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Flodoard, Histoire de l’Eglise de Rheims, L.I, ch. 13 (Xe siècle)
« Après avoir subjugué la province de Thuringe et étendu sa domination, Clovis épousa Clotilde, fille de Chilpéric, frère de Gondebaud, roi des Bourguignons. Cette princesse était chrétienne, et faisait baptiser les enfants qu’elle avait du roi, quoique celui-ci ne le voulût pas, et sans cesse elle s’efforçait de le convertir à la foi de Jésus-Christ ; mais une femme ne pouvait fléchir le cœur altier du barbare. Cependant une guerre survient aux Francs contre les Allemands, et ceux-ci en font un épouvantable massacre. Alors Aurélien, conseiller de Clovis, l’exhorte à croire en Jésus-Christ, à le confesser roi des rois, Dieu du ciel et de la terre, qui peut, quand il veut, donner ou retirer la victoire. Clovis suit son conseil, implore avec dévotion l’assistance de Jésus-Christ, et fait vœu de se faire chrétien, s’il éprouve sa puissance en remportant la victoire. A peine le vœu est-il prononcé, que les Allemands prennent la fuite, et, voyant leur roi tué, se soumettent à Clovis. Celui-ci leur impose un tribut et rentre vainqueur dans son royaume, comblant de joie sa femme de ce qu’il avait mérité de remporter la victoire en invoquant le nom de Jésus-Christ. La reine alors fait venir saint Rémi, et le supplie d’enseigner au roi la route du salut. Le saint prélat l’instruit dans la doctrine de vie, et lui ordonne de venir recevoir le sacrement du baptême. Le roi répond qu’il veut aussi exhorter son peuple, et en effet il engage son armée à abandonner des dieux qui ne peuvent les secourir, et à embrasser le culte de celui qui leur a donné une si éclatante victoire. Prévenue par la grâce de Dieu, l’armée confesse avec acclamation qu’elle renonce à ses dieux mortels, et croit au Christ qui l’a sauvée. On annonce ces nouvelles à saint Rémi ; transporté de joie, il se livre avec ardeur à l’instruction du peuple et du roi ; il leur enseigne comment, en renonçant à Satan à ses œuvres et à ses pompes, ils doivent croire au vrai Dieu et comme la solennité de Pâques approchait, il leur ordonne le jeu ne selon la coutume des fidèles.
Le jour de la passion de notre Seigneur, c’est-à-dire la veille du jour où ils devaient être baptisés, après avoir chanté nocturnes, l’évêque alla trouver le roi dès le matin dans sa chambre à coucher, afin que, le prenant dégagé de tous les soins du siècle, il pût lui communiquer plus librement les mystères de la parole sainte. Les gens de la chambre du roi le reçoivent avec grand respect et le roi lui-même accourt et vient au-devant de lui. Ensuite ils passent ensemble dans un oratoire consacré au bienheureux saint Pierre, prince des apôtres, et attenant à l’appartement du roi. Quand l’évêque, le roi et la reine eurent pris place sur les sièges qu’on leur avait préparés, et qu’on eut admis quelques clercs, et aussi quelques amis et domestiques du roi, le vénérable évêque commença ses salutaires instructions. Pendant qu’il prêchait la parole de vie, le Seigneur, pour fortifier et confirmer les saints enseignements de son fidèle serviteur, daigna manifester d’une manière visible que, selon sa promesse, quand ses fidèles sont rassemblés en son nom, il est toujours avec eux ; la chapelle fut tout-à-coup remplie d’une lumière si brillante qu’elle effaçait l’éclat du soleil, et du milieu de cette lumière sortit une voix qui disait : La paix soit avec vous c’est moi ne craignez point, et demeurez en mon amour. Après ces paroles la lumière disparut, mais il resta dans la chapelle une odeur d’une suavité ineffable ; afin qu’il pût être évident à tous que l’auteur de toute lumière, de toute paix et de toute piété, était descendu en ce lieu, le visage du saint prélat avait aussi été illuminé de cette merveilleuse lumière. Prosternés à ses pieds, le roi et la reine demandaient avec grande