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[NEUVAINE POUR LA FRANCE] Quel est le sens du repos dominical ?

Du 15 novembre 2014 au 15 août 2015, une grande Neuvaine pour la France est proposée aux catholiques français. Le Rouge & le Noir se joint pleinement à cette initiative.
Chaque jour, le site de la Neuvaine pour la France met en ligne des ressources spirituelles. Nous les relayons régulièrement dans nos colonnes, vous invitant à les méditer et à vous unir à nous dans la prière.

Quel est le sens du repos dominical ?

Saint Jean-Paul II, Dies domini, sur la sanctification du dimanche, 1998, §65-68

« D’autre part, dans la société civile, le lien entre jour du Seigneur et jour de repos a une importance et une signification qui vont au-delà d’une perspective proprement chrétienne. En effet, l’alternance du travail et du repos, inscrite dans la nature humaine, est voulue par Dieu lui-même, comme le montre le récit de la création dans le livre de la Genèse (cf. 2,2-3 ; Ex20,8-11) : le repos est chose « sacrée », puisqu’il permet à l’homme de se soustraire au cycle des tâches terrestres, qui est parfois bien trop absorbant, et de reprendre conscience du fait que tout est l’œuvre de Dieu. Le pouvoir prodigieux que Dieu donne à l’homme sur la création risquerait de faire oublier à ce dernier que Dieu est le Créateur de qui tout dépend. La reconnaissance de ce point est particulièrement nécessaire à notre époque où la science et la technique ont accru de manière inouïe le pouvoir que l’homme exerce par son travail.
Enfin, il ne faut pas perdre de vue le fait que, même de nos jours, le travail est pour beaucoup une pesante servitude, soit en raison des conditions déplorables dans lequel il s’effectue et des horaires qu’il impose, surtout dans les régions les plus pauvres du monde, soit parce qu’il subsiste, même dans les sociétés dont l’économie est la plus évoluée, trop de cas d’injustice et d’exploitation de l’homme par l’homme. (…) Dans cet esprit, mon prédécesseur Léon XIII montrait dans l’encyclique Rerum novarum que le repos dominical est un droit du travailleur à faire garantir par l’État.
A notre époque, il reste nécessaire de faire effort pour que tous puissent connaître la liberté, le repos et la détente nécessaires à leur dignité d’hommes, avec les exigences religieuses, familiales, culturelles, interpersonnelles qui s’y rattachent et qui peuvent difficilement être satisfaites, si l’on ne réserve pas au moins un jour par semaine où il sera possible de jouir ensemble de la faculté de se reposer dans une atmosphère de fête. Ce droit du travailleur au repos suppose évidemment son droit au travail et, tout en réfléchissant à cette problématique liée à la conception chrétienne du dimanche, nous ne pouvons pas nous dispenser d’évoquer avec une profonde solidarité la situation difficile d’hommes et de femmes nombreux qui, faute d’avoir un emploi, sont contraints à l’inaction, même pendant les jours ouvrables.
Avec le repos dominical, les préoccupations et les tâches quotidiennes peuvent retrouver leur juste dimension : les choses matérielles pour lesquelles nous nous agitons laissent place aux valeurs de l’esprit ; les personnes avec lesquelles nous vivons reprennent leur vrai visage, dans des rencontres et des dialogues plus paisibles. Les beautés mêmes de la nature — trop souvent dégradées par une logique de domination qui se retourne contre l’homme — peuvent être redécouvertes et profondément appréciées. Jour de paix pour l’homme avec Dieu, avec lui-même et avec ses semblables, le dimanche devient ainsi un moment où l’homme est invité à porter un regard renouvelé sur les merveilles de la nature, en se laissant saisir par l’harmonie admirable et mystérieuse qui, comme le dit saint Ambroise, selon « une loi inviolable de concorde et d’amour », unit les éléments de nature distincte du cosmos par « un lien d’unité et de paix ». L’homme devient alors plus conscient, selon les paroles de l’Apôtre, de ce que « tout ce que Dieu a créé est bon et aucun aliment n’est à proscrire, si on le prend avec action de grâces la parole de Dieu et la prière le sanctifient » (1 Tm 4,4-5). Si donc, après six jours de travail — déjà réduits en réalité à cinq pour beaucoup —, l’homme cherche un temps pour se détendre et pour mieux s’occuper des autres aspects de sa vie, cela répond à un besoin authentique, en harmonie avec la perspective du message évangélique. Toutefois, le croyant doit satisfaire à cette exigence sans porter préjudice aux expressions importantes de sa foi personnelle et communautaire, manifestée dans la célébration et la sanctification du jour du Seigneur.
C’est pourquoi il est naturel que les chrétiens veillent à ce que la législation civile tienne compte de leur devoir de sanctifier le dimanche, même dans les conditions particulières de notre époque. Il y a en tout cas pour eux un devoir de conscience d’organiser le repos dominical de manière telle qu’il leur soit possible de participer à l’Eucharistie, en s’abstenant des travaux et des affaires incompatibles avec la sanctification du jour du Seigneur, avec la joie qui lui est propre et avec le repos du corps et de l’esprit qui est nécessaire.
Étant donné que, pour ne pas se perdre dans le vide ou devenir une source d’ennui, le repos doit apporter lui-même un enrichissement spirituel, une plus grande liberté, la possibilité d’une contemplation et d’une communion fraternelle, les fidèles choisiront, parmi les moyens de se cultiver et les divertissements offerts par la société, ceux qui s’accordent le mieux avec une vie conforme aux préceptes de l’Évangile. Dans cette perspective, le repos des dimanches et des jours de fête revêt une dimension « prophétique », puisqu’il affirme non seulement le primat absolu de Dieu, mais aussi le primat et la dignité de la personne qui l’emporte sur les exigences de la vie sociale et économique, en quelque sorte par anticipation des « cieux nouveaux » et de la « terre nouvelle », où la libération de l’esclavage des besoins sera définitive et totale. Bref, le jour du Seigneur devient aussi, de la manière la plus authentique, le jour de l’homme. »

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