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François-René de Chateaubriand, Génie du christianisme, 1802, Partie IV, L.VI, ch. XIII
« De même que le christianisme a sauvé la société d’une destruction totale, en convertissant les barbares et en recueillant les débris de la civilisation et des arts, de même il eût sauvé le monde romain de sa propre corruption, si ce monde n’eût point succombé sous des armes étrangères : une religion seule peut renouveler un peuple dans ses sources. Déjà celle du Christ rétablissait toutes les bases morales.
Les anciens admettaient l’infanticide et la dissolution du lien du mariage, qui n’est en effet que le premier lien social ; leur probité et leur justice étaient relatives à la patrie : elles ne passaient pas les limites de leurs pays. Les peuples en corps avaient d’autres principes que le citoyen en particulier. La pudeur et l’humanité n’étaient pas mises au rang des vertus. La classe la plus nombreuse était esclave ; les sociétés flottaient éternellement entre l’anarchie populaire et le despotisme : voilà les maux auxquels le christianisme apportait un remède certain, comme il l’a prouvé en délivrant de ces maux les sociétés modernes. L’excès même des premières austérités des chrétiens était nécessaire ; il fallait qu’il y eut des martyrs de la chasteté, quand il y avait des prostitutions publiques ; des pénitents couverts de cendre et de cilice, quand la loi autorisait les plus grands crimes contre les mœurs ; des héros de la charité, quand il y avait des monstres de barbarie ; enfin, pour arracher tout un peuple corrompu aux vils combats du cirque et de l’arène, il fallait que la religion eût, pour ainsi dire, ses athlètes et ses spectacles dans les déserts de la Thébaïde.
Jésus-Christ peut donc en toute vérité être appelé, dans le sens matériel, le Sauveur du monde, comme il l’est dans le sens spirituel. Son passage sur la terre est, humainement parlant, le plus grand événement qui soit jamais arrivé chez les hommes, puisque c’est à partir de la prédication de l’Evangile que la face du monde a été renouvelée. Le moment de la venue du Fils de l’Homme est bien remarquable : un peu plus tôt, sa morale n’était pas absolument nécessaire ; les peuples se soutenaient encore par leurs anciennes lois ; un peu plus tard, ce divin Messie n’eût paru qu’après le naufrage de la société.
Nous nous piquons de philosophie dans ce siècle, mais certes la légèreté avec laquelle nous traitons les institutions chrétiennes n’est rien moins que philosophique. L’Evangile, sous tous les rapports, a changé les hommes ; il leur a fait faire un pas immense vers la perfection. Considérez-le comme une grande institution religieuse en qui la race humaine a été régénérée, alors toutes les petites objections, toutes les chicanes de l’impiété disparaissent. Il est certain que les nations païennes étaient dans une espèce d’enfance morale par rapport à ce que nous sommes aujourd’hui : de beaux traits de justice échappés à quelques peuples anciens ne détruisent pas cette vérité et n’altèrent pas le fond des choses. Le christianisme nous a indubitablement apporté de nouvelles lumières, c’est le culte qui convient à un peuple mûri par le temps ; c’est, si nous osons parler ainsi, la religion naturelle à l’âge présent du monde, comme le règne des figures convenait au berceau d’Israël. Au ciel elle n’a placé qu’un Dieu ; sur la terre elle a aboli l’esclavage. D’une autre part, si vous regardez ses mystères, ainsi que nous l’avons fait, comme l’archétype des lois de la nature, il n’y aura en cela rien d’affligeant pour un grand esprit : les vérités du christianisme, loin de demander la soumission de la raison, en réclament au contraire l’exercice le plus sublime. »
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