crainte d’entendre de lui des paroles de consolation, prêts à accomplir tout ce que leur saint protecteur leur commanderait, et en même temps ils étaient charmés de ce qu’ils avaient entendu, et éclairés à l’intérieur, quoique effrayés de l’éclat extérieur de la lumière qui leur était apparue. Le saint évêque inspiré de la sagesse divine, les instruisit des ordinaires effets des visions célestes ; comment à leur apparition elles effraient le cœur des mortels mais bientôt le remplissent d’une douce consolation comment aussi les pères qui en avaient été visités avaient toujours à l’abord été frappés de terreur, mais ensuite pénétrés des douceurs d’une sainte joie par les merveilles de la grâce. Resplendissant à l’extérieur, comme l’ancien législateur Moïse, par l’éclat de son visage, mais plus encore à l’intérieur, par l’éclat de la lumière divine, le bienheureux prélat, transporté d’un esprit prophétique, leur prédit ce qui devait arriver à eux et à leur postérité il annonce que leurs descendants reculeront les limites du royaume, élèveront l’Église de Jésus-Christ, succéderont à l’empire romain et à sa domination et triompheront des nations étrangères, pourvu que, ne dégénérant pas de la vertu, ils ne s’écartent jamais des voies de salut ne s’engagent pas dans la route du péché et ne se laissent pas tomber dans les pièges de ces vices mortels qui renversent les empires et transportent la domination d’une nation à l’autre.
Cependant on prépare le chemin depuis le palais du roi jusqu’au baptistère ; on suspend des voiles, des tapis précieux ; on tend les maisons de chaque côté des rues on pare l’Église on couvre le baptistère de baume et de toutes sortes de parfums. Comblé des grâces du Seigneur, le peuple croit déjà respirer les délices du paradis. Le cortège part du palais le clergé ouvre la marche avec les saints Évangiles, les croix et les bannières, chantant des hymnes et des cantiques spirituels ; vient ensuite l’évêque, conduisant le roi par la main, enfin la reine suit avec le peuple. Chemin faisant, on dit que le roi demanda à l’évêque si c’était là le royaume de Dieu qu’il lui avait promis Non, répondit le prélat, mais c’est l’entrée de la route qui y conduit. Quand ils furent parvenus au baptistère, le prêtre qui portait le saint chrême arrêté par la foule, ne put arriver jusqu’aux saints fonts ; en sorte qu’à la bénédiction des fonts, le chrême manqua par un exprès dessein du Seigneur. Alors le saint pontife lève les yeux vers le ciel et prie en silence et avec larmes. Aussitôt une colombe, blanche comme la neige, descend, portant dans son bec une ampoule pleine de chrême envoyé du ciel. Une odeur délicieuse s’en exhale, qui enivre les assistants d’un plaisir bien au-dessus de tout ce qu’ils avaient senti jusque là. Le saint évêque prend l’ampoule, asperge de chrême l’eau baptismale, et incontinent la colombe disparaît. Transporte de joie à la vue d’un si grand miracle de la grâce le roi renonce à Satan à ses pompes et à ses œuvres et demande avec instance le baptême. Au moment où il s’incline sur la fontaine de vie : Baisse la tête avec humilité,Sicambre, s’écrie l’éloquent pontife, adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré. Après avoir confessé le symbole de la foi orthodoxe, le roi est plongé trois fois dans les eaux du baptême, et ensuite, au nom de la sainte et indivisible Trinité, le Père, le Fils, et le Saint-Esprit, le bienheureux prélat le reçoit, et le consacre par l’onction divine. Alboflède aussi et Lantéchilde sœurs du roi, reçoivent le baptême et en même temps trois mille hommes de l’armée des Francs, outre grand nombre de femmes et d’enfants. Aussi pouvons-nous croire que cette journée fut un jour de réjouissance dans les cieux pour les saints anges, comme les hommes dévots et fidèles en reçurent une grande joie sur la terre. »
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