussi à sa résurrection, comme dit S. Paul dans l’épître de cette vigile. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.
Notre vie, depuis le baptême, est cachée avec le Christ en Dieu. Efforçons-nous d’en vivre, en tendant vers les réalités d’en haut, car c’est là qu’est le Christ. Décentrons-nous de nous-mêmes pour nous centrer sur le Christ. Laissons là nos médiocrités et laissons-nous éblouir par la beauté toujours nouvelle de Dieu qui resplendit sur le visage du Ressuscité. Nous aurons tout le temps pascal pour entrer dans cette contemplation qui s’achève par le renouvellement du don baptismal de l’Esprit à la Pentecôte, don qui sera prolongé à S. Eugène le 25 mai prochain avec la célébration de la confirmation que recevront N*** et nos baptisés de l’an dernier. Cette contemplation du mystère de notre salut c’est l’attitude de la foi. La foi qui dissipe la crainte et qui donne naissance à la joie. Foi de Marie de Magdala et de l’autre Marie qui repartent toutes joyeuses annoncer aux Onze l’incroyable nouvelle du tombeau vide. Foi, au petit matin, du disciple bien-aimé, tellement centré sur le Christ, qu’au moindre indice il interprète les signes et reconnaît sa présence vivante. Pâques est une fête de la joie parce que c’est une fête de la foi. Que cette foi en la résurrection soit notre plus profonde raison de vivre : elle est le signe de l’amour infini dont nous sommes aimés. Ce sont là les racines de notre espérance.
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